lundi 4 février 2013

100EME ARTICLE

   Hé oui, ça y est ! Nous avons atteint la barre des cent articles sur Marine's blog ! Hip hip hip, hourra !
   Pour fêter l'occasion, j'ai décidé de vous mettre en ligne le premier chapitre d'une fiction. Je vous mettrai la suite au fur et à mesure en espérant qu'elle vous plaise. Je dois l'avoir écrite il y a un an ou deux, je pense que c'est une bonne occasion de la faire découvrir. Comme elle est incomplète, je vais devoir écrire la fin d'ici peu de temps. On verra bien ce que cela donnera. Mais je vous ai déjà fait assez attendre ! Premier chapitre, le voici !





-     Vous ne pouvez pas faire ça ! Relâchez ma famille !
-     Et pourquoi donc ?
L’homme jugea d’un air goguenard le garçon qui se tenait devant lui, la chemise humide de sang, le visage barbouillé de terre et trempé jusqu’aux os par la pluie. Ce  petit être pitoyable tremblait, les lèvres bleuies par le froid. Pourtant, son regard ne fléchissait pas. Il était dur, droit et direct. 
-     Rendez-moi ma famille, répéta-t-il. Je ne quitterai pas ce manoir sans elle !
-     Tu devras attendre longtemps.
-     Maudit soyez-vous, Wait Phamvarna ! Vos parents, mes Maîtres, avaient agi dans votre intérêt ! Pourquoi avoir provoqué une telle chose ?
-     Je suis venu rééquilibrer les choses. Et ce n’est sûrement pas quelqu’un comme toi, naïf et lamentable, qui va m’arrêter ! Tu es à vomir !
-     Laissez-moi passer un marché avec vous, alors ?
-     Un marché ? soupira Wait. En v’là une idée grotesque.
-     Non, non, sourit l’autre, mielleux. Je crois qu’on contraire, cela va beaucoup vous intéresser.
**
Lizzie ferma les yeux. Allongée sur le ponton du lac familial, les pieds dans l’eau, elle s’étira avec délice, véritable lézard se dorant au soleil.
-     M’amzelle Elizabeth ! M’amzelle Elizabeth !
La jeune fille ouvrit un œil contrarié. Allons bon, ils n’allaient jamais la laisser en paix ? Fichus professeurs ! Elle n’avait aucune envie d’apprendre la valse ou Mozart, non de non ! Qu’on lui fiche la paix !
-     M’amzelle Elizabeth !
La voix était plus proche désormais. Quelle plaie ! Lizzie se leva en grognant, ce qui était vraiment peu distingué pour une jeune femme de son rang. Elle releva ses jupons et ses froufrous - Dieu que ce n’était pas pratique ces machins-là ! – et se mit à courir. Elle passa sous le nez du domestique et ne put s’empêcher de lui adresser un pied de nez avant de filer à travers la propriété.
-     M’amzelle Elizabeth ! s’indigna l’homme en queue de pie. Cette attitude n’est pas digne d’une g'and' dame !
-     M’en fiche ! cria la jeune fille. Je veux vivre comme je l’entends ! Ce ne sont pas mes parents qui vont dicter ma conduite !
-     M’amzelle, a'êtez avec ces inepties ! répliqua le domestique qui commençait à peiner à courir. M’sieur et M'dame veulent vous voir ! C’est impo'tant !
-     Si c’est pour le bal de nos voisins, j’ai déjà dit que je n’irai pas !
-     Ce n’est pas ça, M’amzelle ! C’est à p'opos d'vot' ma'iage !
Lizzie s’arrêta net de courir. Le domestique, qui ne s’attendait pas à ce brutal arrêt, se prit les pieds dans les racines d’un arbre et s’étala lamentablement aux pieds de sa jeune maîtresse. Cette dernière poussa un soupir exaspéré et l’aida à se relever. 
-     Parle, grommela-t-elle. Qu’est-ce qu’ils me veulent exactement ?
-       ben, M’amzelle, c’est pas simple, pas simple du tout ! M’sieur et M'dame veulent avancer la date d'mariage, mais vot' fiancé a refusé. 'Veut même le décaler.
-     Le décaler ? répéta Lizzie avec étonnement. Pourquoi donc ?
-     Aucune idée, M’amzelle.
-     Bah, il a peut-être raison.
-     M’amzelle ! s’indigna le domestique.
-     Hé bien quoi ? Sanal, regarde-moi ! Je n’ai que 14 ans et mon fiancé doit en avoir 16 ! Les familles Phamvarna et Nemurine sont les deux plus grands duchés de la région ! Nous ne sommes pas prêts pour régir une si grande fortune.
-     Mais, M’amzelle, cet a'angement est fait ainsi d’puis vot’ naissance !
-     Je sais, je sais, soupira Lizzie. C’est tout ? Je peux m’en aller ?
-     M’amzelle, M’sieur et M'dame vous attendent ! Vous devez y aller ! Y sont dans le salon.
-     Rah, quelle plaie ! Bon, allons-y. Je ne pourrai pas y échapper de toute façon.
**
Le salon était l’une des plus belle pièce du manoir Nemurine. Des boiseries partaient du plafond pour se répandre sur les murs comme du lierre magnifiquement ouvragé. De chaudes tentures y étaient pendues et des tableaux de-ci de-là les agrémentaient. De grands et confortables canapés étaient disposés autour de six tables basses de bois et de marbre. Des lustres répandaient une douce lumière en cette fin de journée. Lizzie adorait cette pièce, mais la tension qui y régnait aujourd’hui la mettait mal à l’aise. Elle s’avança dans un froissement de robe et s’inclina devant ses parents. Sa mère, assise dans un fauteuil, lui adressa un doux sourire, mais le regard de son père était implacable.
-     Vous m’avez mandé ? les encouragea Lizzie.
-     Exact, approuva sa mère de sa voix claire et calme. Ton père et moi avons bien discuté, Elizabeth. Nous avons décidé de t’envoyer chez ton fiancé plus tôt que prévu.
-     Quoi ? sursauta la jeune femme. Mais je ne devais y aller que le mois prochain !
-     Tu pourras ainsi t’accoutumer à ta nouvelle demeure, raisonna son père. Les Phamvarna sont des personnes raffinées et très à cheval sur l’étiquette. Plus tu passeras de temps là-bas avant le mariage, plus tu feras honneur à notre blason.
-     Mais père…
-     J’ai demandé à tes suivantes de préparer tes bagages. Seul Sanal t’accompagnera. Tu pars demain dès la première heure.
-     Bien…
-     Achima ! appela Mr. Nemurine en se levant. Prépare Lizzie pour sa visite. Tu as déjà servi là-bas, tu sauras la conseiller.
-     Oui, M'sieur, s’inclina une femme noire. Venez, M’amzelle Lizzie.
Elizabeth était complètement déboussolée. Elle qui croyait qu’elle allait encore pouvoir faire comme bon lui semblait pendant un moment, c’était plutôt raté ! Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine excitation à l’idée de ce voyage. Elle allait enfin rencontrer son fiancé ! 
-     Achima, à quoi ressemble mon fiancé ?
-     Ah, le petit de'nier, sourit la domestique. J’ai été sa nouwice avant d’êt' la vôt', M’amzelle Lizzie. C’était un ga'çon charmant et si gentil ! Sa famille aussi était tellement mignonne. Par cont', leurs parents, jamais là et c’est nous les domestiques qui avons élevé ces gosses dans l’humilité et la gentillesse. Ce sont de b'aves petiots. Quant au manoir, mazette, c’est le plus beau que j’ai jamais vu ! Avec un de ces ja'dins !
-     Vraiment ?
-     Oh que oui, M’amzelle Lizzie. Plus beau qu’ici encore.
Lizzie sentit un frisson d’excitation secouer son corps. Elle avait hâte d’être demain.
Si elle savait ce qu’elle allait découvrir, elle aurait certainement préféré attendre le mois prochain pour aller au manoir Phamvarna.
**
La première chose qu’elle vit fut son œil. Un œil d’un bleu si intense qu’elle en frissonna. Lizzie n’était pourtant pas du genre à frissonner facilement. Mais cette couleur l’engloutit toute entière ! Même un diamant hope ne possédait pas ce bleu si ardent.
Cet œil appartenait à un jeune homme rachitique, à quelques pas d’elle. Sa tête était couverte de bandages, masquant son œil gauche. Ses cheveux, d’un châtain presque noir, étaient coupés assez courts. Il portait un habit simple, usé et déchiré. Il ne devait avoir qu’une quatorzaine d’années à vue de nez.
Sanal fit descendre sa Maîtresse de son carrosse. Le garçon venu les accueillir s’inclina devant eux.
-     Miladie Elizabeth. C’est un plaisir de vous avoir parmi nous, mais… Sans vouloir vous manquer de respect, pourquoi si tôt ? Vous ne deviez pas arriver le mois prochain seulement ?
-     La M’amzelle a pas à se justifier, répliqua aussitôt Sanal. Conduis-nous à tes Maît'es, les seigneurs Phamvarna.
-     Mes seigneurs sont absents pour le moment. Seul mon jeune Maître Wait est présent au manoir en compagnie de ses amis.
-     Ses amis ? répéta Lizzie.
-     Venez, Miladie. Je vais vous mener à lui. Mais… Je vous prierai d’être indulgente avec lui. Monsieur le Comte s’est un peu… laissé déborder ces derniers temps.
La curiosité piquée, Lizzie s’empressa de lui emboîter le pas. Ils marchèrent dans une allée de gravier blanc ombragée par d’immenses platanes. Les mauvaises herbes mangeaient de-ci de-là le chemin. Sanal renifla bruyamment, portant le coffre de sa maîtresse sur une épaule. Il avait un mauvais pressentiment. Il détailla le domestique qui les avait accueilli. Il était plutôt jeune pour s’exprimer ainsi, avec cette ombre dans l’œil.
Lizzie regardait autour d’elle. Elle ne voulait pas perdre une miette du spectacle. Elle ramassa les plis de sa robe de voyage, septique. Pour l’instant, la propriété n’avait rien d’exceptionnelle si ce n’était sa grandeur. La jeune fille ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle allait enfin rencontrer ce fiancé qu’elle ne connaissait que de nom. Quelque part, cela la réjouissait… et l’ennuyait profondément d’autre part. Cela voulait dire qu’elle allait devoir se plier à cette pénible étiquette et ne pourrait plus faire ce qu’elle voulait de ses journées.
Mais on disait son fiancé vraiment exceptionnel. Attentionné, doux, cultivé… Il semblait avoir toutes les qualités. Dans sa famille, il était de coutume que ce soit le plus jeune des enfants qui reçoive en héritage le domaine ainsi que la plus grosse part de la fortune familiale. Ce séjour devrait se révéler intéressant… A moins qu’il ne soit marqué d’un profond ennui.
L’allée s’élargie en un disque ceinturé de rosiers mal entretenus. Une fontaine se dressait en son centre. Elle représentait une Vénus qui versait de l’eau dans le bassin avec sa cruche. Mais sa tête semblait avoir été tranchée d’un coup de sabre ! Lizzie s’arrêta, les yeux écarquillés. Qu’est-ce que… Sanal grogna. Ça, il ne s’y attendait quand même pas !
La demeure qu’on disait splendide n’était rien de tout cela ! Ce n’était qu’une ruine prête à s’écrouler sur ses propriétaires !  La façade était noircie par les traces d’un feu  datant déjà de plusieurs mois. Les marches menant aux doubles battants de la porte d’entrée avaient été détruites par endroits. Des morceaux de verre traînaient encore par terre alors que des lambeaux de rideaux se déployaient dans le vent comme de sinistres ailes grises. Des statues, qui jalonnaient les murs, avaient été mutilées. Lizzie se tourna vers le domestique, la gorge sèche.  
-     Que… Que s’est-il passé ? s’étrangla-t-elle.
-     Le Comte vous attend, Miladie, rappela le domestique.
-     M’amzelle vous a posé une question, non mais dis don’ ! s’avança Sanal, l’air menaçant. M’amzelle, vous pouvez pas rester ici ! C’est inconvenant, twès inconvenant pour une personne d’vot’ rang ! Rentrons ! Je dirai à vos parents qu’le mariage est annulé.
-     C’est moi qui prend les décisions ici, Sanal, rappela Lizzie dans un sifflement. J’attends ta réponse, heu… Comment t’appelles-tu ?
Le garçon, malgré le grand dadais qui l’avait menacé, était resté impassible. Il leva la tête vers Lizzie et s’inclina de nouveau devant elle.
-      Gilles, fils de rien, Miladie, se présenta-t-il. Pour vous servir.
-     Merci, Gilles. Alors, peux-tu m’expliquer… cette chose ?
-     Un incendie, Miladie, lui apprit Gilles en se relevant. Ça fait déjà quelques mois… Le manoir est en cours de rénovation, rassurez-vous. Je pensais qu’il serait achevé à votre arrivée. C’est aussi pour ça que j’avais mandé plus de temps à vos parents… ce qu’ils m’ont refusé, apparemment.
Il poussa un soupir lourd d’ennuis. Ses épaules étaient courbées comme sous le poids de trop lourdes responsabilités.
-     Je vais vous conduire auprès de Mr le Comte, reprit Gilles en tâchant de se donner contenance. Si vous voulez bien me suivre, Miladie Elizabeth.
-     Bien…
Le hall était vaste et chaleureux. Bien que la poussière s’accumulait, les murs noircis par le feu étaient habilement dissimulés sous de lourdes tentures chatoyantes. Des chandeliers, hauts comme un homme, étaient disposés le long d’un long tapis qui démarrait au seuil de la maison et se prolongeait sur les marches d’un escalier de marbre. Sanal grogna en voyant un cafard sortir de sous l’une des tentures. Cet endroit respirait la pauvreté ! Pourquoi sa Maîtresse refusait de partir ? Il soupira. La réponse, il la connaissait parfaitement. Son insatiable curiosité… 
-     Dîtes-moi, Gilles, l’interrogea Lizzie avec étonnement. Où sont donc les autres domestiques du manoir ? Je croyais pourtant que vous étiez nombreux !
Gilles lui jeta un regard en coin, détaillant son visage. Il finit par soupirer et se lança :
-     Une épidémie a emporté tous nos domestiques l’an passé. Moi seul ait survécu. Et Mr le Comte n’a pas vraiment le temps, ni l’envie, de s’occuper de ça pour le moment, grinça-t-il.
-     Tous sont morts ? souffla Lizzie, sous le choc. Même la sœur d’Achima ?
Gilles sursauta. Il se tourna vers la jeune femme et la couvrit d’un regard presque tendre.
-     Je sais qu’Achima aimait beaucoup sa sœur. Elle a travaillé chez vous avant de nous rejoindre : une sorte d’échange de domestiques. Je suis désolé que ce soit par moi que vous appreniez la nouvelle. Si vous le souhaitez, je vous conduirai à sa tombe tout à l’heure.
-     Elle est enterrée au manoir ?
-     …Nous y sommes.
Gilles frappa à la porte à doubles battants qu’il repoussa d’un ample mouvement. Une désagréable odeur de pourriture et de relents d’alcool vinrent irriter les narines Lizzie qui fronça le nez. Quelle épouvantable odeur ! Gilles s’engouffra dans la pièce sombre pour tirer les rideaux d’un coup sec. Le soleil inonda la pièce. Elle-même était jonchée de déchets et de bouteilles vides. Des draps et des vêtements étaient éparpillés sur le sol.
-     Gilles ! rugit  une voix pâteuse. Qu’est-ce que tu fiches, sale chien ?!
-     Mr le Comte, votre fiancée est arrivée, annonça le domestique d’une voix venimeuse. Miladie Elizabeth, reprit-il sur un tout autre ton. Je vous laisse quelques instants, le temps pour moi de trouver un remède pour la gueule de bois de mon Maître.
Lizzie faillit le retenir, mais son bras retomba le long de son corps alors qu’elle reculait jusqu’à se cogner à Sanal. La présence de son domestique la rassura. L’homme qui se dressait devant elle allait torse nu, ses cheveux roux descendant jusque dans le bas de son dos. Seuls les nobles avaient le droit de les porter aussi longs.
Lizzie se secoua et s’inclina devant Wait.
-     Comte Wait Phamvarna, le salua-t-elle. Je suis la duchesse Elizabeth Nemurine. Enchantée de faire votre connaissance.
-     Ouais, ouais, grogna Wait en se curant l’oreille à l’aide de son petit doigt. Alors comme ça on est fiancé ?
-     Depuis la naissance, Mr le Comte.
-     Hum… Gilles ne m’avait pas parlé de ça.
-     Comment ?
-     Rien… Ce fils de chien.
Le “fils de chien” apparut sur ces entre faits avec un gobelet en porcelaine à la main. Wait s’en empara et le vida avant de le lancer par dessus son épaule.
-     Gilles, réveille les autres, ordonna-t-il en bâillant.
-     Bien…
Le domestique se tourna vers un coin de la pièce où gisaient des tas de chiffons. Pourtant, quand Gilles les secoua, des jambes leur poussèrent subitement et se mirent à battre l’air. Trois silhouettes se redressèrent maladroitement. Deux jeunes femmes et un homme. L’une avait des cheveux d’un violet presque blanc coupés au carré court et des yeux incroyablement froids. L’autre au contraire, avait un regard chaleureux et de longs cheveux châtains attachés en queue de rat. Quant à l’homme, il portait de petites lunettes fumées rondes et avait ses cheveux blonds coupés jusqu’aux épaules. Il offrit un sourire éméché à Lizzie. Cette dernière fronça les sourcils. Mais rien de tout ça ne correspondait aux rumeurs ! Etait-ce une mauvaise farce ? La famille Phamvarna, la si prestigieuse famille… Ça ne pouvait pas être elle !
Gilles capta son regard empli d’incompréhension, mais s’abstint de tout commentaire. Il allait quitter la pièce la pièce quand son regard tomba sur le dernier tas de chiffon qui gisait à terre.    
-     Holly, murmura-t-il.
Il se précipita vers la jeune femme qu’il aida à se lever. Lizzie sursauta à sa vue. Il lui manquait une main !
-     Qui est-ce ? murmura-t-elle, un haut le cœur coincé dans la gorge. Qu’est-il arrivé à sa main ?
-     Une esclave rebelle, ricana Wait.
-     Une esclave ? Les esclaves sont interdits depuis longtemps dans le pays ! Si l’on a un serviteur, on doit le payer !
-     Oui, oui, grogna le Comte. Une domestique alors, si tu veux.
-     Gilles m’avait pourtant dit qu’une épidémie les avait tous emportés.
-     Gilles est le seul qui m’obéit.
Lizzie ravala une réplique cinglante qui lui venait à l’esprit. Elle observa la jeune femme qui peinait à tenir sur ses jambes. Dans l’œil de Gilles se reflétait une sombre colère. Il commençait à sortir de la pièce avec Holly quand la voix de son Maître claqua :
-     Où comptes-tu aller, Gilles ?
-     La soigner, répliqua celui-ci sans se retourner. Vous m’aviez dit que vous ne lui feriez rien, hier.
-     Fait gaffe au ton que t’emploies avec moi, sinon tu sais ce qui t’attend ! Reviens-là.
-    
-     Maintenant !
Gilles déposa doucement Holly sur le sol. Sanal s’accroupit auprès d’elle. La pauvre était dans un triste état. Le domestique Nemurine jeta un coup d’œil à sa maîtresse. Elle était outrée par l’attitude de Wait. Il se demandait combien de temps elle allait tenir avant d’éclater. Elle sursauta quand la gifle claqua. Sur le coup, Gilles partit à la renverse, mais Lizzie vit la jeune femme aux longs cheveux châtains accourir pour le soutenir.
-     Bouge-toi de là, Rima ! cracha Wait.
La jeune femme se contenta de redresser le domestique. Ce dernier se dégagea de ses bras avec brutalité, ne gratifiant même pas Rima d’un regard.
-     Ce sera tout ? souffla-t-il à Wait.
-     Dégage.
-     Bien, Mr le Comte.
Il se dirigea droit sur Holly qu’il releva doucement. Il s’inclina devant Lizzie et Sanal puis quitta la chambre. Alors Wait sembla enfin se rendre compte de la présence de sa fiancée.
-     Veuillez excuser ce désagrément, s’excusa-t-il (de mauvaise grâce selon elle). Vous tombez plutôt mal, ma chère… Heu, c’est quoi ton p’tit nom ?
-     Elizabeth.
-     Ma chère Elizabeth. Je suis plutôt occupé aujourd’hui.
-     Notre rencontre était pourtant programmée.
-     Si tu le dis. Rima, va donc voir ce que fait Gilles. Dis-lui de préparer le déjeuner. Lena, occupe-toi de la fiancée.
Si Lizzie n’avait pas reçu l’ordre de ses parents de ne contester aucune des paroles de son fiancé, elle les lui aurait fait ravaler ! Mais pour qui se prenait-il ? Sa famille était tout aussi noble que la sienne ! Pourquoi la prenait-il ainsi de haut ? Pourquoi le manoir était-il en si mauvais état ? Qui était Gilles en réalité ? Qui était Holly, également ?
    Lizzie se promit de tirer les choses au clair et un fin sourire étira ses lèvres. Elle qui pensait qu’elle allait s’ennuyer à mourir, c’était plutôt raté !  

Et voilà le premier chapitre de ma fiction ! La suite pour bientôt !


Marine Lafontaine

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