mardi 26 février 2013

CHAPITRE 3

   Coucou, tout le monde !
   Désolée pour cette longue absence, j'en suis désolée, mais, en ce moment, je suis à fond sur l'écriture d'un bouquin, je n'ai pas du tout pensé à entretenir le blog… Honte à moi !
   Pour compenser, je vous mets ici le chapitre 3 de la fiction. En espérant que cela vous plaise toujours, évidemment !
   Ah, oui, je voulais vous dire : n'hésitez pas à laisser des commentaires sur le blog pour me donner votre avis, faire des remarques ou poser des questions. Je serai ravie de vous répondre (enfin, dans la mesure du possible, tout de même !). Le blog est un lieu d'échange et de partage, alors n'hésitez pas !




-       T’as encore pété un câble ou quoi ?
Wait jeta un regard assassin à son serviteur tandis que celui-ci se penchait pour ramasser des éclats de verre, souvenir d’un vase.
-       Tu ne m’avais pas parlé de Lizzie, cracha le Comte. C’est qui, cette pouffe ?
-       Surveille ton langage en sa présence, conseilla Gilles d’un ton sec. La duchesse de Nemurine est une personne à qui tu dois le respect, Wait.
-       Rien à faire, marmonna celui-ci.
-       C’est toi qui a tenu à ce qu’on soit dans cette situation. À toi d’en assumer les conséquences.
-       La ferme, sale clébard, ou je te fais arracher l’autre œil.
-       Comme ça je ne verrai plus ta sale tête, répliqua le domestique du tac ou tac.
Un violent coup de pied dans les côtes l’envoya valdinguer contre un mur. Les morceaux de verre lui échappèrent et se fichèrent dans le parquet ciré. Le Comte en ramassa un et le brandit sous l’œil valide de son domestique.
-       On peut arranger ça maintenant, cracha-t-il.
-       Tu as besoin de moi. Tu ne le feras pas.
-       Je peux toujours m’en prendre à ta chère famille.
-       Tu m’avais promis que tu ne leur ferais pas de mal !
-       J’ai dit ça, moi ? Ah bon ?
-       Oui, répondit Gilles dans un souffle, ne quittant pas du regard l’éclat de verre à un centimètre à peine de son œil.
-       Tu peux rêver, mon cher Gilles. Tant que tu ne seras pas complètement soumis, je m’en prendrai à tout ce que tu tiens !
-       Tu m’as déjà tout pris !
-       Comme ceci ? ironisa le Comte. 
Il sortit de sous sa chemise un médaillon relié à une longue chaîne. C’était un pendentif en forme d’étoile à huit branches. Chacune des branches était frappée par une lettre minuscule de l’alphabet grec ancien : deux alpha, un kappa, un mu, un nu, un lambda, un rho et un sigma. Le centre était composé de plusieurs cercles concentriques, disposés les uns sur les autres. Eux-mêmes étaient découpés en plusieurs arc de cercles, comme les pétales d’une rose en plein épanouissement.
-       Le plus précieux des trésors de ta famille, non ? sourit Wait en voyant la flamme de colère s’allumer dans l’œil de son domestique. Hein, le roturier ?
-       … 
-       J’adore ce médaillon, avoua Wait. Il faisait parti d’un trésor pirate, non ?
-       … 
-       Et si je te crevai l’œil avec ? Ce serait une sacrée ironie, non ?
-       Wait ! appela une voix. Le déjeuner est servi. Ta fiancée t’attend.
Dans l’encadrement de la porte se tenait la jeune femme aux cheveux coupés en carré court. Le Comte se releva en bâillant :
-       Pas trop tôt, grogna-t-il. J’avais faim, moi. Gilles, qu’est-ce que tu attends ? Va chercher la fiancée et amène-la à la salle à manger ! Tu t’attends à ce que ce soit moi qui le fasse ou quoi ?
-       Vous devriez, répliqua Gilles d’une voix tremblante. Vous êtes son fiancé : à vous de vous occuper d’elle.
-       Pff… Bon je vais envoyer Toboré la chercher. Charge t’en, Gilles.
-       Je t’ai déjà dit que je ne m’approcherai jamais d’un de tes chiens de garde, cracha le jeune garçon en guise de réponse.
-       Fais ce que je te dis ou je rend une petite visite surprise aux jumeaux.
Gilles se raidit. Il jeta un regard assassin à son Maître puis sortit du bureau en trombe.
Dans l’ombre, Sanal s’empressa de retourner aux cuisines.

Un jeune homme pénétra dans sa suite sans même frapper à la porte. Lizzie, qui s’était assise dans un canapé, se releva en hâte. Elle ne l’avait pas encore vu… Ah si ! Ce matin, dans la chambre de son fiancé. C’était un individu sec aux cheveux longs jusqu’aux épaules. Il lui servit le même sourire éméché que celui plus tôt dans la matinée.  
-       Wait t'attend, indiqua-t-il avec une voix mielleuse. 
Lizzie ne prit même pas la peine de répondre. Elle releva le menton, l’air hautaine. On l’avait laissée seule dans cette pièce pendant près d’une heure. Pendant près d’une heure, elle avait cru entendre des cris de détresse et de rage. Elle avait cru sentir la chaleur des flammes sur son visage, cru voir des visages en pleurs, cru percevoir des coups de feu se perdre au loin. Les émotions semblaient avoir été jetées en vrac sur le sol et elle avait mis les pieds en plein dedans. Il lui semblait qu’elles s’accrochaient à elle pour pénétrer sa peau, déverser leur essence à même son organisme. Tout était si violent qu’elle aurait aimé s’enfuir en courant.
Pourtant, c’est d’un pas tranquille qu’elle emboîta le pas de son guide. Elle cacha sa peur sous un masque marmoréen et battit plusieurs fois des cils pour disperser les dernières traces de larmes dans ses yeux.
Ils allaient vers l’aile Est du manoir qui, elle, avait été récemment reconstruite, en déduisit Lizzie en arrivant dans la salle à manger. Elle en eut le souffle coupé. Même dans le manoir Nemurine, il n’existait pas de pièce égale à celle-ci ! Le plafond était orné de peintures et de lustres en cristal : le moindre rayon de soleil s’y accrochait pour ricocher dans toute la salle. Les fenêtres étaient composées de vitraux dont les couleurs miroitantes éclaboussaient le sol. 
-       C’est magnifique, murmura la jeune fille.
Un toussotement la fit sursauter. Wait, debout près de la table, l’attendait avec une impatience non dissimulée. Gilles, posté près de lui, lui glissa quelques mots à l’oreille, mais son maître le repoussa d’un geste de mauvaise humeur. Lizzie se tira un siège et s’assit. Wait se mit à table à son tour, suivi de Lena, Rima et son guide. Gilles disparut un cours instant pour revenir en poussant devant lui un chariot à roulettes. Ce dernier croulaient sous les plats au fumet appétissant. Holly, au seuil de la salle à manger, suivait l’évolution de son frère du coin de l’œil.
-       Civet de lapin, accompagné de riz cuit dans du thé noir et carotte vapeur à la crème, énonça Gilles en déposant une assiette fumante devant Lizzie.
Elle le remercia d’un sourire puis attendit que les autres soient servis. Sanal vint servir le vin et Wait leva son verre.
-       À nos fiançailles, ma chère Elizabeth.
Lizzie leva sa coupe par pure politesse. Elle n’avait aucune envie de se fiancer à cet homme qu’elle trouvait sincèrement méprisable. Mais la curiosité finit par prendre le dessus sur son dégoût.
-       Dîtes-moi, Wait, minauda-t-elle. Je voudrai savoir… Qui sont ces personnes qui partagent notre repas ? Vous ne me les avez pas présentés en bonne et du forme.
-       Ouais, ouais… Elle, c’est Léna, tout d’abord.
Il désigna la jeune femme aux cheveux courts qui ne daigna même pas lever les yeux sur Lizzie.
-     C’est mon bras droit, expliqua Wait. Ensuite, Rima que tu connais. Une femme qui lit à merveille, n’est-ce pas, Gilles ?
Le domestique lui jeta un regard noir.
-     Et enfin, reprit le Comte, Toboré. Un bon élément, mais un peu idiot sur les bords.
-     Pas que sur les bords, ricana Léna.
L’intéressé voulut répliquer, mais une œillade incendiaire de son chef l’en dissuada. Lizzie haussa un sourcil, mais ne pipa mot. Un bruit de casse attira Gilles en cuisine, laissant derrière lui un lourd silence médisant. Lizzie s’attaqua à son assiette qu’elle trouva délicieuse. Laissant de côté toutes les questions qui la taraudaient, elle dévora avec enthousiasme. Rima esquissa un sourire mais ne toucha à rien, même pas à son verre de vin. Aucun ne parla durant le repas.
Gilles apporta le dessert, composé de tartelettes à la framboise et d’un thé ambré. Lizzie grimaça : encore cette boisson de vieux… Pourquoi est-ce qu’elle devait toujours en boire ! Elle en prit une gorgée par politesse puis reposa la tasse. Elle préférait nettement les chocolats chauds ! Par contre, en grande gourmande qu’elle était, elle ne laissa pas une miette de sa tartelette.
-       Mr le Comte, pourquoi ne pas emmener votre fiancée près du lac cet après-midi ? suggéra Gilles. Je me chargerai d’annuler vos rendez-vous.
-       J’avais des rendez-vous ? s’étonna Wait.
Gilles ne préféra rien répondre et commença à débarrasser la table. Wait faillit le rappeler à l’ordre, mais se ravisa en croisant le regard de Lizzie. Cette dernière lui offrit un délicieux sourire. C’était le moment de lui soutirer les informations qu’elle n’avait pu obtenir de Gilles.
-       Cela me ferait très plaisir, assura-t-elle. Et si nous y allions maintenant ?
-       Bien… Rima, Toboré, vous restez au manoir. Lena, tu viens avec nous.
-       Sanal, tu restes ici.
-       Bien, M’amzelle.
-       Miladie, reprit Wait en tendant la main vers Lizzie.
Avant de sortir, le Comte jeta un regard noir à son domestique qui, pour toute réponse, lui fit un petit signe de main en guise d’au revoir. Une fois les trois promeneurs sortis de son champ de vision, un air las s’inscrivit sur son visage.
-       Quelle plaie, grommela-t-il. Il me reste encore beaucoup de boulot.
-       Laisse-moi t’assister ! proposa Rima.
-       Je dois avouer que ton aide serait la bienvenue.
Rima se figea. Elle avait du mal que Gilles ait cédé aussi facilement. Lui qui d’habitude lui refusait tout systématiquement… 
-       J’espérai que les parents de Lizzie m’auraient accordé plus de temps… A croire qu’ils ont hâte de se débarrasser de leur fille. Quoiqu’il en soit, nous n’avons plus qu’un moi pour retaper entièrement le manoir. La moitié de l’aile Ouest tombe en ruines, le hall, la façade et le jardin ont besoin qu’on s’occupe d’eux en urgence. Si ont veut que le mariage ait lieu comme prévu, tout doit être dans un état irréprochable.
-       Gilles… Tu as conscience que Wait ne voudra jamais épouser cette Elizabeth ?
-       Il le faudra bien s’il veut que son plan fonctionne.
Il déroula un plan du manoir pour s’y pencher. Appuyée sur la chambranle de la porte, Rima le détaillait. Comment un enfant de son âgé pouvait être aussi sérieux ? S’en était presque fou !
-       Gilles… commença-t-elle.
-       Quoi ?
-       Tu sais… On… Je m’en veux et je… 
-       … 
-       J’ai toujours été sincère avec toi.
-       Bien sûr, ricana-t-il, amer. Tu t’es joué de moi, tu m’as dupé, tu as tué des personnes qui comptait à mes yeux, détruit la vie de ma famille… A part ça, tout va bien !… Ça m’apprendra à être aussi naïf !
-       Gilles… 
-       Bon, voyons ce qu’on a aujourd’hui ! Il faudrait nettoyer la façade !
-       ‘Peux aider ! proposa Sanal en montrant ses biceps. Chez Numerine, nous twès forts !
-       Merci Sanal… Rima, va chercher Toboré et trouve un moyen de le dégriser parce qu’il doit déjà être pompette là.
-       J’y vais.
-       Bien… Au travail.

Wait, Léna et Lizzie marchaient le long d’un petit sentier. Cette dernière se demandait de quelle manière elle pourrit tirer les vers du nez du Comte.
-       C’est vraiment dommage que le manoir soit dans cet état, soupira-t-elle d’un ton faussement désolé. On me l’avait dit si magnifique !
-       Si tu l’dis.
-       Comment ça ?
-       Je ne l’ai jamais vu, répliqua Wait en haussant les épaules.
“Trop facile !” jubila Lizzie.
C’est alors qu’intervint Léna :
-       Bien sûr que si, Wait. Tes troubles de mémoire sont de plus en plus fréquents, décidément.
-       Troubles de mémoire ? répéta Lizzie, incrédule.
-       Wait a vite été éloigné de sa famille à cause de tentatives d’assassinats répétées. Il ne garde que peu de souvenirs du manoir, souvenirs brouillés par des pertes de mémoire. Quand Wait a réintégré le manoir, ce dernier avait déjà été sujet aux flammes.
“Sa version correspond à celle de Gilles, pesta Lizzie. Mais je suis sûre qu’ils me mentent !”
-       Et vos parents, les Seigneurs Phamvarna ? demanda-t-elle poliment.
Un mauvais rictus contracta le visage de Wait alors qu’un sourire carnassier étirait ses lèvres.
-       Eux, ils ne sont pas près de me déranger de sitôt !
-       Que voulez-vous dire ?
Ils étaient arrivés près d’un lac ceinturé de roseaux. Léna étendit une nappe et les fiancés s’y installèrent. Wait défit le ruban noué autour du col de sa chemise et détacha ses cheveux flamboyants. Il sortit de son col un médaillon en forme d’étoile et sourit.
-       On dit qu’un jour, suite à une guerre sans merci, un homme est resté aux portes de la mort pendant près de trois mois. S’il est revenu à la vie, c’est grâce à ce médaillon, parce que ce bijou à repousser le Dieu de la Mort… Fascinant, non ?
-       Et assurément faux, renifla Lizzie, très terre à terre.
-       Vous croyez ?
-       Vous n’avez pas répondu à ma question. 
-       Les Phamvarna ? Ah… Disparus.
-       Disparus ?
-       Oui, mais ils seront là à temps.
-       À temps pour quoi ?
Il lui offrit un sourire de loup (décidément, c’était sa spécialité !)
-    À temps pour le spectacle, ma chère 





Marine Lafontaine

dimanche 17 février 2013

HETALIA : AXIS POWER

    Bien le bonjour, aujourd'hui, j'ai choisi de vous parler d'un manga quelque peu particulier. Outre le fait que les épisodes ne durent que cinq minutes chacun, les personnages de l'histoire se font appeler Italie, Allemagne ou encore France !
     Bienvenue dans Hetalia : axis power.




   L'histoire est surtout centrée sur le personnage d'Italie qui nous raconte sa création ainsi que sa rencontre avec Allemagne. Comme vous l'avez sûrement compris, chaque pays est représenté par un personnage qui porte son nom. Ainsi, nous, pauvres français, sommes représentés par un coureur de jupons qui a toujours un verre de vin à la main. Les japonais ont une sacré image de nous, dis donc…
   A travers ces quelques épisodes assez décousus, l'Histoire de la guerre est retracée avec humour, mais il y a aussi, par exemple, la découverte de l'Amérique ou du Japon. Il existe d'autres versions de cet animé comme Hetalia World series (que je n'ai pas vu). Le premier épisode porte sur une réunion de tous les pays du monde autour d'une table, réunion menée par Amérique et commentée par le célèbre “Pasta” d'Italie. Bref, je vous laisse découvrir ce drôle de manga qui ne manquera pas de vous séduire.


Marine Lafontaine

CHAPITRE 2

Voici le deuxième chapitre de la fiction sur Lizzie et Gilles ! En espérant que cela vous plaise !




Rima trouva Gilles à l’infirmerie en train de s’occuper des blessures de Holly.
-      Gilles ! l’appela-t-elle.
Il ne réagit même pas. Elle s’avança pour poser sa main sur son épaule, mais, avant qu’elle ne puisse y parvenir, il l’avait repoussé d’un revers de main.
-       Ne me touche pas !
Sa voix avait claqué comme un fouet. Blessée, Rima laissa son bras retomber le long de son corps et baissa la tête. Elle sembla hésiter puis se reprit.
-     Laisse-moi m’occuper d’Holly, lança-t-elle.
-     Je ne veux pas que tu l’approches tout autant que tu m’approches, répliqua Gilles.
-     Tu m’en veux toujours… 
-     Et comment je pourrai passer l’éponge ! A moins que tu me donnes les clés, évidemment.
-     Je ne sais pas où elles sont, Gilles, je te l’ai déjà dit !
-     … C’est dommage.
-     Le chef veut que tu t’occupes du déjeuner puis que tu le rejoignes dans son bureau. Ne le fait pas trop attendre, tu le connais… Je vais soigner Holly.
-    
Le jeune homme finit par se décider et allait quitter la pièce quand une main se referma sur son poignet.
-      Holly ! s’alarma le domestique.
La jeune femme, de quelques années son aînée, avait une respiration laborieuse. Elle se redressa sur un coude.
-     A… Arrête, supplia-t-elle, les larmes au bord des yeux. Arrê… Arrête-toi…
Gilles se libéra de son emprise d’un mouvement de poignet brusque. Holly retomba sur les draps, une expression douloureuse sur le visage. Rima observa le jeune garçon qui quittait l’infirmerie d’un pas vif. Elle se mordit la lèvre inférieure.
Et dire qu'elle était la cause de tout… 

 Gilles parvint près des cuisines. Il se laissa aller un moment contre le mur, la tête entre les mains, un sanglot coincé en travers de la gorge. Il resta un moment sans bouger, le temps de retrouver son calme. Il finit par se redresser et repoussa la porte de la cuisine où il trouva Wait, assis sur la table, pomme à la main. Le domestique ne fit pas attention à lui et se dirigea vers l’évier pour se laver les mains. Ensuite, il s’empara du panier où s’entassaient les légumes achetés la veille. Le comte mordit dans son fruit puis balança le reste dans la tête de Gilles. Ce dernier demeura impassible, mais ses doigts se resserrèrent sur le couteau et la carotte qu’il avait en mains.
-     Une fiancée ? cracha son Maître. Tu ne m’avais pas parlé de ça, Gilles. Qu’est-ce qu’elle fiche là ?
-     Je vous avais déjà parlé de sa présence auparavant, Wait. Ladie Elizabeth devait nous rejoindre le mois prochain pour les fiançailles.
-     Pourquoi je dois me marier avec elle ? J’en ai pas la moindre envie !
-     En même temps, vous n’avez pas trop le choix. Vous êtes l’héritier de la famille Phamvarna. Vous devez agrandir votre domaine et votre fortune pour la génération future.
-     Retire cette note sarcastique de ta voix immédiatement, Gilles, gronda Wait. A moins que tu ne veux que je batte Holly devant toi cette fois-ci.
Le domestique pâlit. Il dut s’appuyer sur l’évier pour ne pas tomber. Il avait du mal à respirer.  
-     Si tu savais comme je te hais, articula-t-il péniblement en direction de Wait.
-     Tu es mon domestique, grinça celui-ci. Tu n’as rien à dire. J’ai le droit de vie et de mort sur toi. Je peux te faire tout ce que je veux sans que tu n’aies ton mot à dire. 
Gilles se raidit en sentant une main se poser sur sa hanche. L’haleine du comte chatouillait sa nuque. Elle était chargée d’alcool. Wait finit par se reculer d’un pas en souriant.
-     Ne parle plus à Rima sur ce ton. Tu lui dois le respect, surtout après tout ce qu’elle a fait pour toi.
Gilles lui jeta un regard noir puis se détourna pour couper sa carotte. Quand Wait quitta enfin la pièce, il se mit à respirer plus librement et s’acharna sur le malheureux légume. Il le réduisit en purée et entama profondément la planche à découper. Il bouillait intérieurement. Cette ordure de Wait… 
La porte s’ouvrit de nouveau. Le domestique sentit son sang froid le quitter.
-     Quitte cette cuisine, Wait ! cracha-t-il sans se retourner. Va donc te bourrer et fiche-moi la paix !
-     Hé bien, vous semblez vraiment en mauvais termes avec votre Maître, s’amusa une voix.
Gilles fit volte face. Lizzie lui adressa un petit sourire, ce qui n’était pas le cas de Sanal, outré qu’on ose parler à sa maîtresse sur ce ton.
-     Mi… Miladie ! bafouilla le domestique, dont le visage avait pris une pâleur subite. Vou… Vous ne devriez pas vous trouver là !
-     Pourquoi donc ?
-     C’est… C’est la cuisine ! Un endroit pour les domestiques et… 
Lizzie éclata de rire. Elle prit appuis sur le plan de travail et s’y hissa avec facilité. Les pans de sa robe traînaient dans l’évier.
-     M’amzelle Elizbeth ! s’alarma Sanal. Vot’robe toute neuve !
-     Ce n’est rien, Sanal, l’apaisa la jeune fille d’un sourire.
-     Miladie, l’interrompit Gilles avec un soupir contrarié. Vous avez fait un long voyage. Allez donc vous reposer dans votre chambre jusqu’au déjeuner.
Lizzie l’interrompit d’un geste.
-      Gilles, sourit-elle, je t’aime bien, tu sais. Mais tu t’en tiens beaucoup trop à l’étiquette. J’ai quelques questions à te poser.
-     Comme vous… 
-     Tu !
-     Bien… Comme tu voudras, ladie Eliza…
-     Lizzie ! Je n’aime pas mon prénom. Lizzie est bien plus sympa !
-     Comme tu voudras Lizzie.
-     C’est bien, Gilles ! Alors, premièrement, où sont tes Maîtres et seigneurs ?
Gilles choisit de dire la vérité.
-     Je l’ignore, avoua-t-il dans un haussement d’épaules. Je ne les ais pas revu depuis leur dernière visite, quelques semaines avant l’incendie. Mais ils ne venaient pratiquement jamais au manoir, avant. Alors, ça ne m’alarme pas plus que ça.
-     Oh… D’accord… Deuxièmement ! Qui est Holly par rapport à toi ? Elle a les même yeux que toi.
-     C’est normal, elle est ma sœur aînée.
-     Ta… sœur ?
-     Exact.
-     Qu’est-il arrivé à sa main ?
-    
-     Et le manoir ?
-     Il n’a pas été rénové depuis l’incendie.
-     Et les domestiques ?
La question surprit Gilles. Lizzie était visiblement plus perspicace qu’il ne l’avait cru au premier abord…
-       J’ai déjà répondu à cette question à votre arrivée, fit-il remarquer.
-       Tu n’es qu’un gamin, maigre et sûrement de faible constitution vu ton corps. Comment tu aurais pu survivre et des adultes robustes non ? Ce n’est pas logique !
-       Hum… Ça tient debout. Désolé, mais je ne peux pas répondre à cette question sans rompre un serment.
-       Un serment ?
-       … 
-       Ce n’est pas un sujet que je souhaite aborder.
Il avait passé une main douloureuse sur son bandage. Lizzie ne préféra pas insister, mais des centaines de questions se bousculaient sur sa langue. Le sujet semblait trop sensible pour Gilles… Elle poussa un discret soupir déçu, cependant elle décida de prendre son mal en patience.
Le domestique s’était remis à éplucher des oignons. La jeune fille, elle, demeura assise, le nez en l’air, balançant mollement ses jambes. Elle semblait préoccupée.
-       Qu’avez-vous, Miladie ? finit par l’interroger Gilles après un moment de silence tendu.
-       Hé !
-       Oui, pardon… Qu’as-tu, Lizzie ?
-       Je trouve Wait étrange. Il n’a rien d’un comte !
-       Il n’a pas vraiment reçu l’éducation adéquate, le défendit Gilles.
-       Comment ça ?
-       Mon Maître a très vite été éloigné du domaine familial par ses parents, mes Seigneurs, à cause de tentatives d’assassinats répétées.
-       Ah bon ?
-       Pharmvarna est une… ou plutôt était une maison prestigieuse. Mais depuis que les Maîtres sont partis et l’arrivée intempestive de Wait… 
Il ne put achever sa phrase : la porte venait de s’ouvrir de nouveau sur un Wait furibond !
-       Gilles !
-       Quoi encore ? soupira l’intéressé.
-       Va voir Holly ! Elle n’arrête pas de chialer, c’est insupportable !
Gilles se précipita hors de la cuisine et courut jusqu’à l’infirmerie dont il ouvrit violemment les portes. Il porta une main à sa poitrine, le souffle douloureux. Il avait du mal à reprendre son souffle ! Le spectacle le figea. À quelques mètres de lui, sa sœur hurlait, hystérique, sourde aux tentatives de Rima qui essayait de vainement la calmer.
-       Holly !
La voix du jeune homme était inflexible. Holly arrêta de se débattre et fixa son frère de ses yeux rougis par les larmes.
-       Gi… Gilles… murmura-t-elle.
-       Notre Maître s’est plaint du boucan que tu provoquais. Veux-tu te calmer et cessez de faire honte au blason de la famille ?
Derrière lui, Lizzie, qui l’avait suivi en courant, n’en revenait pas. Derrière elle, l’imposante silhouette de Sanal se découpait. Sa Maîtresse fit un pas en avant, blanche comme un linge.
-       Comment peux-tu parler sur ce ton à ta propre sœur ?! s’indigna-t-elle. Elle a mal et elle pleure !
-       Miladie, je vous prierai de ne pas vous mêler de mes affaires de famille, répliqua Gilles sans se retourner. Elles ne vous concernent en rien.
Il sentit une poussée au niveau des genoux. Lizzie le fit tomber sur le dos et plaça son pied sur sa poitrine.
-       C’est ta sœur ! cracha-t-elle. Tu ne peux pas lui parler ainsi ! Tu ne… 
-       Miladie ! intervint une voix.
Holly s’était redressée difficilement. Ses jambes tremblaient, mais elle refusa l’aide de Rima. Elle s’inclina devant une Lizzie hébétée. 
-       Veuillez accepter mes plus plates excuses pour mon attitude déplacée, la pria-t-elle. J’aurai dû savoir me tenir en votre présence !
-       Mais… s’étrangla Lizzie.
-       Pourriez-vous relâcher mon frère, s’il vous plaît ? Il possède quelques séquelles de l’incendie et vous comprimez ses poumons… 
Lizzie enleva tout de suite son pied. Gilles, exsangue, commença par tousser, puis se redressa sur un coude. Rima le remit sur pied. Lizzie nota avec attention le regard tendre de la jeune fille sur Gilles et la façon dont elle lui prenait la main pour le relever. Quelles relations entretenaient-ils  ?
Gilles reprenait difficilement sa respiration. Il finit par se détacher de Rima et s’avança vers sa sœur dont il prit la main.
-       Viens, Holly, l’invita-t-il doucement. Nous allons voir Green et Black.
-       Green ? Black ?
-       Oui, Green et Black, c’est le surnom qu’on leur a donné, tu te souviens ?
-       Mais et le manoir ? Les Maîtres devaient venir à la maison !
-       Ils ont annulé, Holly. Allez, viens…
-       D’accord… 
Elle sembla s’apercevoir brusquement de la présence de Rima et Lizzie. Cette dernière commençait sérieusement à se demander dans quel monde elle avait atterri. Holly parut surprise et se tourna vers son benjamin. 
-       Tu ne m’avais pas dit que nous avions une invitée, Gilles ! Où sont passées tes bonnes manières ?
Celui-ci ne répliqua pas. Holly s’avança vers Lizzie et s’inclina respectueusement devant elle.
-       Miladie, bienvenue au manoir Phamvarna ! Auriez-vous faim ?
-       Hé bien, je… bafouilla Lizzie.
-       On vous a désigné votre chambre ? Gilles ! enchaîna-t-elle à toute allure. Conduit Miladie à sa chambre pendant que je prépare le déjeuner !
-       Sanal, aide-la, se reprit Lizzie en se tournant vers son serviteur.
-       Merci, Miladie, sourit Holly.
-       Veuillez me suivre, l’invita Gilles. 
Lizzie tâcha de dissimuler le tremblement de ses mains. Elle suivit le garçon dans les couloirs. Quand il poussa les portes de sa chambre, elle crut pénétrer un autre univers, cette fois-ci encore. La pièce était impeccable ! Pas de poussière, pas de cafard, pas de trace de feu… Rien ! Une chambre magnifique avec un lit à baldaquin, de beaux meubles en acajou, de lourds rideaux en velours et autres somptuosités !
-       En quelques mois, je n’ai pas eu le temps de restaurer entièrement le manoir, expliqua Gilles en avisant son air stupéfait. Tout du moins, j’ai réussi à restaurer quelques pièces.
-       Pourquoi n’engages-tu pas de maçons ?
-       Phamvarna deviendrait la risée du comté si sa situation s’ébruitait. Le temps que Mr le Comte Wait soit éduqué, je préfère que rien ne se sache.
-       Gilles…
-       C’est aussi pour ça que j’avais demandé à vos parents plus de temps… ce qu’ils ont refusé.
-       Gilles, tu as quoi ? Treize, quatorze ans ?
-       Quatorze, tout comme Rima. Wait en a seize et ses amis… Je ne me souviens plus. Holly va en avoir vingt et un bientôt.
-       Quatorze ans ! À quatorze ans, tu ne peux pas porter ce fardeau tout seul ! Tu es bien trop jeune ! 
-       Je n’ai pas le choix. Holly est malade. Wait est un idiot orgueilleux, mais il n’est pas aussi mauvais qu’il n’y paraît. Ma sœur a le droit à des soins coûteux. Si je partais, je ne pourrais plus les payer et le blason Phamvarna serait souillé à jamais. Wait ne peut pas gérer tout seul cette fortune. Il a besoin de moi.
-       Parce que toi, tu sais t’y prendre peut-être ?
-       Mieux que lui, en tout cas.
-       Et les Green et Black ?
-       Quoi ?
-       Green et Black ? Où sont-ils ? Qui sont-ils ?
-       … Je crois que vous en savez beaucoup pour une première journée.
-       Moi je t’aiderai !
Gilles fronça les sourcils. Il ouvrit la bouche, mais rien ne sortit.
-       Venez vivre au manoir avec votre famille ! reprit Lizzie. Je réussirai à convaincre mes parents de vous prendre à leur service !
-       Je suis à celui de la famille Phamvarna, pas à celui des Nemurine. Je refuse d’abandonner mon poste !
-       C’est idiot ! Cette famille est fichue ! Ça ne sert à rien de se battre pour elle !
-       Cette famille sera la vôtre dans moins d’un mois, Ladie Elizabeth, rappela sèchement Gilles. Vous allez vous marier avec le Comte Wait.
-       Et si je refuse ?
-       Vos parents ne vous le permettrez pas.
-       Ce mariage est juste un prétexte pour redorer le blason de votre famille ! Wait et moi sommes trop jeunes pour nous marier ! Nous ne saurons pas diriger le duché de nos deux familles réunies !
-       C’est pour ça que je suis là.
-       Tu as le même âge que moi !
-       Oui, mais contrairement à vous, Miladie, je n’ai pas peur de l’avenir. Sur ce, veuillez m’excuser, mais mon Maître m’attend.
Avant qu’elle ne puisse le retenir, il était parti à vive allure. Lizzie, furieuse, ramassa un coussin qu’elle lança contre les portes closes. Elle se mit à faire les cent pas dans sa chambre. Gilles lui cachait quelque chose, c’était clair ! Depuis son arrivée ici, quelques heures plus tôt, il ne cessait de lui mentir ! Qu’est-ce qui pouvait le rattacher à ce manoir ? Qu’était-il arrivé à son œil gauche ? Où était Green et Black ? Qui étaient en réalité Wait, Rima et les deux autres ? Que cachait l’incendie du manoir ? Tant de questions demeuraient sans réponses, mais Lizzie était déterminée à résoudre chacune d’entre elle. 

Chapitre trois à venir tantôt ! A bientôt !

Marine Lafontaine