lundi 30 septembre 2013

CONTRE-ARTICLE

  
  Bien le bonjour tout le monde ! Aujourd'hui, je profite du fait que je sois un t'chô peu malade pour sortir un nouveau type d'article.
   Alors, qu'est-ce qu'un contre-article. C'est la même chose que d'habitude, une fiche de lecture, mais cette fois-ci, ce ne sera pas un éloge, mais une critique. Je me suis dit qu'une fois de temps en temps, ce ne serait pas plus mal. 

  Et pour inaugurer, je vais directement m'attaquer à un livre dont, personnellement, j'attendais beaucoup : La couleur de l'Ame des Anges, de Sophie Audouin-Mamikonian

    Ce livre est une sorte de série en deux tomes, si j'ai bien compris, mais le deuxième tome n'est pas encore sorti parce que l'auteur se concentre en ce moment plus sur Tara Duncan et Indiana Teller (autant j'adore ce dernier, autant j'ai toujours eu du mal avec son aînée qui est entraînée en ce moment dans un triangle amoureux absolument insupportable). 

   Alors, revenons à nos Anges. Je vais commencé (tout de même) par mettre en avant ses points forts avant de m'attaquer réellement au gros morceau. Mais, avant de commencer, je tiens à préciser que je n'ai pas lu le livre en entier (je me suis arrêtée environ aux trois quarts), donc cet contre-article reste incomplet. De plus, il ne s'agit que de mon avis, rien n'est objectif. Il est fort possible que vous le lisiez que et vous adoriez ! Maintenant, place à l'article !

   Tout d'abord, le sujet. Dans ce livre, tous les personnages sont des morts. J'ai bien aimé l'introduction d'Einstein dans l'histoire, mais je regrette qu'on ne rencontre que lui. L'auteur a mis en place une vision du “paradis” qui s'éloigne des idées conventionnelles. Là, ni démons, ni diable, ni dieu : juste des morts qui se font appeler Anges et qui se nourrissent de sentiments humains. 
    Ici, les âmes révèlent vraiment les personnalités et les sentiments des uns et des autres. Elles se colorent en fonction de ce qu'on éprouve et se matérialise sous forme de brume que mangent les Anges pour survivre. 
   Après, je mettrai en avant la quête de l'héroïne dont je ne me rappelle plus du tout le nom…? Rachelle ? Laure ? Heu… Bah, après vérification, elle semble appeler Allison… Bref, toujours est-il qu'Allison poursuit un but vraiment honorable, ce qui fait d'elle un personnage respectueux. 
   Enfin, le héros est tout de même un personnage intéressant qui n'a réellement commencé à vivre qu'après sa mort. Ses relations avec sa famille jouent énormément sur son charisme de petit génie isolé. 

   Bon, maintenant… on commence ? 
   Premièrement ! j'ai déjà eu le coup avec Tara Duncan, ce qui m'a fait lâcher complètement la série que je ne lis plus que pour l'unique raison de savoir qui est Magister : cette systématique qu'à l'auteur de mettre tout le temps en avant l'extrême beauté de ses personnages ! Je veux bien qu'on le fasse de temps à autre, mais là, c'est trop ! Tous les Anges sont magnifiques (et même les vivants, tiens) et l'auteur ne cesse de nous le rappeler ! Overdose de beauté, vraiment ! Bref… 
   Deuxièmement, cette manie aussi de tout expliquer par la présence des Anges. Mais ils gèrent complètement le monde ! Des acouphènes ? Les Anges. Une idée de génie? Les Anges. Une guerre ? Les Anges. Des appartements délaissés ? Des Anges. 
    Ce qui m'amène à mon troisième point. Je suis une existentialiste. Pour moi, nous sommes nés dénudés de tout critère préétabli et nous sommes totalement libres de nos choix et de notre vie. Hors, là, les Anges contrôlent absolument tout ! Ils influencent votre façon de voir les choses, vos choix, vos désirs, tout ! Ce qui m'a relativement énervée…
    Quatrièmement… Heu, c'était quoi déjà ? Je viens de perdre le fil… Ah, ça me revient ! l'auteur qualifie elle-même son au-delà comme une sorte de survival game. Pour le peu que j'en ai lu, ça avait l'air plutôt pépère. Le personnage passait son temps à jouer le voyeur et à accompagner Allison tout en essayant de la prévenir qu'un tueur psychopathe rôdait dans les environs. Il allait de temps en temps se nourrir puis retournait jouer les voyeurs. Je n'en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher l'histoire si vous souhaitez lire le livre. 

   Je vais m'arrêter là pour ce contre-article. Comme vous le voyiez, ce livre a tout de même pas mal de points positifs, mais les négatifs sont pour moi trop lourds pour que je puisse apprécier ma lecture. Après, je répète, ce n'est que mon avis et je n'ai pas lu le livre jusqu'au bout, je n'ai qu'une vision partielle des choses. 
   
Marine Lafontaine

vendredi 27 septembre 2013

ARTICLE SHAMPOING


  Bien le bonjour ! Aujourd'hui, nouvel article shampoing avec, en tête d'affiche, Jack et la Mécanique du cœur et Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi !

  Ce qu'on ces deux histoires en commun, c'est qu'elles sont issues de l'imagination poétique et farfelue du même auteur : Mathias Malzieu, le leader du groupe Dionysos. 

   Si vous suivez ce blog depuis ces débuts, alors peut-être connaissez-vous l'article sur La Mécanique du Cœur qui est sûrement la plus belle histoire d'amour que j'ai lue jusqu'à ce jour. C'est un roman féérique, magnifique, poétique, une aventure magistrale où se mêle l'amour et la magie dans un subtil bouquet de roses parfumées. C'est également un CD grandiose que j'ai écouté en boucle à une époque (au grand damne de ma mère qui ne supporte pas Dionysos) et dont je suis capable encore de chanter toutes les chansons sans hésitation. 

   Mais c'est également un film ! Enfin, ça va le devenir, tout du moins. Il sortira, à priori, le cinq février 2014. En voici tout de suite la bande annonce !

  
   Je dois vous avouer, que pour avoir lu l'histoire au moins trois fois, avoir plutôt imaginé des personnages à la Tim Burton pour le film d'animation. Je pense que cela aurait collé totalement avec l'univers du livre. Mais c'est avec Luc besson que Mathias Malzieu s'est associé et le rendu n'en est pas moins beau et poétique. J'en parlerai plus longuement plus tard, place au livre ! 

   Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi est un roman qui a été écrit quelques années avant La Mécanique du cœur. Il raconte l'histoire d'une jeune homme qui doit surmonter le vide affreux laissé par la mort de sa mère. Pour cela, il sera aidé de Jack, un géant à l'ombre consolatrice. 

   Je reviendrai sur l'adjuvant plus tard. Ce livre est court, mais j'ai eu assez de mal à le lire. L'histoire est magnifique, le style d'écriture également, mais c'est dur. C'est triste et dur, on ressent vraiment la détresse du protagoniste dans notre chair et notre âme.
    C'est un livre vraiment magnifique. Et, encore une fois, vous pouvez retrouver certaines chansons qui font référence à cette histoire dans l'album de Dionysos appelé Monster in love. A écouter, c'est aussi un très beau disque. 

   Revenons sur Giant Jack. Ce géant est souvent comparé à un vieil arbre. Il possède une ombre immense qu'il détache par morceaux pour aider les gens à surmonter leur deuil. Il peut voyager dans le royaume des morts et il n'est autre qu'une version vieillie du petit Jack, héros de La Mécanique du Cœur
   D'après l'article que j'ai lu, Giant Jack est né dans l'esprit de son créateur assez tôt. Puis, Mathias Malzieu aurait voulu écrire son enfance et sa jeunesse pour permettre aux lecteurs de comprendre pourquoi il était devenu ainsi. 

   Personnellement, je n'ai pas respecté l'ordre de lecture, et ça n'a rien gâché du tout, au contraire. Vous pouvez lire les livres dans l'ordre que vous voulez. 

  A découvrir le plus vite possible et rendez-vous en février pour un compte rendu sur le film que je ne manquerai sous aucun prétexte ! 

Marine Lafontaine

  

lundi 23 septembre 2013

LES CONSEILS DE MARINE, 5EME ROUND

   Bien le bonjour ! Aujourd'hui, nouveau billet sur des petits conseils. Cette fois-ci, je vais vous aider à construire une histoire en vous fournissant une astuce qui vous aidera, je l'espère, à rendre votre récit intéressant, voir passionnant. 

   Il existe une astuce que j'utilise énormément dans mes livres pour leur donner un minimum d'intérêt. J'appelle ça : l'intrigue derrière l'intrigue. Ce n'est guère original, certes, mais cela résume bien l'idée.

   Alors, keskecé que cette petite bête là ? Il s'agit en fait d'un procédé fort simple : vous écrivez une histoire, une qui peut même paraître banal. Puis, au fur et à mesure de votre récit, vous faites découvrir au lecteur la face cachée de l'intrigue… Mouais, ce n'est pas super clair ! 

   Prenons un exemple. Alors, sur le vif, on va se faire une petit impro. Disons, un homme, un historien, qui part faire des recherches sur les heu, mayas ? Ouais, on va dire ça. Donc il y va, fait son petit bonhomme de chemins avec ses recherches, fait quelques rencontres etc, etc. PUIS ! On découvre qu'en réalité, il n'est pas celui qu'on pensait qu'il était ! Par exemple, qu'il est possédé par un maya qui cherche à faire renaître son peuple. Ou d'autres choses de ce genre. 

   Le but est de surprendre le lecteur. Le principe de l'intrigue derrière l'intrigue n'est pas un rebond, mais un total retournement de l'histoire. C'est tout remettre en cause, mais pas tout de suite.  Il faut d'abord que vous laissiez l'intrigue première s'installer avant de pointer le lecteur du doigt et lui dire “Tu as été trompé. Ce que tu vois, ce n'est pas la réalité”.

   Pour illustrer mes propos, j'ai choisi de m'appuyer l'œuvre de Terry Goodwink, sa collection de L'Epée de Vérité. Dans le premier tome de la série, Richard recevait la première leçon du sorcier (d'où le titre du tome, d'ailleurs). Bon, pour ce qui ne veulent pas que je leur dévoile cette première leçon, tout sera écrit en blanc (même si, je vous assure, ce n'est pas un élément clé de l'intrigue). Les autres n'ont qu'à surligner le passage suivant. 

   Je disais donc, la première leçon du sorcier s'appuie sur la volonté des gens. Zed, le sorcier au nom
très, très long, donc nous nous contenterons de Zed et non de Zeddicus Zu'l Zorander, Zed nous dit que les gens croient ce qu'ils ont envie de croire, et que c'est ainsi qu'ils se laissent heu… “berner” par des illusions ou des rumeurs. 
    C'est exactement ce procédé-ci avec l'intrigue derrière l'intrigue. Vous poussez les lecteurs à croire en certaines choses, puis vous inversez la tendance avec de nouvelles informations qui vous font dire le contraire de ce que vous disiez jusque là. 

     Voilà en somme, le procédé de l'intrigue derrière l'intrigue. Cela rendra votre récit plus vivant,  plus attrayant et surtout plus intéressant ! Bien sûr, il existe encore une multitude de façons d'étoffer votre récit, je vous en parlerai dans un prochain article !
   En attendant, vous pouvez vous abonner, me suivre sur Facebook ou Google +, laissez un commentaire ou me commander un article. Surtout n'hésitez pas et à très bientôt !    

lundi 16 septembre 2013

10 100

   Oyé, oyé ! Nobles damoiseaux et gentes demoiselles ! Le crieur publique a une annonce à vous faire parvenir ! Oyé, oyé ! Grand évènement ! 

   Il était une fois un petit blog, né un jour d'avril (le 22 pour être précis). Il était fourni en articles par une demoiselle qui aimait publier toutes sortes de nouveautés. Et les visiteurs, curieuses petites bêtes que cela, commencèrent alors à affluer…

   Messieurs dames, nobles damoiseaux et gentes damoiselles, j'ai l'immense privilège aujourd'hui de vous annoncer que nous avons atteint les 10 100 visites aujourd'hui même !!!

   Un énorme merci pour tous ceux qui viennent lire ce blog, merci à tous les visiteurs, à tous les lecteurs, à toux ceux qui laissent des commentaires et à tous ceux qui m'envoient des mails ! C'est super !

   Pour fêter l'évènement, je voulais vous faire un dessin, mais… Bah, je n'ai pas réussi. Ce que j'ai produis n'était vraiment pas à la hauteur du moment, alors j'ai choisi de me concentrer sur ma spécialité, c'est à dire, l'écriture ! 

Alors, voici maintenant, oui, tout de suite, immédiatement, les deux derniers chapitres de la fiction “Médée, un monstre d'humanité”. Oui, la fin, vous avez bien lu ! Je vous souhaite une très bonne lecture et on se retrouve après pour notre instant musique ! 

 
Pollux lui avait donné du fil à retordre. Phérès, vacillant, regagna péniblement sa chambre. Le sort dont il avait usé lui avait coûté beaucoup de son énergie… Il s’affala contre sa porte, le cœur battant la chamade. Le moindre effort lui était douloureux. Il entendit soudainement des pas précipités et un verrou qu’on défait. La porte bascula, lui retirant son seul soutien. Entraîné par son poids, le garçon s’affaissa dans les bras de son frère. 
-                Phérès ! s’inquiéta-t-il. Phérès !
-                Merméros, murmura-t-il d’une voix endormie. Retourne te coucher !
Mais son jeune frère ne semblait pas décidé à lui obéir. Ses mains s’agrippèrent au vêtement de son aîné alors qu’il enfouissait son visage dans le creux de son épaule.
-                Pourquoi ? s’étrangla-t-il. Si seulement j’avais des pouvoirs, moi aussi…
Phérès se redressa, étonné. C’était bien la première fois que Merméros parlait en ces termes. Serait-il jaloux ? Non… plutôt inquiet. Il lui sourit avec douceur.
-                Tu en as un, mon frère, un bien plus grand que n’importe lequel de mes sortilèges.
-                C’est vrai ? balbutia Merméros. Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est ?
Son frère ne répondit pas. Il se contenta de lui sourire et de passer une main sur ses yeux. Quand il la retira, son frère dormait profondément contre lui.
-                Ça, tu le découvriras un jour, mon cher frère.
Son regard se porta par delà la fenêtre percée dans le mur du couloir. Il plissa les yeux, gagné par une soudaine mélancolie.
-                L’aube est là… 

Corinthe tout entier était en fête ! La joie courait dans les rues, planait dans le ciel tel un oiseau d’or dont les ailes saupoudreraient les esprits d’un éclat nouveau. Aujourd’hui, mariage. Aujourd’hui, le vieux roi quittait son trône. Aujourd’hui, une nouvelle page de l’Histoire s’écrivait.
Voilà qu’elles étaient les pensées de Jason en voyant les plébéiens danser sur les routes pavées. On frappa à sa porte.
-                Entrez ! lança-t-il.
Nérine le salua bien bas. Elle tenait entre ses bras la magnifique tunique de Médée.
-                Voici le vêtement exigé par la princesse, sourit-elle avec douleur. Je suis sûre qu’elle ira à merveille à votre nouvelle épouse, seigneur Jason.
Le jeune homme sentit un élan de culpabilité étreindre son cœur. Il voulut parler, mais Nérine lui fit signe de se taire.
-                Mon Seigneur, murmura-t-elle, les yeux larmoyants, votre union est bénie par les Dieux. Vous êtes un enfant bon, Jason, mais cruel envers les femmes qui s’éprennent de lui. Soyons bon envers Créuse, je vous en prie. Faites au moins cela.
Ses paroles étaient teintées de solennité, elles sonnaient comme un serment. Jason se promit de ne pas les prendre à la légère. Il cueillit le somptueux vêtement et le remit à un esclave.
-                Je respecterai ta volonté, Nérine, promit-il. Oui, je le ferai, je le jure sur le Styx.
-                Ne jure pas, doux guerrier. Seul l’avenir nous dira si Créon a eu raison de te confier la vie de sa fille.
-                … Nérine ?
-                Comment va… Médée ?
La vieille servante pâlit. Elle songeait à sa maîtresse, perdue dans sa douleur, enfermée dans sa chambre alors que son exil pesait telle une épée de Damoclès sur sa tête, l’esprit perclus de souffrance, les pensées empoisonnées de mille sortilèges maléfiques.
Pourtant, elle cacha sa peur derrière un sourire affable.
-                Elle guérit, seigneur. Comme un malade qui sort d’une grippe, elle a encore l’esprit engourdi, mais elle comprend votre choix.
Un vif soulagement peignit les traits de Jason. Il se laissa tomber sur un divan.
-                Puis-je vous faire une confidence, Nérine ?
-                Cela dépend de quelle sorte de confidence il s’agit, seigneur, émit la vieille fille avec méfiance.
-                Je n’ai jamais aimé Médée… Elle m’a toujours procuré un sentiment de puissance. Se tenir à ses côtés nous donnaient l’impression d’être capable de triompher des plus grandes épreuves. Mais auprès de Créuse, j’ai découvert un nouveau sentiment, une émotion qui me fait me sentir grandiose… et unique.
Cette confession ébranla Nérine. Elle posa un regard humide sur Jason. Puis elle s’avança et baisa son front.
-                Mon pauvre enfant, s’étrangla-t-elle. Je prie pour que les dieux aient pitié de toi… 
Jason la dévisagea avec insistance. Et il comprit.
-                Moi aussi, Nérine… Je prie pour que Jupiter ait pitié de moi.

Médée s’avançait dans les couloirs sombres. Elle allait, les pieds chaussés de sandales de cuir dont les lacets enserraient ses chevilles. Elle était vêtue d’une simple tunique blanche serrée à la taille par une ceinture. Les esclaves chuchotaient sur son passage, se demandant pourquoi elle était habillée de la tenue des épousées. Ils désignaient le voile orangé qui couvrait ses cheveux coiffés selon ce rite particulier réservé aux fiancées. Sa longue chevelure avait été séparée en six tresses qui avaient été ensuite fixées autour de sa tête à l’aide de bandes de laines et d’épingles. Un curieux sourire semblait être gravé sur ses lèvres… 
-                Ubi tu Gaïus, ibi ego Gaîa, murmurait-elle dans une étrange litanie.
Elle répétait la phrase rituelle dans un murmure, comme si prononcer ce vœu à voix haute la consumerait. Elle avait tout d’une jeune mariée dans sa plus belle toilette, une jeune femme dont le souhait le plus cher se réaliserait en ce jour… 
-                Médée !
La prêtresse d’Hécate ne s’arrêta pas à cette injonction. Une main la saisit violemment par le coude et elle posa alors son regard vide sur un Pollux visiblement furieux.
-                Que fais-tu ?  Tu n’as pas ta place ici ! Tu devrais déjà être partie en exil, loin de nous tous ! Tu ne dois être présente lors du mariage !
C’est alors qu’il dénota son étrange toilette. Il pâlit à cette vue. 
-                Mais qu’as-tu l’intention de faire ? murmura-t-il.
-                … 
-                Médée ! Je sais que Jaon a mal agi envers toi ! Il a bafoué ta confiance, il t’a humiliée ! Mais ce n’est pas en restant présente ici que tu parviendras à guérir tes blessures ! Si tu assistes à cette union, ton cœur jamais ne cessera de saigner !
La magicienne éclata brusquement de rire. Elle dégagea son bras de l’emprise de Pollux et reprit sa marche. Il voulut la suivre quand on tira sur sa tunique. Baissant les yeux, il vit Phérès qui le fixait, sourcils froncés.
-                J’ai l’impression que tu as oublié mes ordres, siffla l’enfant. Laisse mère !
Pollux voulut protester, mais une force titanesque l’en empêcha. Il était incapable de contredire le fils de Médée ! Pis encore, il sentait qu’il devait agir selon ses directives ! Alors, il hocha la tête, les yeux vidés de toute volonté.
-                Oui, Phérès… Il en sera ainsi.

Les gardes s’empressèrent de s’écarter à la vue de Médée, peu désireux d’être victimes de ses maléfices. La jeune femme ne leur accorda même pas un regard alors qu’elle passait la porte des geôles. Dans l’une de ses cellules crasseuses, recroquevillé sur lui-même tel un enfant qui attendrait sa punition, se trouvait Egée.  
-                Ce n’était pas moi, ce n’était pas moi, murmurait-il en se balançant doucement tout en mordillant l’ongle de son pouce. Ce n’était pas moi, je ne sais pourquoi j’ai fait ça, ce n’était pas moi, pitié, Créon, écoute-moi, ce n’était pas moi, ce n’était pas moi… 
-                Pauvre, pauvre roi, déclara doucement Médée. Aurais-tu donc été ensorcelé ?
Le roi d’Athènes leva ses yeux écarquillés sur la magicienne, comme frappé d’une illumination.
-                Oui, coassa-t-il d’une voix enrouée à force de clamer son innocence. Oui, c’est cela, j’ai été ensorcelé ! Ô bonne dame, je vous en supplie, aidez-moi !
L’intéressée lui sourit avec douceur et s’accroupit à sa hauteur. Ils n’étaient séparés que par les barreaux. Egée frissonna en sentant le souffle glacé de cette femme sur sa peau. Qui était-elle ?
-                Je vais vous sorti d’ici, lui confia-t-elle sur un ton étouffé. Dès que le mariage sera passé, nous serons libres, tous les deux… Mais, pour cela, j’aurai besoin que vous me fassiez une promesse.
-                Une… promesse ?
-                Vous allez devoir m’emmener avec vous, à Athènes, et me placer sous votre protection royale. Parce que vous m’aimez, n’est-ce pas ?
La tête d’Egée dodelina alors que ses paupières s’abaissaient, tels des voiles lestés de plomb. Il tenta de lutter un moment contre la torpeur qui gagnait ses membres, mais, un instant plus tard, il y avait cédé et était plongé dans un profond sommeil. Médée reprit son souffle, pantelante. Ce sort lui avait coûté énormément en énergie. Pourtant, il était nécessaire pour qu’elle assure ses arrières.
-                Voilà une bonne chose de faite, chuchota-t-elle alors qu’elle se redressait.
Alecto, la furie de l’Implacable, la suivait des yeux sans un mot. Ses sœurs étaient parties surveiller les agissements de Jason et de Créuse. Elle, elle avait tenue à continuer de suivre la sorcière de Colchide. Dérobée à son regard par une puissance autrement plus forte que la sienne, elle marchait dans ses pas sans que la jeune femme ne se doutât de rien. Elle la suivit du regard alors qu’elle quittait la prison.  
-                Oui, ma sœur, va… murmura-t-elle. L’heure est venue de punir les crimes… 

Dans ses appartements, Créuse se tenait devant son miroir. Ses dames de compagnie lui avaient présenté la robe de Médée quelques minutes auparavant. Le vêtement était encore plus beau que dans ses souvenirs… Le tissu était d’une douceur surprenante, les broderies étaient simplement d’une beauté sans pareille ! Emerveillée, la princesse la contemplait encore et encore sur son portant sans oser l’enfiler.
Le cœur battant, elle se rappelait avec acuité de la veille quand elle avait prié les lares. Elle quittait enfin le monde de l’enfance, la protection paternelle pour s’unir à l’homme après lequel elle avait soupiré pendant tant d’années.
Elle le volait à la sorcière… 
Non.
Elle le sauvait. Oui, ses actes étaient justes, elle n’était pas en tort. Avec un rictus, elle se remémora le visage de cette femme quand elle lui avait annoncé la nouvelle de son mariage. Ses traits ravagés, son teint blanchâtre, tel celui d’un fantôme, ses yeux démesurés par la peur… A sa grande stupéfaction, elle l’avait vu s’effondrer à ses pieds, tel un vulgaire pantin dont on aurait soudainement tranché les fils. Elle avait ressenti à ce moment-là une sorte de délectation qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant, excepté dans ces soirées folles où elle prenait plaisir à battre ses esclaves. 
-                Vêtissez-moi !
Sa tunique tomba à ses pieds. Nue, elle tendit ses bras graciles pour laisser la robe glisser contre sa peau. Elle eut un frisson de délice au contact soyeux de l’étoffe. En quel matériau cette toilette pouvait-elle bien être tissée ? Elle n’en connaissait pas de semblable. Quand son regard croisa les yeux de son reflet, elle eut un mouvement de recul, sublimée par sa propre image.
-                C’est… magnifique, murmura-t-elle, le souffle coupé par l’émotion.
Ses doigts caressèrent la surface polie de son miroir. Elle avait l’impression de faire face à une autre femme, plus belle encore, comme si Vénus était venue lui accorder ses grâces. Ses cheveux lui semblaient vaporeux, auréolés d’une lumière surnaturelle. Sa peau, blanche comme le lait… 
-                Je suis Créuse, nouvelle reine de Corinthe, s’enorgueillit-elle. Reine et épouse, enfin !
Un vent violent se leva et souffla soudainement les chandelles des candélabres. Créuse se figea, habitée par un malaise inexpliqué.
-                Rallumez les bougies ! rugit-elle. Faites-le immédiatement !
Nul bruit ne lui parvint en réponse. Inquiète, la princesse se recula jusqu’à toucher le miroir. Sa surface lui paraissait glacée… 
-                Que se passe-t-il ? murmura-t-elle. Obéissez-moi, esclaves !
Un rire lui répondit. Un frisson malsain la parcourut toute entière. Jamais elle n’avait entendu son plus sinistre. Une mélodie alors s’éleva.
-                Créuse, petite princesse aux mains couvertes de sang de ceux qu’elle bat… 
La fiancée poussa un hurlement de terreur. Elle se recroquevilla sur elle-même, les mains plaquées sur ses oreilles, les pupilles dilatées. Mais la chanson, au lieu de s’éteindre, s’amplifia et sembla remplir tout son être.
-                Créuse, petite princesse, qui s’amuse de la souffrance de ceux qu’elle bat… Créuse, petite fille, toujours dans les jupes de son papa… Créuse, sale fillette, aux caprices de reine qui séduit les hommes qui ne lui appartiennent pas. Créuse, stupide gamine, tu n’es rien… 
La princesse porta alors ses mains à sa gorge. Elle ne parvenait plus à respirer ! Le vêtement était en train de l’étrangler. Elle voulut appeler au secours, se lever, courir loin de cette voix venimeuse, mais la robe l’enserrait dans un étau de fer. Elle s’écroula à terre, la bave aux lèvres. Ses yeux suppliaient une aide, une main charitable qui saurait la dégager de ce piège morbide.
-                J… Ja… son, parvint-elle seulement à articuler péniblement.
Sa souffrance fut brève. Quand elle eut rendu son dernier souffle, Tisiphone, la Vengeance, sortit lentement de sa cachette. Les serpents dans ses cheveux sifflaient de joie, mais le visage de la furie demeurait grave. 
-                N’y voit rien de personnel, Créuse, fille de Créon. Mais il fallait que tu périsses… 
Elle eut un bref ricanement.
-                Maintenant, laissons l’histoire reprendre son cours.
Elle claqua des doigts et disparut instantanément. Les flammes des chandelles se ravivèrent et les esclaves, encore désorientés par ce qu’il venait de se produire, découvrirent le corps de leur maîtresse gisant à terre.

Créon était en train de faire une offrande à Jupiter avec Jason. Ils avaient sacrifié un jeune agneau en lui tranchant la gorge. Le sang de l’animal se répandait sur l’autel à grand flot, teintant la pierre d’un rouge cramoisi. Le roi plissa le nez. Ses rituels, bien qu’ils lui paraissent naturels, lui avaient toujours soulevé le cœur. Alors qu’il s’écartait pour laisser plce à son gendre et lui permettre d’adresser ses prières au roi des Dieux, il se sentit tiré brusquement en arrière. Une main froide armée de longues griffes fut plaquée sur le bas de son visage. Une odeur de charogne lui parvint et il gémit. Mais personne ne semblait se rendre compte qu’on était en train de violenter le roi sous leurs yeux.
-                Ô roi stupide, toi qui te prétends sage, mais qui n’est qu’un homme cupide et stupide, chuchota Mégère dans le creux de son oreille. Toi qu’on dit être juste et qui t’acharne sur le sort d’une simple femme… Toi dont l’œil déforme la vérité, toi dont les paroles changent les faits. Deux malheurs vont te frapper. Ton destin s’accomplit, tu ne peux y réchapper… 
 La main libéra sa bouche. Créon voulut hurler, mais en était incapable. Les portes du temple furent alors violemment écartées par ses esclaves personnels.
-                Votre Majesté ! C’est terrible, votre fille… !

Créon et Jason débouchèrent en trombe dans l’appartement de Créuse où elle gisait encore à terre. Aucun esclave n’avait encore osé toucher son cadavre. Jason, livide, n’osa pas pénétrer la chambre de sa fiancée. Accablé, épouvanté, il la contemplait sans pouvoir dire un mot ou esquisser un geste. Créon, lui, tomba aux côtés de sa fille. Ses mains tremblantes caressèrent son visage. 
-                Pourquoi ? gémit-il. Qu’avez-vous fait ?!
Il se tourna vers Jason, hors de lui.
-                Toi ! Tu as amener le fléau dans ma demeure ! Tu es un monstre, tout autant qu’elle !
-                Q… Quoi ? parvint seulement à balbutier le jeune homme, encore sous le choc.
-                Vous avez tué Créuse ! Vous avez assassiné la chair de ma chair !
Tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué ! Jason gémit, la tête comprimée par les reproches. Il se frotta les tempes comme pour espérer soulager la douleur qui l’habitait. Titubant, il se laissa aller contre le portant de la porte.
C’est alors que se produisit le deuxième malheur.
Un hurlement sans fin sortit de la gorge de Créon. Il était extrêmement douloureux, plus douloureux qu’une simple plaie de cœur. Sous les yeux terrifiés de ses esclaves, le bras de Créon venait de prendre feu. Jason, tétanisé, n’osait pas bouger un seul muscle. Les flammes gagnaient du terrain, dévoraient chair et vêtements. Les esclaves balancèrent de l’eau, mais le feu se raviva à son contact. Alors, ils essayèrent de l’éteindre à main nue, mais ils ne se brûlèrent pas.
-                Démon ! hurla une esclave avant de tourner de l’œil.
Créon se tordait de douleur sur le sol, hurlant et hurlant encore. Les essais de ses esclaves pour le sauver ne faisaient qu’attiser la souffrance qui le dévorait. Il courait à travers la chambre, entièrement baigné de flammes, souffrant, lui semblait-il de mille maux ! Il voulut hurler le nom de Jason, le supplier de le sauver, mais il ne sortit de ses lèvres qu’un râle d’agonie. Alors, titubant, il se rendit sur le balcon. Tous virent avec horreur son corps basculer dans le vide.
Créon était mort avant de s’écraser sur le sol. Jason, le souffle court, les yeux écarquillés, tentait de vain de mettre de l’ordre dans ses pensées confuses. Un cri de terreur lui fit faire volte face. Derrière lui se tenait Nérine.
-                Par les Dieux, s’étranglait-elle, les joues baignées de larmes. Faites que cela cesse.
-                 Nérine !
-                Je ne le savais pas, seigneur Jason. Je ne le savais pas, je le jure au nom du Styx ! Ô seigneur… 
-                Je sais, Nérine, vous n’y êtes pour rien, tenta-t-il de l’apaiser.
-                Pas eux, seigneur ! Ce sont les enfants !

Médée se tenait au centre de la pièce, couchée dans le lit nuptial. Phérès et Merméros étaient blottis contre elle et ses mains caressaient leurs cheveux.
-                Mes doux agneaux, chuchotait-elle doucement, avec un douceur infinie. Vous m’aimez, n’est-ce pas ?
-                Bien sûr, mère ! s’exclama Merméros avec enthousiasme.
-                Mes tout petits… Comme je vous aime.
Un violent coup à la porte fit sursauter Merméros. Le coup se renouvela, encore et encore.
-                Médée ! Laisse-les ! Médée !
Pour toute réponse, la jeune femme éclata de rire. Un rire chaud et bienveillant. Mais ses yeux reflétaient une haine sans faille.
-                Pourquoi donc ? gloussa-t-elle, telle une jeune fille. Ce sont mes enfants, ils ne font que  m’aider dans ma tâche !
-                Médée ! Je t’en supplie ! Je ferai tout ce que tu voudras ! Je t’en supplie, par les Dieux ! Ne leur fais pas de mal !
De l’autre côté de la porte barricadée, Jason continuait à frapper le battant. Il dégaina son glaive qu’il enfonça dans le bois dans un cri de guerre. A ses côtés, Nérine continuait de sangloter.
-                Madame ! cria-t-elle. S’il vous plaît, cessez cette folie ! Libérez les petits !
-                Silence ! rugit Médée. Silence, silence, silence, silence, silence !
Phérès avait attiré son frère à lui. Depuis l’autre bout du lit, il observait sa mère, recroquevillée sur elle-même, les joues inondées de larmes, les mains plaquées sur les oreilles.
-                Je veux qu’elle paie ! hurla-t-elle d’une voix aigu. Il doit connaître ma souffrance, il doit savoir ! Je le hais ! C’est le seul moyen pour qu’il souffre ! Qu’il souffre autant que j’ai souffert !
Dans la chambre, la tête de son frère roulait, roulait et il riait, riait. Sa bouche aux lèvres éclatées dévoilaient ses dents brisées et teintées de sang. Médée, effrayée, s’affaissa un peu plus sur elle-même. 
-                Je dois le faire, je dois le faire, je dois le faire, je dois le faire, je dois le faire, je dois le faire… 
Elle répétait cela, telle une lente litanie. Ses yeux écarquillés se posèrent sur le poignard qu’elle avait sorti. Et un sourire étira ses lèvres.
-                Mes doux enfants, mes chers petits… Venez me voir… 
Merméros, terrifié, sanglotait contre son frère. Phérès retenait difficilement ses larmes. Ses dents se serrèrent.
-                Mère, je vous en supplie, reprenez vos esprits !
-                MEDEE ! hurlait toujours Jason de l’autre côté.
Et Médée qui s’avançait toujours. A quatre pattes sur le matelas, son poignard en main, elle déchirait les draps au passage. Phérès vit la lame pénétrer les coussins et un frisson de terreur pure s’empara de lui.
Jason abattit encore sa lame sur la porte… 
Médée leva son bras.
Phérès hurla.

Quand Jason parvint à enfoncer enfin la porte, il se trouva face à face avec Médée. Sans même hésiter une seule seconde, il lui enfonça sa lame dans le ventre. La jeune femme se plia en deux sur le glaive et un flot carmin s’échappa de ses lèvres. C’est alors qu’il remarqua tout le sang qui maculait sa robe blanche. Un hurlement de rage et de désespoir sortit de sa gorge.  
-                MEDEE !
Dans un mouvement vif, il plongea encore plus profondément l’acier dans le corps de la sorcière. Cette dernière, tremblante, parvint à saisir la poignée à deux mains. Jason voulut retirer son glaive, mais il n’y parvint pas ! Médée gardait fermement la garde entre ses doigts. Il entendit un gargouillis parvenir de la jeune femme et se recula. Elle… riait ?
La nièce de Circée se redressa péniblement, le glaive en travers du corps. Nérine hurla de terreur à la vue de la large plaie qui courait en travers de sa gorge. Qui pouvait donc avoir bien fait ça ? Une voix surgit soudainement de nulle part. 
-                Je suis Médée de Colchide, nièce de Circée, prêtresse d’Hécate, descendante de Sol ! Vous n’êtes rien comparé à moi ! Je suis une furie, et je viens appliquer ma sentence !
Elle fit glisser le glaive hors de son ventre. Un flot épais de sang jaillit de la plaie, mais Médée ne semblait pas se soucier de ses blessures. Elle avait les yeux fixés sur un Jason tétanisé.
-                JASON ! 
Mais jamais sa main armée ne frappa l’homme terrifié. Alors qu’elle s’apprêtait à plonger le glaive dans la chair blanche, des serpents s’enroulèrent autour de ses membres et la rejetèrent en arrière. Elle glissa à terre et l’arme lui échappa. Au-dessus d’elle se penchèrent les trois furies.
-                Que faîtes-vous ?! Lâchez-moi, mes sœurs ! Je suis une divinité ! Je suis une furie ! Je vais accomplir mon devoir !
-                Ton devoir, jamais tu n’en as eu, répliqua Mégère.
Les trois visages aux yeux crevés étaient mortellement sérieux. Ils fixaient Médée qui commençait à s’étouffer dans son propre sang.
-                Créuse devait mourir, chuchota Tisiphone. Alors nous avons accompli notre sentence. Elle était mauvaise, égoïste, cruelle et capricieuse. Créuse devait mourir.
-                Créon devait mourir, murmura Mégère. Alors nous avons accompli notre sentence. Il était un roi qui se pensait sage, mais il n’en était rien, au contraire. Créon devait mourir.
Alecto se redressa. Elle tenait à la main une torche dont la flamme bleue émettait une chaleur glacée… 
-                Médée doit mourir, déclara-t-elle avec solennité. Alors nous allons accomplir notre sentence. Elle est cruelle, stupide, aveugle, amoureuse… Médée doit mourir.
Epouvantée, agonisante, Médée se mit à pleurer. Elle n’était pas une furie, elle n’était pas une divinité. Elle n’était rien qu’une mortelle à la douleur démesuré et qui s’était fait emportée par un flot de violence.
Dans un flash, elle revit sa rencontre avec Jason. Sa chevelure bouclée qui brillait sous le soleil de Colchide, ses vêtements étrangers, sa barbe négligée. Il respirait la virilité, la bravoure et la sécurité. Leurs regards s’étaient croisés. Elle avait senti son cœur battre fort, fort, plus fort qu’à n’importe quel autre moment de sa vie.
-                Ja… son, parvint-elle à articuler dans un ultime effort.
Puis Alecto laissa tomber la torche sur elle. Dans un torrent de flammes bleues, les furies et Médée disparurent, ne laissant de leur passage qu’une immense flaque de sang. Jason, hébété, fixait l’endroit où se tenait un instant plus tôt le corps de la sorcière, incapable de croire ce qu’il venait de se passer. Ce fut le cri de Nérine qui le tira hors de ses pensées.
-                Seigneur Jason !
Trois formes, dissimulées sous le lit, se tortillèrent pour sortir de leur cachette.
-                Père !
Merméros fonça dans les bras de Jason. Ce dernier, les yeux écarquillés, n’arrivait pas à réaliser la situation. Il voulut parler, mais ne trouva aucun mot pour exprimer son soulagement et son bonheur. Il accueillit son fils dans ses bras et le serra fort, fort, fort contre lui. Nérine s’accroupit près d’eux, pleurant de joie et de soulagement. Elle caressait les cheveux du petit Merméros, répétant inlassablement son nom avec cette tendresse qu’ont les vieilles femmes.
Au bout de longues minutes, Jason parvint à se détacher de son fils. Il le contempla de longues minutes et embrassa ses joues en pleurant et en riant. Puis il les vit. Phérès et Pollux se tenaient en retrait. Sans attendre, il alla soulever son fils aîné qu’il écrasa dans une étreinte possessive. Phérès éclata alors en sanglot et s’accrocha désespérément à son père.  
-                Comment est-ce possible ? murmurait ce dernier. Comment… Comment ?
Il se tourna vers Pollux sans oser y croire.
-                Est-ce toi qui les a sauvés ? Pollux, mon ami ?
Pollux ne répondit pas tout de suite. De sa main, il comprimait la plaie de son épaule gauche. Lorsqu’il se laissa tomber sur le matelas éventré, il ne put retenir une grimace de douleur.
-                Dis ça à ton satané gamin, grommela-t-il pour la forme, mais un grand sourire aux lèvres. Ton Phérès possède des pouvoirs époustouflants.
-                Phérès ? répéta Jason, surpris.
L’enfant, qui avait cessé de pleurer, hocha timidement la tête.
-                J’ai rendu Pollux invisible aux yeux de mère, parvint-il à s’expliquer, encore tremblant de peur.
-                Quand elle a voulu les poignarder, reprit Pollux, voyant bien que l’enfant était incapable de continuer, je me suis interposé. Elle m’a blessé, mais j’ai réussi à lui trancher la gorge. Puis tu es arrivé… et je n’ai pas compris la suite !
-                C’étaient les furies !
Tous se tournèrent vers Nérine qui berçait contre son sein le petit Merméros endormi, vaincu par la violence de toutes ces émotions. 
-                C’étaient les furies, répéta la vieille servante dans un frisson. Elles ont rendu la justice… Elles ont tué Médée.
Phérès frissonna une nouvelle fois. Puis se yeux se posèrent sur son jeune frère endormi et il ressentit à son tour l’envie de sommeiller. Terrassé par la fatigue, il s’écroula dans les bras de son père. Celui-ci le serra encore un long moment contre lui en lui murmurant des paroles apaisantes. Dans un sourire tendre, il le berça, lui baisa la tempe.
-                Pollux… 
-                Oui ? sourit ce dernier.
-                Je te jure sur le Styx de ne plus jamais me marier par profit ! Je vais être un père, dorénavant, un véritable père qui saura choyer ses enfants et qui, un jour, peut-être, prendra une femme qu’il aimera et qui aimera mes enfants.
-                Voilà une sage décision, souffla son ami en caressant les boucles de Phérès dans un sourire attendri.

Il existe des douleurs qui font naître des tragédies. Il existe des histoires qui iront traverser les âges car elles sont porteuses d’une souffrance incommensurable. Il existe des légendes brûlantes de vengeance et de haine.
Et il existe l’amour d’un frère, un petit être sans défense, dénudé de toute force. Pourtant, ce fut cet amour qui parvint à vaincre la tragédie et qui donna la puissance nécessaire aux autres personnages de s’arracher de leur rôle inscrit dans le sang.
Quand la tragédie est brisée, il reste la vie.  
   
   Et voilà pour la fin, j'espère qu'elle vous a plu ! Je dois vous avouer, qu'à force, cette histoire commençait à me peser. c'est pourquoi j'ai décidé de lui donner un ton plus léger sur la fin. Médée est une femme qui m'a captivée, mais aussi dégoûtée et qui m'a inspirée un grand sentiment de pitié. J'aurai pu continuer l'histoire en la faisant sortir victorieuse, mais j'ai choisi de mettre fin à toute sa souffrance. En espérant que vous ayez apprécié ! 

   Et maintenant, comme promis, voici une chanson d'un groupe excellent nommé RED. Et celle-là est ma préférée d'eux. 


    Voilà, encore merci pour tout le soutien que vous m'apportez ! J'espère que vous continuerez à me suivre car l'année scolaire ne fait que commencer et que j'ai une foule monstrueuse de chose sà vous faire partager ! A très vite ! 

Marine Lafontaine

vendredi 13 septembre 2013

BACCANO !

   A votre avis, quel est le point commun entre des clans mafieux, des alchimistes, de riches bourgeois, un démon, un élixir d'immortalité, un homoncule et une paire de voleurs délurés ? Baccano! bien sûr !

   Bien le bonjour ! Nouvel article commande, qui nous vient cette fois-ci de Manon C. Merci à elle pour son petit mail très sympathique qui m'a permis de découvrir un manga détonnant qui possède le meilleur opening de tous les temps (vrai comme verue de verrat !).
   D'ailleurs, le voici !



   Ah, souvenir, souvenir. Ce manga a une histoire qui est assez commune aux très bons animes. Tout d'abord, il apparaît sous forme d'une série de nouvelles de Ryogho Narita, série en cours qui ne dénombre à ce jour pas moins de vingt volumes. Ensuite, il a été adopté par les studios Brain's base (dont j'aurai l'occasion de parler car ce sont eux également qui ont mis sur pied l'excellent Durarara, et qui s'occupent en ce moment-même du cas de Blood Lad). Et pour finir, il est sorti sous forme de manga avec comme titre Baccano! 1931 The Grand Punk Railroad, scénarisé par l'auteur de la série lui-même et dessiné par Ginyū Shijin

  De mon côté, je vais vous parler de l'animé qui est somme toute un très bon moment à passer. L'histoire est en réalité assez simple, mais elle ne se déroule pas dans l'ordre. En effet, l'aventure se poursuit sur trois années (voir plus), mais les épisodes sont entrecoupés de scènes de différentes époques. Ce qui pourrait être un pari risqué au départ (on a quand même du mal au premier épisode à tout suivre), se révèle par la suite un délicieux mécanisme qui vous entraîne dans une aventure magistrale. 

   Je me vois mal faire un résumé de l'histoire sans révéler certains détails croustillants. Ce serait quand même un beau gâchis et je m'en voudrai de vous priver du plaisir de tout découvrir vous-même. 

   Pour ceux qui connaissent Durarara, Baccano! étant son grand frère, vous pourrez remarquer certains points communs : entre autres, le fabuleux chassé-croisé entre les histoires, mais aussi l'éventail tout en couleurs de personnages que l'animé nous offre : c'est une grande galerie que dis-je, une grande famille dont les membres sont drôles et attachants… Bon, d'accord, pas tous (je vise notamment Ladd Russo, un personnage complètement cinglé).

   Je ne conseille pas ce manga à tous. Il est violent, sanglant et ne se le cache pas (Durarara est beaucoup plus soft à ce niveau-là, plus modéré). Mais l'histoire vaut le coup d'œil, alors si vous n'êtes pas trop sensibles, je vous conseille vivement d'aller le visionner ! 

   A très bientôt pour un nouvel article, n'hésitez pas à commenter ou à vous abonner au blog par mail pour être prévenus dès qu'un écrit est mis en ligne. Vous pouvez aussi me suivre sur Google + et sur Facebook

Marine Lafontaine 

jeudi 12 septembre 2013

UNE NUIT AUPRÈS DE LUPA

Bonjour, bonsoir, bonne nuit ! 

Je ne vous embêterai pas bien longtemps, je tenais juste à faire une petite présentation de la nouvelle appelée “Une nuit auprès de Lupa” avant que vous ne vous lanciez dans la lecture et que je vous explique le pourquoi de sa naissance. 

Cette nouvelle est née d'une coopération entre une blogueuse et moi. J'ai un jour reçu un petit mail de sa part me disant qu'elle voudrait que j'écrive pour elle une nouvelle ayant un lien avec l'Antiquité Romaine. 

Son blog s'appelle La Toge Et Le Glaive, c'est un merveilleux puits de connaissances enjolivé par une écriture vive et dynamique. A l'origine, je cherchai des informations sur les vêtements des femmes de l'Antiquité pour la nouvelle de Médée. Et je suis tombée sur ce blog. J'ai laissé un commentaire pour féliciter l'auteur de son remarquable travail et c'est là qu'a commencé notre mini aventure. 

De notre rencontre est née “Une nuit auprès de Lupa”. Il s'agit de la réécriture du mythe de Rémus et Romulus avec le point de vue de Lupa. Je vous laisse la découvrir sur le blog “La Toge Et Le Glaive” et j'espère que vous prendrez le temps de vous immerger dans l'univers de cette blogueuse passionnée.

 Vous pouvez accéder à la nouvelle ici en un clic : lien

Marine Lafontaine et Fanny Lombard, auteur de “La Toge Et Le Glaive”

lundi 2 septembre 2013

HARRY POTTER

  
  
   Super, un nouvel article commandé ! Celui-ci nous vient de Pauline V., merci à elle pour son mail ! 

   Dans son mail, Pauline m'a donc demandé un article sur le célèbre Harry Potter en ajoutant : pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? La réponse est simple, je n'en avais pas envie. Pourquoi ? Tout simplement parce que tout le monde connaît Harry Potter, donc je ne voyais pas bien d'écrire quelque chose dessus. J'aime faire découvrir des livres que tout le monde n'a pas forcément lu. Harry Potter, même si vous n'en avez jamais ouvert un, vous le connaissez de part les films et autres moyens.

   Mais bon, il s'agit d'une commande, donc je vais l'honorer en tentant de mettre en avant ce qui a fait le succès si incontestable d'Harry Potter et de sa bande. 

  Alors, ce qu'il faut mettre tout d'abord en avant, c'est l'auteur elle-même, je pense. JK Rowling est une femme qui, au fur et à mesure de l'avancé de son roman, va s'améliorer grandement. Son style est plus fluide, sa narration incroyablement prenante. C'est aussi une très bonne dessinatrice qui va soumettre ses dessins lors de la création des films qui découlent de la série, ce qui faire en sorte qu'ils vont rester très proches du récit original. 

  Après, le personnage. Harry nous touche au premier abord à cause de son passé et de la vie qu'il mène chez sa tante et son oncle. Au début du roman, c'est un gamin plutôt timide, mais qui possède un culot et un courage peu croyables. Son parcours initiatique est truffé de pièges et de rencontres qui vont faire de lui un personnage riche et de plus en plus intéressant à suivre. C'est un protagoniste qui va au bout des choses et qui semble prendre beaucoup de plaisir à braver tous les interdits que les adultes lui imposent. 

   Ensuite, l'univers, terriblement proche du nôtre et si éloigné à la fois. Les sorciers vivent dans notre société, ils se mêlent à nous sans que nous, pauvres moldus, ne remarquions quoique ce soit. JK Rowling a mis en place tout un monde en étroite relation avec le nôtre. On y retrouve des balais volants, le quidditch, les voitures volantes, le retourneur de temps, les saules cogneurs, les dragons, la gare neuf trois quarts et autres éléments aussi fascinants qu'intrigants. Toutes ces choses vont contribuer à rendre le monde d'Harry Potter complexe et saisissant. 

   Bien évidemment, il faut également parler de tous les personnages qui gravitent autour du héros. Nous en avons toute une flopée, tous fouillés, tous intéressants. Sirius, Rémus, Dumbledor, Hagrid, Severus Rogue, Bellatrix Lestrange, Maugrey faul œil, pour ne citer qu'eux. Nos trois inséparables n'auraient jamais pu aller si loin sans l'aide de tous leurs adjuvants. Les histoires personnelles des personnages se mêlent à l'intrigue, les poussent à avancer dans un certain sens, même si eux aimeraient prendre une autre direction.   

   Après, oui, j'aurai beaucoup d'autres choses à dire, en particulier sur le personnage de Voldemort qui est super intéressant, sur Poudlard, sur la magie et son ministère et tellement d'autres sujets à traiter, mais vous risquez de vous ennuyer. 

   Donc ce sera tout pour cette commande ! N'hésitez m'envoyer un mail pour me suggérer des œuvres que je pourrai commenter. Pour cela, rien de plus facile, il suffit de me contacter à l'adresse suivante : marine.lafontaine@sfr.fr 
   Merci d'avoir lu l'article, n'hésitez pas à faire part de vos impressions et à très bientôt avec un nouvel article !

Marine Lafontaine