mardi 5 août 2014

FICTION PARTICIPATIVE, CHAPITRE 8

Arhzel s'est fait poignarder… Mais que va-t-il se passer ?! Ta-ta-tam !

Tout de suite, la suite ! Bonne lecture !

 
Rouge…
Sa respiration sifflante lui brûlait la poitrine et la gorge.
Rouge…
Du sang… Sur son ventre… ses jambes… partout. Il avait une odeur… agréable…  
-                Arzhel !
Son nom… crié par une voix aigue. Il la connaissait… Dania ? Dania criait son nom ? Que s’était-il… passé ? Si seulement il pouvait ouvrir les yeux ! Mais ses paupières étaient tellement, tellement lourdes… 
Il sentit deux bras passer sous lui pour le soulever. Il connaissait cette odeur. C’était Marlyne. Marlyne qui l’avait pris dans ses bras et qui courait. 
-                Par ici. Dépose-le sur le lit.
Un ton si monocorde, pas de doute, il s’agissait de Torja. Tor… ja… C’est étrange… Il avait du mal… à réfléchir. Et il faisait si froid… 
-                Sortez de la pièce, mademoiselle Dania. Marlyne, accompagne-la. Toi aussi, Jack.
-                Attends un peu ! Qu’est-ce que tu fais ?! Il faut le soigner, il va crever, là !
-                Jack, sors. Je vais m’occuper de seigneur Arzhel.
-                Je veux être utile ! Laisse-moi faire quelque chose ! Il pisse le sang, il faut arrêter l’hémorragie !
Torja, putain, j’ai une de ses soifs, t’es où ? Donne-moi du sang… Tout de… suite… J’en ai besoin là… Ai perdu trop… de sang… 
-                Non, Jack, ne t’approche pas de lui !
Besoin… de… sang… Cette odeur… ? Ça sent bon, ça sent la vie… Et le mensonge… Hum, j’adore… Toi, mon gars, j’ignore de quelles paroles tu embellis ta vie, mais t’es un sacré menteur.
Approche… juste encore un peu… Parfait !

Jack s’était mis à paniquer à la vue de son ancêtre se déversant de son sang. Que se passait-il ? Que se passait-il ?! S’il mourrait là, sous ses yeux, ça ne reviendrait pas à dire que lui-même allait mourir ? Pas seulement lui, toute la famille Cadillac ! Son père, ses cousins, ses oncles… Tous allaient disparaître ?
Torja tentait de calmer une Dania en proie à une violente crise de larmes alors que Marlyne restait là, ne sachant que faire, aussi décida-t-il d’agir. Il s’agissait tout de même de sa propre existence qui était en jeu ! Jack s’approcha du lit et déchira violemment les draps de satin rouge qui ornaient le baldaquin. A ce son, Torja se tourna vers lui. Une lueur de panique traversa son regard d’ordinaire si inexpressif.
-                Non, Jack, ne t’approche pas de lui !
Le jeune Cadillac se figea un instant. La vie de son maître était en jeu et Torja lui ordonnait de demeurer loin d’Arzhel ? Il pensait vraiment qu’il allait lui obéir ? Sans même lui accorder un regard, Jack s’assit près de son ancêtre pour presser contre sa plaie le dais déchiré. Il se produit alors simultanément deux choses.
Marlyne le saisit pas l’épaule pour tenter de l’éloigner.
Et des doigts froids se nouèrent autour de son poignet. Puis une force colossale le propulsa en avant sur le lit. En un instant, il se retrouva allongé sur le matelas avec son ancêtre qui le dominait, dardant sur lui un regard vide de toute expression. 
-                Arhzel, attendez ! cria Torja.
Mais le vampire resta sourd à sa supplique. Il se pencha sur son descendant, qui commençait sérieusement à se débattre, et esquissa un sourire redoutable qui révélait ses blanches canines. Le souffle coupé, et l’imagination bousculée, Jack se figea un court instant. Que… Quoi ? Ce moment d’hésitation, vacillant entre la surprise et la terreur, permit à Arhzel de planter ses dents dans la peau de l’Américain, sous le regard horrifié des spectateurs de la scène. Jack hurla puis se mit à se débattre violemment, mais son sang se faisait aspirer à toute vitesse si bien que, très vite, ses mouvements ralentirent. Marlyne voulut intervenir, mais Torja la força à reculer.
-                Laisse-le.
-                Il va le saigner à blanc, si cela continue ! protesta la nymphe. Vous pensez réellement que je vais le laisser faire !?
-                Si tu interviens maintenant, Arhzel arrachera la gorge de Jack. Il va s’arrêter… sûrement… 
-                Vous vous foutez de moi ?!
-                Marlyne…
Dania avait pris la main de l’almée, le regard sérieux.
-                Je sais que tu ne veux pas, mais fais confiance à mon fiancé. C’est un vampire, mais pas un assassin.
-                C’est une des plus horribles créatures qui soit, cracha Marlyne. Comment pourrais-j lui accorder ma confiance ?!
Un gentil sourire, étrange sur les lèvres d’une si jeune fille, apparut sur le visage de Dania.
-                Moi, je le fais.
Elle s’approcha d’une commode rapidement et en tira un poignard. Avant que quiconque puisse le lui retirer des mains, elle s’était profondément entaillé le bras. Un épais flot de sang s’écoula à terre. Titubante, le visage pâlit par la douleur, la comtesse aux lourdes boucles s’avança. Elle tendit son bras blessé devant elle puis annonça d’une voix claire :
-                Je t’aime.
Un silence pesant tomba sur la pièce. Doucement, Dania répéta ces mots, son mensonge quotidien. Une fois, deux fois, trois fois. Au bout de longues secondes, le vampire se désintéressa de sa proie pour fondre sur ce sang à l’odeur familière. Il lapa le liquide qui s’écoulait, mais ne mordit pas la fillette. Au bout d’un certain laps de temps, Arhzel ralentit et finit par reculer. Ayant perçut les premiers signes de fatigue, Torja fut sur lui rapidement. Il cueillit son maître avant que celui-ci ne s’effondre sur le sol, sans connaissance.
-                Mademoiselle Cadillac, allez faire soigner votre bras. Marlyne, accompagne-la, je reste avec Jack et Arhzel.
La nymphe aurait aimé protester, mais Dania était d’une extrême pâleur. Il était assuré qu’elle ne réussirait pas à gagner l’infirmerie seule. L’almée souleva la petite comtesse dans ses bras et sortit de la pièce, non sans avoir jeté un dernier regard inquiet en arrière. Une fois seul, Torja se permit un soupir. Il gagna le lit où reposait un Jack évanoui. Bon, tout d’abord, s’assurer qu’il était en vie… Ça, OK. Il allait devoir porter un bandage autour du cou quelque temps, mais ça devrait aller. Arhzel ne semblait pas avoir franchi le “seuil critique”. Par contre, il allait certainement poser quantité de questions… et de problèmes, à son réveil.
Arhzel s’était recroquevillé sur lui-même, sourcils froncés. Tiens ? Quand il buvait autant de sang, il était détendu après. Pourtant, quelque chose semblait différent cette fois-ci… 
-                Jack, qu’a-tu donc fait… ?  

-                Jack Cadillac.
-                Présent.
Arhzel poussa un soupir. Voilà que cela le reprenait… Il avait dû boire trop de sang d’une personne. Quand il en buvait trop, les souvenirs de sa victime affluaient dans son esprit. De qui… ? Deux secondes… Elle avait dit : “Jack Cadillac” ?
-                Putain, j’ai pas bu le sang du gamin, tout de même ? s’étrangla Arhzel.
On dirait bien… Mais où se trouvait-il ? Il s’agissait d’une salle remplie d’enfants qui étaient assis face à des sortes de pupitres alignés devant un tableau noir. D’étranges rectangles accrochés au plafond émettaient une sorte de lumière… ? Que diable était cet endroit ? Une femme se tenait debout devant les enfants, habillée d’une robe et chaussée de talons. Depuis quand une femme mettait des chaussures aussi ridiculement hautes ? Arrivait-elle seulement à marcher avec ? Et puis… ! Et ça… ! Il… Il ne comprenait pas ce qu’il se passait ! Pourquoi ces enfants et cette femme semblaient trouver tout cela parfaitement normal ?
Puis il comprit.  
-                Alors ce serait ça… le futur ?
Fasciné, Arhzel en oublia complètement le petit Jack, celui qui fixait d’un air désintéressé ce qui passait dehors à travers la fenêtre. Il sembla sortir de son étrange léthargie quand un oiseau se posa sur le rebord. 
-                Jack, tu m’écoutes, oui ?
Arhzel sursauta à cette interpellation. Il suivit le regard du professeur et remarqua que toutes les têtes s’étaient tournées vers un petit garçon qui bâillait négligemment. Remarquant qu’on le regardait, il plaqua sa main contre sa bouche.
-                Oui ?
-                Tu écoutes, Jack ? s’énerva la maîtresse.
-                Non, désolé.
-                Que je ne t’y reprenne plus.
-                Oui.
Les élèves autour d’eux riaient, visiblement habitués de voir leur camarade se faire réprimander. Arhzel s’avança vers lui, fasciné. Cette moue boudeur et ces cheveux rebelles, pas de doute, il avait face à lui une version miniature de ce boulet de Jack. Le vampire remarqua qu’il avait encore ses dix doigts. Ah ! Peut-être que durant son séjour, il apprendrait enfin le pourquoi du comment. Son séjour dans les souvenirs de ce gamin allait servir à quelque chose, au moins !
La sonnerie retentit alors. Libérés, les enfants jetèrent leurs affaires dans leurs cartables. Certains, dès qu’ils eurent enfilés leurs vestes, se précipitèrent vers Jack qui rangeait, au contraire, ses affaires avec lenteur. Il ne semblait pas vraiment faire attention à la véritable basse-cour qui s’était formée autour de lui. Quand il sortit de la salle de classe, son fan club lui emboîta le pas. Intrigué, Arhzel les suivit. Jack semblait avoir pas mal de succès… 
Le futur était vraiment étonnant, il mourrait d’envie de le découvrir, mais, pour le moment, il devait se concentrer sur son descendant.
Ses visites dans les souvenirs étaient un voyage particulièrement désagréable. Sa dernière expérience (et sa première, à vrai dire) lui en avait tant appris sur la personne dont il avait bu le sang qu’il s’était juré que plus jamais cela ne se reproduirait.
Et pourtant… 
A la grille de l’école, tout près de la sortie, se tenait un homme imposant à la mine patibulaire. Le stéréotype même du gars louche au point qu’on se demanda même pourquoi la direction n’avait pas déjà prévenu la police. Dès que Jack entra dans son champ de vision, les muscles de son visage tressaillirent, comme un bouledogue à l’affût. Le vampire vit bien les yeux de Jack changer à sa vue. Il devint plus sombre, plus… aigu. Ce qui, sur un gosse, était très étrange. Pourtant, l’instant d’après, il saluait ses amis d’un signe de main joyeux, un sourire chaleureux sur les lèvres. Comme si l’éclair de glace qui avait hanté son regard n’était qu’un artifice de l’imagination de son ancêtre.
Dès qu’il eut salué ses amis, Jack s’éloigna, aussitôt suivi de l’homme. Sentant l’inquiétude poindre dans son ventre, sentiment inexpérimenté depuis bien longtemps, Arhzel se mit également à les suivre. Quand l’enfant s’engagea dans une ruelle, son poursuivant fit de même. Il s’arrêta alors, stupéfait. Le gamin l’attendait là, assis sur une poubelle, son cartable posé à ses pieds. Il y avait dans son regard cette même lueur étrange que le vampire pensait avoir rêvé.  
-                Je suppose que vous n’êtes pas là pour me faire un bisou, mon oncle.
-                Tu as bien deviné, Jack.
Arhzel suivait l’échange avec intérêt. Le regard de son descendant reflétait maintenant de la colère. Comment un gamin pouvait-il avoir l’air si… adulte ?
-                Depuis que papa a fondé sa boîte, vous êtes tous là, la branche mineure Cadillac, a lui tourner autour comme des chiens, ça me dégoûte… 
-                Richard aurait mieux fait de m’écouter et de me donner l’argent, cracha l’oncle avec une haine répugnante. Maintenant, c’est trop tard pour faire machine arrière. Viens avec moi, Jack, gentiment et je ne te ferai pas de mal.
Une profonde lassitude se peignit sur les traits de l’enfant, visiblement habituer à ce qu’on s’en prenne à lui pour atteindre la fortune du papa.
-                Je connais la chanson, c’est bon, soupira-t-il. Je vous suis.
Il abandonnait si facilement, sans même chercher à se débattre ? Arhzel grogna, mécontent. Il aurait aimé que son descendant soit plus pugnace que ça. Quoi, ce n’était qu’un enfant ? A son âge, lui, il avait déjà perdu sa virginité et il gagnait sa nourriture à la force de son poing. Les hommes du futur avaient donc perdu tout combativité à force de vivre dans un univers aussi douillet ?
Ce gamin l’étonnait, l’intriguait, l’agaçait. Pourquoi avoir un tel regard, mais pas l’attitude qui allait avec ? Pourquoi provoquer son ravisseur par ces paroles, mais demeurer bras ballants ? 
-                Ah… Ils arrivent… 
Ils étaient parvenus à une camionnette blanche dont l’oncle venait d’ouvrir la portière, un monstre de métal qu’Arhzel scruta avec surprise. Le murmure de son neveu le figea et le ravisseur coula vers lui un regard inquiet. Ce qu’il vit lui déplût… beaucoup. Jack avait posé sur lui des yeux teintés de mépris et d’ironie mordante.
-                Merci d’avoir un peu égayé ma morne journée, mais le divertissement s’arrête ici.
Il remonta sa manche pour montrer un bracelet électronique qui enserrait son bracelet, comme une menotte. Un bouton avait été enfoncé et une faible lumière clignotait, comme pour indiquer qu’un appel avait été… lancé ?
Tout s’enchaîna alors très rapidement. Des hommes en uniforme bleus surgirent au coin de la rue, armes au poing. L’oncle pâlit considérablement quand il comprit qu’il avait été dûpé. Puis, alors que son visage rougissait par plaques éruptives, il se jeta sur Jack pour le mettre à terre et le rouer de coups. Il aggravait considérablement son cas se faisant, mais la colère avait gommé toute raison de son esprit. Le temps que les policiers ne parviennent à lui et ne l’éloignent de sa victime, Jack avait déjà reçu de nombreux coups de pied.
Hagard, le regard voilé par la souffrance et la surprise, l’enfant demeura à terre, la bouche ouverte dans un cri inarticulé qui prit vie quand les policiers tentèrent de le déplacer. On avait déjà appelé une ambulance dont les sirènes déchiraient l’air.
Un homme arriva en courant en criant “Jack !”. Les policiers tentèrent de l’arrêter, mais la victime appela en retour “Aron !” si bien qu’ils le laissèrent monter dans l’ambulance également. Ledit Aron semblait mort d’inquiétude. Il avait agrippé la main du garçon et la maintenait fermement dans la sienne en lui chuchotant des paroles rassurantes. Mais Jack ne pleura pas, ne se plaignit pas de la douleur. Il ne prononça pas un mot, les yeux clos, le visage fermé si bien qu’on eut pu croire qu’il dormait, mais il n’en était rien. 
-                La prochaine fois, je m’en sortirai tout seul, je le jure, chuchota-t-il bien lus tard, quand il fut seul dans la chambre avec Aron.
-                La prochaine fois, tu ne seras pas seul, promit Aron avec douceur. Je serais avec toi.
-                Non ! Je n’ai pas besoin de toi ! hurla Jack avec une hargne qui laissa Arhzel perplexe. Tu n’as pas à être là !
-                Je serai là.
-                Je t’en empêcherai, je te jure que je t’en empêcherai !
-                Jack… 
Le prénom avait été prononcé avec une telle douceur que les larmes montèrent puis roulèrent, roulèrent sur les joues du garçon meurtri dans son grand lit d’hôpital. Le vampire contempla un moment cette scène où un homme tentait de consoler un garçon, presque un adolescent, qui pleurait sans pouvoir s’arrêter, sans même y songer.
-                Tu as de la chance, Cadillac, d’avoir un père si aimant… Attends un peu… Son père s’appelle Richard, non ? Pourtant, lui, son nom, c’est Aron, alors… ? Hein ? Où est le père ? Et la mère ?
Morte ?
Si tel était le cas, cela leur faisait au moins un point commun.
-                J’aurais plein de questions à te poser à ton réveil, petit Cadillac. 

Et voilà ! A bientôt pour la suite qui promet d'être riche en évènements ! 

Aucun commentaire: