Hé oui, ça y est ! Nous avons atteint la barre des cent articles sur Marine's blog ! Hip hip hip, hourra !
Pour fêter l'occasion, j'ai décidé de vous mettre en ligne le premier chapitre d'une fiction. Je vous mettrai la suite au fur et à mesure en espérant qu'elle vous plaise. Je dois l'avoir écrite il y a un an ou deux, je pense que c'est une bonne occasion de la faire découvrir. Comme elle est incomplète, je vais devoir écrire la fin d'ici peu de temps. On verra bien ce que cela donnera. Mais je vous ai déjà fait assez attendre ! Premier chapitre, le voici !
-
Vous ne
pouvez pas faire ça ! Relâchez ma famille !
-
Et pourquoi
donc ?
L’homme jugea
d’un air goguenard le garçon qui se tenait devant lui, la chemise humide de
sang, le visage barbouillé de terre et trempé jusqu’aux os par la pluie. Ce petit être pitoyable tremblait, les
lèvres bleuies par le froid. Pourtant, son regard ne fléchissait pas. Il était
dur, droit et direct.
-
Rendez-moi
ma famille, répéta-t-il. Je ne quitterai pas ce manoir sans elle !
-
Tu devras
attendre longtemps.
-
Maudit
soyez-vous, Wait Phamvarna ! Vos parents, mes Maîtres, avaient agi dans
votre intérêt ! Pourquoi avoir provoqué une telle chose ?
-
Je suis
venu rééquilibrer les choses. Et ce n’est sûrement pas quelqu’un comme toi, naïf et
lamentable, qui va m’arrêter ! Tu es à vomir !
-
Laissez-moi
passer un marché avec vous, alors ?
-
Un
marché ? soupira Wait. En v’là une idée grotesque.
-
Non, non,
sourit l’autre, mielleux. Je crois qu’on contraire, cela va beaucoup vous
intéresser.
**
Lizzie ferma
les yeux. Allongée sur le ponton du lac familial, les pieds dans l’eau, elle
s’étira avec délice, véritable lézard se dorant au soleil.
-
M’amzelle
Elizabeth ! M’amzelle Elizabeth !
La jeune fille
ouvrit un œil contrarié. Allons bon, ils n’allaient jamais la laisser en
paix ? Fichus professeurs ! Elle n’avait aucune envie d’apprendre la
valse ou Mozart, non de non ! Qu’on lui fiche la paix !
-
M’amzelle
Elizabeth !
La voix était
plus proche désormais. Quelle plaie ! Lizzie se leva en grognant, ce qui
était vraiment peu distingué pour une jeune femme de son rang. Elle releva ses
jupons et ses froufrous - Dieu que ce n’était pas pratique ces
machins-là ! – et se mit à courir. Elle passa sous le nez du domestique et
ne put s’empêcher de lui adresser un pied de nez avant de filer à travers la
propriété.
-
M’amzelle
Elizabeth ! s’indigna l’homme en queue de pie. Cette attitude n’est pas
digne d’une g'and' dame !
-
M’en
fiche ! cria la jeune fille. Je veux vivre comme je l’entends ! Ce ne
sont pas mes parents qui vont dicter ma conduite !
-
M’amzelle,
a'êtez avec ces inepties ! répliqua le domestique qui commençait à peiner
à courir. M’sieur et M'dame veulent vous voir ! C’est impo'tant !
-
Si c’est
pour le bal de nos voisins, j’ai déjà dit que je n’irai pas !
-
Ce n’est
pas ça, M’amzelle ! C’est à p'opos d'vot' ma'iage !
Lizzie s’arrêta
net de courir. Le domestique, qui ne s’attendait pas à ce brutal arrêt, se prit
les pieds dans les racines d’un arbre et s’étala lamentablement aux pieds de sa
jeune maîtresse. Cette dernière poussa un soupir exaspéré et l’aida à se
relever.
-
Parle,
grommela-t-elle. Qu’est-ce qu’ils me veulent exactement ?
-
Hé ben, M’amzelle, c’est pas simple, pas
simple du tout ! M’sieur et M'dame veulent avancer la date d'mariage,
mais vot' fiancé a refusé. 'Veut même le décaler.
-
Le
décaler ? répéta Lizzie avec étonnement. Pourquoi donc ?
-
Aucune
idée, M’amzelle.
-
Bah, il a
peut-être raison.
-
M’amzelle !
s’indigna le domestique.
-
Hé bien
quoi ? Sanal, regarde-moi ! Je n’ai que 14 ans et mon fiancé doit en
avoir 16 ! Les familles Phamvarna et Nemurine sont les deux plus grands
duchés de la région ! Nous ne sommes pas prêts pour régir une si grande
fortune.
-
Mais,
M’amzelle, cet a'angement est fait ainsi d’puis vot’ naissance !
-
Je sais, je
sais, soupira Lizzie. C’est tout ? Je peux m’en aller ?
-
M’amzelle,
M’sieur et M'dame vous attendent ! Vous devez y aller ! Y sont dans
le salon.
-
Rah, quelle
plaie ! Bon, allons-y. Je ne pourrai pas y échapper de toute façon.
**
Le salon était
l’une des plus belle pièce du manoir Nemurine. Des boiseries partaient du
plafond pour se répandre sur les murs comme du lierre magnifiquement ouvragé.
De chaudes tentures y étaient pendues et des tableaux de-ci de-là les
agrémentaient. De grands et confortables canapés étaient disposés autour de six
tables basses de bois et de marbre. Des lustres répandaient une douce lumière
en cette fin de journée. Lizzie adorait cette pièce, mais la tension qui y
régnait aujourd’hui la mettait mal à l’aise. Elle s’avança dans un froissement
de robe et s’inclina devant ses parents. Sa mère, assise dans un fauteuil, lui
adressa un doux sourire, mais le regard de son père était implacable.
-
Vous m’avez
mandé ? les encouragea Lizzie.
-
Exact,
approuva sa mère de sa voix claire et calme. Ton père et moi avons bien
discuté, Elizabeth. Nous avons décidé de t’envoyer chez ton fiancé plus tôt que
prévu.
-
Quoi ?
sursauta la jeune femme. Mais je ne devais y aller que le mois prochain !
-
Tu pourras
ainsi t’accoutumer à ta nouvelle demeure, raisonna son père. Les Phamvarna sont
des personnes raffinées et très à cheval sur l’étiquette. Plus tu passeras de
temps là-bas avant le mariage, plus tu feras honneur à notre blason.
-
Mais père…
-
J’ai
demandé à tes suivantes de préparer tes bagages. Seul Sanal t’accompagnera. Tu
pars demain dès la première heure.
-
Bien…
-
Achima !
appela Mr. Nemurine en se levant. Prépare Lizzie pour sa visite. Tu as déjà
servi là-bas, tu sauras la conseiller.
-
Oui,
M'sieur, s’inclina une femme noire. Venez, M’amzelle Lizzie.
Elizabeth était
complètement déboussolée. Elle qui croyait qu’elle allait encore pouvoir faire
comme bon lui semblait pendant un moment, c’était plutôt
raté ! Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une
certaine excitation à l’idée de ce voyage. Elle allait enfin rencontrer son
fiancé !
-
Achima, à
quoi ressemble mon fiancé ?
-
Ah, le
petit de'nier, sourit la domestique. J’ai été sa nouwice avant d’êt' la
vôt', M’amzelle Lizzie. C’était un ga'çon charmant et si gentil ! Sa
famille aussi était tellement mignonne. Par cont', leurs parents,
jamais là et c’est nous les domestiques qui avons élevé ces gosses dans
l’humilité et la gentillesse. Ce sont de b'aves petiots. Quant au manoir,
mazette, c’est le plus beau que j’ai jamais vu ! Avec un de ces
ja'dins !
-
Vraiment ?
-
Oh que oui,
M’amzelle Lizzie. Plus beau qu’ici encore.
Lizzie sentit
un frisson d’excitation secouer son corps. Elle avait hâte d’être demain.
Si elle savait
ce qu’elle allait découvrir, elle aurait certainement préféré attendre le mois
prochain pour aller au manoir Phamvarna.
**
La première
chose qu’elle vit fut son œil. Un œil d’un bleu si intense qu’elle en
frissonna. Lizzie n’était pourtant pas du genre à frissonner facilement. Mais
cette couleur l’engloutit toute entière ! Même un diamant hope ne
possédait pas ce bleu si ardent.
Cet œil
appartenait à un jeune homme rachitique, à quelques pas d’elle. Sa tête était
couverte de bandages, masquant son œil gauche. Ses cheveux, d’un châtain
presque noir, étaient coupés assez courts. Il portait un habit simple, usé et
déchiré. Il ne devait avoir qu’une quatorzaine d’années à vue de nez.
Sanal fit
descendre sa Maîtresse de son carrosse. Le garçon venu les accueillir s’inclina
devant eux.
-
Miladie
Elizabeth. C’est un plaisir de vous avoir parmi nous, mais… Sans vouloir vous
manquer de respect, pourquoi si tôt ? Vous ne deviez pas arriver le mois
prochain seulement ?
-
La
M’amzelle a pas à se justifier, répliqua aussitôt Sanal. Conduis-nous à tes
Maît'es, les seigneurs Phamvarna.
-
Mes
seigneurs sont absents pour le moment. Seul mon jeune Maître Wait est présent
au manoir en compagnie de ses amis.
-
Ses
amis ? répéta Lizzie.
-
Venez,
Miladie. Je vais vous mener à lui. Mais… Je vous prierai d’être indulgente avec
lui. Monsieur le Comte s’est un peu… laissé déborder ces derniers temps.
La curiosité
piquée, Lizzie s’empressa de lui emboîter le pas. Ils marchèrent dans une allée
de gravier blanc ombragée par d’immenses platanes. Les mauvaises herbes
mangeaient de-ci de-là le chemin. Sanal renifla bruyamment, portant le coffre
de sa maîtresse sur une épaule. Il avait un mauvais pressentiment. Il détailla
le domestique qui les avait accueilli. Il était plutôt jeune pour s’exprimer
ainsi, avec cette ombre dans l’œil.
Lizzie
regardait autour d’elle. Elle ne voulait pas perdre une miette du spectacle.
Elle ramassa les plis de sa robe de voyage, septique. Pour l’instant, la
propriété n’avait rien d’exceptionnelle si ce n’était sa grandeur. La jeune
fille ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle allait enfin rencontrer ce fiancé
qu’elle ne connaissait que de nom. Quelque part, cela la réjouissait… et
l’ennuyait profondément d’autre part. Cela voulait dire qu’elle allait devoir
se plier à cette pénible étiquette et ne pourrait plus faire ce qu’elle voulait
de ses journées.
Mais on disait
son fiancé vraiment exceptionnel. Attentionné, doux, cultivé… Il semblait avoir
toutes les qualités. Dans sa famille, il était de coutume que ce soit le plus
jeune des enfants qui reçoive en héritage le domaine ainsi que la plus grosse
part de la fortune familiale. Ce séjour devrait se révéler intéressant… A moins
qu’il ne soit marqué d’un profond ennui.
L’allée
s’élargie en un disque ceinturé de rosiers mal entretenus. Une fontaine se
dressait en son centre. Elle représentait une Vénus qui versait de l’eau dans
le bassin avec sa cruche. Mais sa tête semblait avoir été tranchée d’un coup de
sabre ! Lizzie s’arrêta, les yeux écarquillés. Qu’est-ce que… Sanal
grogna. Ça, il ne s’y attendait quand même pas !
La demeure
qu’on disait splendide n’était rien de tout cela ! Ce n’était qu’une ruine
prête à s’écrouler sur ses propriétaires ! La façade était noircie par les traces d’un feu datant déjà de plusieurs mois. Les
marches menant aux doubles battants de la porte d’entrée avaient été détruites
par endroits. Des morceaux de verre traînaient encore par terre alors que des
lambeaux de rideaux se déployaient dans le vent comme de sinistres ailes
grises. Des statues, qui jalonnaient les murs, avaient été mutilées. Lizzie se
tourna vers le domestique, la gorge sèche.
-
Que… Que
s’est-il passé ? s’étrangla-t-elle.
-
Le Comte
vous attend, Miladie, rappela le domestique.
-
M’amzelle
vous a posé une question, non mais dis don’ ! s’avança Sanal, l’air
menaçant. M’amzelle, vous pouvez pas rester ici ! C’est inconvenant, twès
inconvenant pour une personne d’vot’ rang ! Rentrons ! Je dirai à vos
parents qu’le mariage est annulé.
-
C’est moi
qui prend les décisions ici, Sanal, rappela Lizzie dans un sifflement.
J’attends ta réponse, heu… Comment t’appelles-tu ?
Le garçon,
malgré le grand dadais qui l’avait menacé, était resté impassible. Il leva la
tête vers Lizzie et s’inclina de nouveau devant elle.
-
Gilles, fils de rien, Miladie, se présenta-t-il. Pour
vous servir.
-
Merci,
Gilles. Alors, peux-tu m’expliquer… cette chose ?
-
Un
incendie, Miladie, lui apprit Gilles en se relevant. Ça fait déjà quelques
mois… Le manoir est en cours de rénovation, rassurez-vous. Je pensais qu’il
serait achevé à votre arrivée. C’est aussi pour ça que j’avais mandé plus de
temps à vos parents… ce qu’ils m’ont refusé, apparemment.
Il poussa un
soupir lourd d’ennuis. Ses épaules étaient courbées comme sous le poids de trop
lourdes responsabilités.
-
Je vais
vous conduire auprès de Mr le Comte, reprit Gilles en tâchant de se donner
contenance. Si vous voulez bien me suivre, Miladie Elizabeth.
-
Bien…
Le hall était
vaste et chaleureux. Bien que la poussière s’accumulait, les murs noircis par
le feu étaient habilement dissimulés sous de lourdes tentures chatoyantes. Des
chandeliers, hauts comme un homme, étaient disposés le long d’un long tapis qui
démarrait au seuil de la maison et se prolongeait sur les marches d’un escalier
de marbre. Sanal grogna en voyant un cafard sortir de sous l’une des tentures.
Cet endroit respirait la pauvreté ! Pourquoi sa Maîtresse refusait de partir ?
Il soupira. La réponse, il la connaissait parfaitement. Son insatiable
curiosité…
-
Dîtes-moi,
Gilles, l’interrogea Lizzie avec étonnement. Où sont donc les autres
domestiques du manoir ? Je croyais pourtant que vous étiez nombreux !
Gilles lui jeta
un regard en coin, détaillant son visage. Il finit par soupirer et se
lança :
-
Une
épidémie a emporté tous nos domestiques l’an passé. Moi seul ait survécu. Et Mr
le Comte n’a pas vraiment le temps, ni l’envie, de s’occuper de ça pour le
moment, grinça-t-il.
-
Tous sont
morts ? souffla Lizzie, sous le choc. Même la sœur d’Achima ?
Gilles
sursauta. Il se tourna vers la jeune femme et la couvrit d’un regard presque
tendre.
-
Je sais
qu’Achima aimait beaucoup sa sœur. Elle a travaillé chez vous avant de nous rejoindre :
une sorte d’échange de domestiques. Je suis désolé que ce soit par moi que vous
appreniez la nouvelle. Si vous le souhaitez, je vous conduirai à sa tombe tout
à l’heure.
-
Elle est
enterrée au manoir ?
-
…Nous y
sommes.
Gilles frappa à
la porte à doubles battants qu’il repoussa d’un ample mouvement. Une
désagréable odeur de pourriture et de relents d’alcool vinrent irriter les
narines Lizzie qui fronça le nez. Quelle épouvantable odeur ! Gilles
s’engouffra dans la pièce sombre pour tirer les rideaux d’un coup sec. Le
soleil inonda la pièce. Elle-même était jonchée de déchets et de bouteilles
vides. Des draps et des vêtements étaient éparpillés sur le sol.
-
Gilles !
rugit une voix pâteuse. Qu’est-ce
que tu fiches, sale chien ?!
-
Mr le
Comte, votre fiancée est arrivée, annonça le domestique d’une voix venimeuse.
Miladie Elizabeth, reprit-il sur un tout autre ton. Je vous laisse quelques
instants, le temps pour moi de trouver un remède pour la gueule de bois de mon
Maître.
Lizzie faillit
le retenir, mais son bras retomba le long de son corps alors qu’elle reculait
jusqu’à se cogner à Sanal. La présence de son domestique la rassura. L’homme
qui se dressait devant elle allait torse nu, ses cheveux roux descendant jusque
dans le bas de son dos. Seuls les nobles avaient le droit de les porter aussi
longs.
Lizzie se
secoua et s’inclina devant Wait.
-
Comte Wait
Phamvarna, le salua-t-elle. Je suis la duchesse Elizabeth Nemurine. Enchantée
de faire votre connaissance.
-
Ouais,
ouais, grogna Wait en se curant l’oreille à l’aide de son petit doigt. Alors
comme ça on est fiancé ?
-
Depuis la
naissance, Mr le Comte.
-
Hum… Gilles
ne m’avait pas parlé de ça.
-
Comment ?
-
Rien… Ce
fils de chien.
Le “fils de
chien” apparut sur ces entre faits avec un gobelet en porcelaine à la main.
Wait s’en empara et le vida avant de le lancer par dessus son épaule.
-
Gilles,
réveille les autres, ordonna-t-il en bâillant.
-
Bien…
Le domestique
se tourna vers un coin de la pièce où gisaient des tas de chiffons. Pourtant,
quand Gilles les secoua, des jambes leur poussèrent subitement et se mirent à
battre l’air. Trois silhouettes se redressèrent maladroitement. Deux jeunes
femmes et un homme. L’une avait des cheveux d’un violet presque blanc coupés au
carré court et des yeux incroyablement froids. L’autre au contraire, avait un
regard chaleureux et de longs cheveux châtains attachés en queue de rat. Quant
à l’homme, il portait de petites lunettes fumées rondes et avait ses cheveux
blonds coupés jusqu’aux épaules. Il offrit un sourire éméché à Lizzie. Cette
dernière fronça les sourcils. Mais rien de tout ça ne correspondait aux
rumeurs ! Etait-ce une mauvaise farce ? La famille Phamvarna, la si
prestigieuse famille… Ça ne pouvait pas être elle !
Gilles capta
son regard empli d’incompréhension, mais s’abstint de tout commentaire. Il
allait quitter la pièce la pièce quand son regard tomba sur le dernier tas de
chiffon qui gisait à terre.
-
Holly,
murmura-t-il.
Il se précipita
vers la jeune femme qu’il aida à se lever. Lizzie sursauta à sa vue. Il lui
manquait une main !
-
Qui
est-ce ? murmura-t-elle, un haut le cœur coincé dans la gorge. Qu’est-il
arrivé à sa main ?
-
Une esclave
rebelle, ricana Wait.
-
Une
esclave ? Les esclaves sont interdits depuis longtemps dans le pays !
Si l’on a un serviteur, on doit le payer !
-
Oui, oui,
grogna le Comte. Une domestique alors, si tu veux.
-
Gilles
m’avait pourtant dit qu’une épidémie les avait tous emportés.
-
Gilles est
le seul qui m’obéit.
Lizzie ravala
une réplique cinglante qui lui venait à l’esprit. Elle observa la jeune femme
qui peinait à tenir sur ses jambes. Dans l’œil de Gilles se reflétait une
sombre colère. Il commençait à sortir de la pièce avec Holly quand la voix de
son Maître claqua :
-
Où
comptes-tu aller, Gilles ?
-
La soigner,
répliqua celui-ci sans se retourner. Vous m’aviez dit que vous ne lui feriez
rien, hier.
-
Fait gaffe
au ton que t’emploies avec moi, sinon tu sais ce qui t’attend !
Reviens-là.
-
…
-
Maintenant !
Gilles déposa
doucement Holly sur le sol. Sanal s’accroupit auprès d’elle. La pauvre était
dans un triste état. Le domestique Nemurine jeta un coup d’œil à sa maîtresse.
Elle était outrée par l’attitude de Wait. Il se demandait combien de temps elle
allait tenir avant d’éclater. Elle sursauta quand la gifle claqua. Sur le coup,
Gilles partit à la renverse, mais Lizzie vit la jeune femme aux longs cheveux
châtains accourir pour le soutenir.
-
Bouge-toi
de là, Rima ! cracha Wait.
La jeune femme
se contenta de redresser le domestique. Ce dernier se dégagea de ses bras avec
brutalité, ne gratifiant même pas Rima d’un regard.
-
Ce sera
tout ? souffla-t-il à Wait.
-
Dégage.
-
Bien, Mr le
Comte.
Il se dirigea
droit sur Holly qu’il releva doucement. Il s’inclina devant Lizzie et Sanal
puis quitta la chambre. Alors Wait sembla enfin se rendre compte de la présence
de sa fiancée.
-
Veuillez
excuser ce désagrément, s’excusa-t-il (de mauvaise grâce selon elle). Vous tombez
plutôt mal, ma chère… Heu, c’est quoi ton p’tit nom ?
-
Elizabeth.
-
Ma chère
Elizabeth. Je suis plutôt occupé aujourd’hui.
-
Notre
rencontre était pourtant programmée.
-
Si tu le
dis. Rima, va donc voir ce que fait Gilles. Dis-lui de préparer le déjeuner.
Lena, occupe-toi de la fiancée.
Si Lizzie
n’avait pas reçu l’ordre de ses parents de ne contester aucune des paroles de
son fiancé, elle les lui aurait fait ravaler ! Mais pour qui se
prenait-il ? Sa famille était tout aussi noble que la sienne !
Pourquoi la prenait-il ainsi de haut ? Pourquoi le manoir était-il en si
mauvais état ? Qui était Gilles en réalité ? Qui était Holly,
également ?
Lizzie se promit de tirer les choses au clair et un fin sourire étira ses
lèvres. Elle qui pensait qu’elle allait s’ennuyer à mourir, c’était plutôt
raté ! Et voilà le premier chapitre de ma fiction ! La suite pour bientôt !
Marine Lafontaine
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