lundi 18 décembre 2017

LA VIE SEXUELLE DES SUPER-HÉROS

   Bien le bonjour, tout le monde !

   La lecture que je voulais vous partager aujourd'hui est un peu spéciale. En effet, on va parler d'un roman au titre des plus insolites qui ne peut qu'irrésistiblement attirer votre oeil : La vie sexuelle des super-héros.


   Ce roman, petit bijou d'écriture, sort tout droit de l'esprit de Marco Mancassola. Traduit par Vincent Raynaud, ce livre a été édité en 2011 par Gallimard. Il est divisé en cinq parties, chacune étant consacré à une figure mythique de la pop culture : Red Richards (à savoir L'Homme Elastique), Bruce Wayne (Batman), Mystique et Clark Kent (Superman). En tant que personnages principaux, on retrouve aussi deux frères, Bruce et Dennis De Villa, qui ont le droit également à leur propre section. 

   Sinon, que raconte ce roman ? Il est loin le temps glorieux des super-héros. Aujourd'hui, tous ont raccroché leurs masques pour se fondre dans la société. Certains se sont retirés du monde, d'autres se sont reconvertis dans les émissions télévisées. Cependant,  le meurtre sordide de Batman secoue le monde de ces anciens guerriers de la paix. Qui est le commanditaire ? Et que signifient ces lettres d'adieux que reçoivent Red Richards et Mystique ? Au coeur de la tumulte new-yorkaise, plongez dans l'intimité des super-héros et découvrez alors ce qui se tapie dans l'ombre. 


   Ce livre est… grandiose. Contrairement à ce qu'indique son titre affriolant, on est loin du récit graveleux et léger, bien au contraire. On découvre une société empreinte d'un voyeurisme malsain et d'anciens super-héros qui tentent, tant bien que mal, de vivre une vie ordinaire. Les scènes sur les rapports charnels ne sont pas si nombreuses que cela et servent toujours l'intérêt de l'intrigue. Rien n'est gratuit dans ce roman et c'est sûrement cela qui le rend aussi fascinant. 

   On suit successivement différent points de vue. Tout d'abord, on embarque avec Monsieur Fantastique qui est un bourreau du travail. Il rencontre une jeune fille de l'âge de son fils et en tombe éperdument amoureux. Je n'en dis pas plus, je vous laisse le plaisir de découvrir tout ce qui se passe dans cette partie-ci. 

   Ensuite, on rencontre Batman, l'incroyable narcissique et égocentrique Bruce Wayne avant de glisser vers le passé tortueux de Bruce De Villa et de son frère, Dennis. Je vais taire le rôle de ces deux-là dans l'intrigue. Après quoi on rencontre Mystique, devenue présentatrice d'une célèbre émission télévisée humoristique. Enfin, on conclut l'intrigue par un épilogue entre Bruce De Villa et Superman. 


   Certains affirment que ce livre est une mise en scène de nos fantasmes les plus fous. Il est vrai qu'on découvre nos plus grands héros d'un angle complètement incroyable puisqu'on les suit jusque dans leurs instants les plus intimes. Ils perdent toute leur superbe, leur grandeur. Ils n'ont rien de mystique, ce ne sont que des hommes et des femmes. Cependant, les gens continuent à les scruter, à les retourner comme des gants comme pour essayer de les déchiffrer. Personnellement, les personnages ne m'ont pas inspiré d'admiration, mais plutôt une forme de pitié. 

   Ce livre est un miroir tendu à la société. Un miroir bien hideux, en réalité. Les réflexions esquissées dans cet ouvrage vous donnent le vertige. Et le tout est servi par une écriture incroyable, douceâtre et incisive à la fois. En tout cas, la traduction l'est. L'auteur nous transporte avec une indolence espiègle à travers les méandres les plus dérangeants de la psyché. Et je ne peux que vous inviter à vous lancer à votre tour dans ce voyage. 

   Pour le moment, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles.

   A très bientôt !

   marine.lafontaine@gmail.com
 

lundi 11 décembre 2017

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 23

Bien le bonjour, tout le monde !

Hé bien, j'ai cru que j'arriverai jamais à l'écrire, ce chapitre ! Entre le salon de Montreuil, ma rhino pharyngite, mes devoirs et ma fatigue, on était mal barrés… Mais bon, le voilà enfin ! Ce qui est rassurant, c'est que l'histoire originale n'a pas vraiment avancé de son côté, alors je n'ai pas pris de retard.

Mais bon, en attendant, je vous laisse découvrir un nouveau pan de l'histoire… Bonne lecture !




Ouf, l’entraînement était enfin achevé ! Ravi d’avoir pu échapper aux exercices éreintants imposés par ses gamins (trop) énergiques et son petit frère (trop) exigent, Oswald avait subtilisé une carotte en cuisine avant de rejoindre Donald qui semblait occupé à emballer quelque chose dans la cour. Ce dernier, tout à son ouvrage, n’avait même pas remarqué son approche. Le veuf s’accouda à la table occupée par son ami et croqua dans son légume fétiche : 
-       Alors, quoi de neuf, docteur ? lui demanda-t-il.
-       Le ciel, voilà ce qu’i’ y’a d’neuf, répondit l’intéressé dans un grognement, mécontent qu’on le dérange dans son œuvre.
Un petit sourire en coin vint tout de même soulever le coin du bec du canard alors qu’il reportait toute son attention sur le papier de soie qu’il manipulait avec le plus grand soin.
-       Mais, plus sérieusement, poursuivit-il, j’aide Mickey a emballer quelques chocolats pour Minnie. Il pense ainsi pouvoir lui avouer ses sentiments et tout ça.
-       Oh, il a vraiment dit ça ?
Un air ravi transfigura le visage du lapin. Oh, oh, le jour serait enfin arrivé ! Depuis le nombre d’années que Mickey lui rebattait les oreilles avec le visage d’ange de la jolie souris qui n’habitait pas loin ! Voilà une nouvelle particulièrement réjouissante à entendre !

 
Cependant, une évidence sauta très vite à la figure de l’aîné. Quelque chose qui ne lui plut pas vraiment.
-       Attends, attends, c’est quand même une grosse nouvelle, releva-t-il. Pourquoi il ne m’a rien dit ?
-       Il ne voulait pas t’ennuyer avec ça, grandes oreilles, répondit le canard en haussant un sourcil, comme si cela était l’évidence même.
En parlant du loup… Le principal intéressé de la conversation venait de surgir dans leur champ de vision. Quand il vit que Donald était toujours occupé à s’occuper des chocolats de sa dulcinée, le rouge lui monta brusquement aux joues. Il se précipita vers son ami pour l’empêcher de poursuivre son activité, terriblement gêné.
-       T… Tu peux arrêter, Donald, balbutia-t-il. Ça ne vaut pas le coup… 
-       Oh, allez, quoi ! se mit à râler le canard. J’ai presque fini !
Oswald haussa un sourcil suspicieux. Il s’accouda sur Donald et se pencha sur son benjamin, le dominant de toute sa taille.
-       Un soudain changement d’opinion ? grogna-t-il. Ça te dérangerait de nous en donner la raison ?
Le directeur du cirque se recroquevilla sur lui-même sous les regards inquisiteurs. Que répondre face à de telles accusations ? Il se mit à torturer ses doigts, les yeux plongés vers le bas, comme si le sol était devenu soudainement l’objet d’observation le plus fascinant au monde.
-       Il n’y a pas vraiment de raison, bredouilla-t-il. Mais… J… Je ne sais pas… Je veux dire… Qu’est-ce que je pourrai bien lui offrir ?
-       Tu as bien du chocolat ! fit remarquer son aîné en posant une main sur son épaule en guise de réconfort.
La souris hocha négativement la tête. Non, Oswald l’avait mal compris. Comment pourrait-il lui faire passer son message… ?
-       Non, ce que je veux dire, rectifia-t-il, c’est que je ne possède rien qui pourrait l’impressionner. Pas de fortune, pas de belle apparence, pas de force… Je ne sais même pas comment parler à une dame !
Oh, c’était donc ça qui le préoccupait. Un sourire amusé vint planer sur les lèvres de son aîné. Décidemment, Mickey avait parfois une façon très simple d’aborder ses problèmes, ce qui avait un aspect assez adorable, à vrai dire. L’aîné asséna une violente tape sur l’épaule de la souris, un sourire taquin sur le visage. Il fallait tout faire soi-même ici… 
-       Oh, voyons, comme si ta personnalité haute en couleurs ne suffisait pas à toutes les faire craquer ! asséna Oswald.  
-       J… J’adore être moi-même, admit l’intéressé. Mais je suis plus à l’aise quand je suis entouré d’enfants… 
-       Les filles adorent les sensibles, lui assura son aîné avec un clin d’œil. Et tu as la fortune ! Enfin, pour compléter le tableau, tu as toute la force nécessaire quand tu mets toute ta volonté dans ton acte.
Un ricanement échappa au lapin alors qu’il relevait le menton dans une attitude faussement étudiée.
-       Et ne t’en fais pas pour l’apparence. Je suis la définition vivante de la beauté, frangin ! Et comme nous sommes frères, ça vaut à peu près pour toi aussi. Même si je reste toujours le plus beaux d’entre nous deux, ajouta-t-il précipitamment.
Mickey poussa un soupir désabusé. Il avait oublié combien son aîné pouvait avoir du culot… 


L’attention d’Oswald se reporta sur Donald qui avait enfin achevé l’emballage des chocolats à destination de Minnie. Visiblement, il était satisfait de son travail ! Le lapin passa un bras autour des épaules du canard, un grand sourire sur les lèvres.
-       Au pire des cas, tu peux toujours demander à notre petit expert, proposa-t-il. Lui qui a su faire tomber la canne la plus convoitée de la ville.
-       Bah, ce n’était pas grand chose, tempéra l’intéressé. Je lui ai juste demandé si elle voulait sortir avec moi et elle a dit « oui, pourquoi pas. »
-       C’est une bonne chose que tu lui ai fais ta demande quand elle était désespérée, hein, Don’ ? ricana le père des lapereaux.


Mickey aurait voulu demander à ses amis de bien se tenir, mais les deux intéressés étaient déjà à l’autre bout de la cour, Donald bien décidé à faire ravaler ses paroles à l’ancien magicien. Ce dernier, ravi de l’avoir mis hors de lui, bondissait dans tous les sens, les mains dans les poches. La souris décida de laisser tomber pour le moment. Autant les laisser se déchainer, ils se calmeraient par eux-mêmes par la suite… sûrement à l’heure du déjeuner, d’ailleurs ! Comme des gosses.
Le directeur du cirque poussa un soupir et prit le parti de les ignorer. De toute manière, quand ils étaient excités à ce point, mieux valait-il les laisser se calmer par eux-mêmes. La souris remarqua alors la silhouette de la jolie demoiselle Daisy qui semblait en train de clouer une affiche dans la rue. Mickey s’empressa de sortir de la cour pour aller la saluer. La canne se retourna à l’entente de son nom, le regard triste et le plumage terne. Mais qu’avait-il bien pu lui arriver ?
-       Oh, Mickey, c’est toi… murmura-t-elle.
-       Daisy, tu vas bien ? s’inquiéta la souris.
Il n’eut pas le temps de pousser son interrogatoire plus loin. Surgissant d’un détour de rue, Minnie venait de faire son entrée en scène, tête basse, le regard larmoyant. Son amie l’accueillit dans ses bras, inquiète.
-       Minnie, tu te sens mieux ? lui demanda-t-elle.
-       N… Non, hoqueta l’intéressée.


Mickey sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Minnie, sa chère et tendre, elle qui avait toujours un si beau sourire sur le visage ! Que lui était-il arrivé ?
-       Bon sang, qu’est-ce qui vous bouleverse à ce point, les filles ? les interrogea-t-il avec angoisse.
Si quelqu’un s’était amusé à torturer ces charmantes demoiselles, il lui ferait payer, foi de Mickey ! Mais Daisy lui tendit une affiche où était collée la photo d’un adorable chaton noir et blanc au cou orné d’un immense ruban.
-       C’est Figaro, indiqua la canne. Il a disparu depuis un moment, maintenant.
Figaro ! Le chat de Minnie, bien sûr ! La pauvre… 
-       Je vais vous aider ! assura le directeur du cirque. Avec les petits, on le retrouvera en un rien de temps ! Où l’avez-vous pour la dernière fois ?
-       Je ne sais pas, avoua péniblement Daisy. On le laisse toujours vagabonder… 
Le directeur du cirque hocha vigoureusement la tête. Les indices étaient maigres, mais il fallait s’en contenter. Il délaissa un moment les demoiselles en détresse pour appeler ses acolytes. Ses quatre cents vingt neveux répondirent aussitôt présents et, dès qu’ils eurent reçus leurs instructions, ils se mirent en quête du chat perdu. Donald et Oswald indiquèrent qu’ils allaient chercher quelques rues plus haut et ils s’en allèrent tranquillement.
-       Déjeuner ? proposa le canard.
-       Carrément !
Et tous deux s’installèrent sur un banc pour déguster leurs sandwichs.


Ah… Cela faisait du bien de s’éloigner un peu de toute cette agitation. Ils auraient toujours le temps de chercher Figaro plus tard. Les deux compères, bien décidés à savourer leur moment de détente, observaient autour d’eux tranquillement. Dans la rue, en contrebas, une dame aidait sa fille à faire ses premiers pas. Un sentiment de nostalgie envahit le lapin. Ça lui rappelait quand il avait aidé Donald à faire les siens. D’ailleurs, le canard devait penser à la même chose car il ne quittait pas la gamine des yeux, comme fasciné.
-       Et un jour elle grandira et deviendra une sale râleuse, prédit le veuf d’un ton docte. C’est le destin.
-       Je ne me sens pas visé, grogna son ami en guise de réponse.
-       Ne parle pas ainsi à celui qui t’a élevé, sale gosse.
-       Elever, élever, comme tu y vas.
Oswald eut un petit rire, un sourire moqueur au coin des lèvres.
-       Bon d’accord, je ne t’ai pas « élevé », convint-il. Mais je t’ai quand même appris des trucs de dingue, non ?
Le canard saisit le bras que son ami avait passé autour de son cou pour le lui rendre obligeamment, le sourcil haut.
-       Heureusement que j’étais trop jeune pour me rappeler toute cette merde, grommela-t-il. D’ailleurs, c’est pas là que t’as rencontré… ?
Il tut le nom au dernier moment, pâle comme un linge. Flûte… Il avait remis ça sur le tapis, mais quel boulet ! Alors qu’Oswald semblait enfin aller mieux ! Le canard détourna le regard, affreusement gêné. Dans un mouvement doux, le lapin replaça son bras autour des épaules de son ami.
-       Tu allais dire « c’est là que t’as rencontré Ortensia »… Non ? lui souffla-t-il.
-       Heu, je… désolé… 
Un Donald gêné, voilà un tableau rare ! Le père des lapereaux lui sourit gentiment. Pauvre canard… Il devait vraiment avoir l’air pitoyable pour le pousser à se confondre en excuses ainsi.  
-       Tu n’as pas besoin de t’excuser, mon ami, lui assura-t-il. Tu peux évoquer son nom autant qu’il te plaira. Après tout, tu n’es pas un étranger.


Sa rencontre avec Ortensia, hein… ? Depuis combien de temps n’y avait-il pas songé ? Sa femme était déjà un sacré numéro à cette époque. Oui, il s’en rappelait encore clairement aujourd’hui. Alors qu’il essayait de faire marcher Donald, ce maladroit caneton au duvet encore tout doux, elle était intervenue, tel un chevalier blanc. Elle lui avait crié de le laisser tranquille, de ne pas le forcer à apprendre quoique ce soit, que cela lui viendrait en temps et en heures. Elle avait même rectifié sa façon de s’adresser à elle, comme une vraie maîtresse d’école.
Qu’est-ce qu’il lui avait répondu, déjà ? Ah, oui… Qu’elle sentait comme une vieille dame… A ce souvenir, Oswald rit doucement. La petite Ortensia s’était énervée contre lui et l’avait poussé alors qu’il tenait toujours bébé Donald dans les bras.


Une forte tête, à n’en pas douter… contrairement à lui qui avait fondu alors en larmes. Terriblement gênée, la chatte avait acheté son pardon avec des bonbons afin qu’il recouvre à son calme. Quel souvenir… 
-       Dieu seul sait comment j’ai fini par épouser une fille pareille, hein ? murmura le lapin.
Donald fronça les sourcils. La voix de son ami tremblait comme une flamme de bougie prise dans un courant d’air. Le père des lapereaux s’était recroquevillé sur lui-même, la respiration lourde. Non, non, c’était fini, tout ça ! Il était allé au-delà de son deuil… n’est-ce pas ? Sois fort, sois fort, Ozzy ! Il devait arrêter d’inquiéter son entourage, bon sang !
Oswald sursauta violemment en sentant la main de Donald se poser sur son épaule. Son ami se pencha sur lui, mortellement sérieux.
-       Oswald, je sais que c’est étrange de ma part de dire ça, mais tu ne devrais pas garder tes émotions pour toi, lui assura-t-il. Ce n’est pas bon pour toi… Alors… pleure… Je serai muet comme une tombe, promis.
Et à l’abri des regards, de ceux de ses enfants, de celui de son frère, Oswald se mit à pleurer. Oui, il pleura entre les plumes de son ami qui veillait silencieusement sur lui. Ce dernier ne prononça pas une parole, il n’eut même pas un geste de réconfort. Non, il se tenait juste… là.
Et, pour le veuf, c’était peut-être le meilleur des remèdes.

lundi 20 novembre 2017

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 22


Bien le bonjour, tout le monde ! 

Récemment, je discutais de la fanfiction avec un ami qui m'a dit "Oui, mais je ne peux pas la lire, je ne connais pas les univers d'où elle provient". Mais c'est là l'intérêt de ce travail (et de bien des fanfictions) : ce n'est pas obligatoire de connaître les œuvres originelles. On est dans un univers alternatif qui ne fait qu'emprunter des personnages. L'histoire, elle, est entièrement nouvelle. Ce récit peut vous donner envie d'aller après vous plonger dans les histoires dont il est tiré (et j'espère que c'est le cas), mais vous pouvez le lire sans vous en préoccuper. 

Alors… Bonne lecture ! 


La soupe était fin prête ! Mugman, tout en chantonnant, touillait leur repas, un sourire heureux sur les lèvres. Boris, quant à lui, était en train de déballer leurs affaires. Il fouillait dans son sac à la recherche de bols pour tout le monde. C’est alors qu’un détail lui vint à l’esprit.
-       Oh, c’est vrai ! Je n’ai pris que pour quatre personnes sans prendre en compte Félix…
Celui-ci redressa la tête à l’entente de son nom. Avisant la mine déconfite du louveteau, il comprit rapidement ce qui l’ennuyait.
-       Tout va bien, Boris ! J’ai mon propre bol, lui apprit-il.
C’était là le grand avantage de posséder une sacoche magique : on avait constamment tout sous la main ! Encore fallait-il encore y accéder… Cela faisait mal au cœur au chat de devoir demander à Bendy de se pousser, mais il n’avait pas le choix s’il souhaitait goûter à la délicieuse soupe préparée par les cadets.
-       Bendy, si ça ne te dérange pas…
Le mécanicien lui jeta un regard surpris, puis il vit qu’il empêchait son idole de se mouvoir. Il recula d’un bond, embarrassé par sa propre attitude.
-       Whoa ! Je suis d… désolé ! bafouilla-t-il.
-       Non, pas de problème, sourit l’écrivain.


Il fouilla dans son sac et en tira un bol qu’il confia à Boris. Cuphead, qui les observait au loin, se mit à rire. Un attirail magique ? Voilà qui était bien pratique ! Qu’est-ce qu’il pouvait avoir d’autre là-dedans ?
-       Mec, tu as vraiment de tout, là-dedans ! s’exclama-t-il. Qu’est-ce que tu vas faire apparaître la prochaine fois ? Un lapin ?
Son rire s’accrut à cette pensée. Félix fit la moue. Comme s’il pouvait invoquer un… lapin ? Un lapin comme monsieur Oswald ? Oh, il voyait parfaitement Oswald sortir de son sac avec son craquant petit sourire en coin…  Félix sentit ses joues le brûler alors qu’il s’empourprait à vitesse grand V. Mais quelle stupide idée Cuphead venait de lui mettre dans la tête ! Il en avait le cœur tout frémissant !
Bendy lui jeta un regard étonné. Qu’arrivait-il donc à l’écrivain ? Il l’appela timidement, mais ce fut suffisant pour que le chat reprenne ses esprits. Il s’excusa pour son comportement, terriblement embarrassé. Voilà qu’il se comportait encore comme un collégien ! Heureusement pour lui, Boris revint alors vers eux avec deux bols de soupe fumants.
-       Enjoy your meal ! leur souhaita-t-il en anglais.
-       Merci, répondit le chat, soulagé par son intervention.
Mugman, quant à lui, s’assit près de son frère. Ce dernier était toujours allongé dans le creux des racines du chêne avec Jackpot qui avait élu domicile sur son ventre le temps d’une longue sieste. Il lui tendit son propre bol et tenta de répéter la même phrase que son ami :
-       Enjo… you mille ?
Son aîné lui sourit d’un air narquois.
-       Ouais, je ne sais pas ce que ça veut dire non plus, ricana-t-il.


Tous se mirent à déguster le repas préparé par les cadets. Félix souffla sur sa cuillère avant de l’enfourner dans sa bouche. La crème et les champignons semblaient fondre sur sa langue !
-       Huum, apprécia-t-il. C’est vraiment très bon !
-       Ce n’est pas de la soupe au bacon, mais c’est bon aussi, concéda Bendy.
-       Si je ne te surveillais pas, tu ne boirais que ça, soupira son benjamin.
Le mécanicien protesta vivement, ce qui fit rire l’ensemble de leurs compagnons de route. Le repas se déroula dans une ambiance bon enfant. Chacun prit son temps pour déguster leur bol sous les rayons lascifs du soleil. Bendy et Cuphead furent désignés pour la corvée de vaisselle et ils s’exécutèrent tous deux en râlant. Il leur fallut de longues minutes pour achever leur tâche car chacun prenait un malin plaisir à gêner les mouvements de l’autre.
Quand ils revinrent enfin s’asseoir, ils étaient trempés des pieds à la tête ! Cependant, ils avaient tous deux un sourire complice sur les lèvres. Pour parachever ce moment des plus plaisants, Boris sortit de son sac sa clarinette. Il la porta à sa bouche et joua un morceau guilleret qui acheva de mettre tout le monde d’excellente humeur.


Quand le louveteau acheva son morceau, il fut applaudi avec enthousiasme par Mugman.   
-       C’était super ! s’exclama celui-ci.
-       Merci, sourit l’apprenti mécanicien. J’en joue depuis des années.
-       Oh cool… 
-       Mais Bendy aussi est musicien ! Il jouait de la guitare, avant.
Félix émit un petit sifflement admiratif. Bendy, fier d’avoir attiré l’attention de son idole, décida de la jouer « à la cool » et de ne pas se montrer suffisant.  
-       C’était il y a longtemps, je ne pense pas avoir encore aujourd’hui la moitié du talent que je possédais à l’époque.
Il fut interrompu par Cuphead qui semblait rire sous cape. Il avait le rire facile, lui, aujourd’hui ! Se moquerait-il encore de lui ?
-       Pourquoi tu ris ? grogna le malade dans sa direction.
Le nervi du Diable lui adressa un sourire goguenard.
-       Rien, je t’imaginais juste essayer de jouer avec un instrument qui fait deux fois ta taille !
-       Petite merde ! jura son interlocuteur.
Il aurait voulu lui faire sa fête, mais il fut arrêté par les rires des deux cadets qui semblaient beaucoup aimer l’image que Cuphead venait de faire naître dans leurs esprits. Que Mugman s’amuse, le nez dans son écharpe, il s’en fichait, mais que son petit frère participe, non !
-       Boris ! rugit-il.
-       D… désolé, Bendy, s’excusa son benjamin, bien qu’il n’ait pas l’air désolé le moins du monde. Mais c’est une idée amusante !


Bendy sentait la moutarde lui monter au nez. Hors de question qu’il devienne la tête de turc de Cuphead, il fallait qu’il montre son autorité. Il se leva et agita un doigt menaçant sous le nez de son ennemi de la veille.
-       Très bien, maintenant, c’en est trop !
Sa tentative se solda par un puissant échec car Cuphead se mit à rire encore plus fort, amusé par son attitude. Félix, pour désamorcer la situation, décida d’attirer l’attention du frère aîné de Mugman.
-       Sinon, je me demandais, Cuphead… C’est bien une paille qui sort de ta tête ?
L’intéressé porta sa main par réflexe à la paille en question.
-       Oh, ouais, c’est une paille flexible ! Merci de l’avoir remarq… Oh !
Il venait d’avoir une idée de génie ! Que disait-il, un trait d’esprit de toute première qualité !
-       Attendez, les gars ! Je viens de penser à un truc ! En anglais, une paille flexible, ça se dit « Bendy straw » ! On doit absolument en faire notre nom d’équipe !  


Bendy, qui était tout de même le premier intéressé, protesta violemment. Cependant, ce nom semblait du goût de ses compagnons de voyage qui approuvèrent tous la trouvaille de Cuphead par de grandes exclamations enthousiastes. Et quand Félix donna à son tour son approbation, le mécanicien ne put que suivre le mouvement. Ainsi, il fut décidé que tous porteraient le nom de « bendy straw ».
Mugman, de son côté, était heureux. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi détendu ! C’était tellement agréable d’avoir des amis avec qui échanger sans complexe ! Il se rapprocha subrepticement de Boris jusqu’à ce que leurs épaules se touchent. 
-       Tu es le meilleur des meilleurs amis ! lui déclara-t-il dans un élan passionné.
-       Heu, merci, répondit l’intéressé. Tu es vraiment quelque chose, toi aussi.
Mugman allait poursuivre quand un raclement de gorge attira son attention. Depuis son poste d’observation, son grand frère l’observait. Il leva un doigt qu’il balança de droite à gauche. Son regard était un avertissement sans appel : non. Il ne fallait surtout pas qu’il s’attache aux deux frères mécaniciens. Mugman gonfla ses joues, frustré, attristé. Pour une fois qu’il avait vraiment un ami, il aurait tellement aimé se rapprocher de lui !


Pourtant, la position de Cuphead était clairement définie dès le départ. Certes, ils devaient faire en sorte que Bendy et Boris aient confiance en eux. Mais, en échange, eux, ils ne devaient absolument pas s’enticher des deux mécaniciens. Le Diable détenait toujours leurs vies, ils devaient toujours garder ça à l’esprit.
Toujours.
Bendy finit par se lever pour signifier que la pause était terminée. Il empoigna sa sacoche dont il passa la lanière par-dessus sa tête.  
-       C’est bon, monsieur Félix. Remettons-nous en route avant que je ne fasse quelque chose que je pourrai regretter, ajouta-t-il en jetant un regard noir à Cuphead.
L’écrivain se redressa à son tour, ne pouvant s’empêcher de s’inquiéter pour le malade. La crise qu’il avait traversé avait du l’épuiser, il n’était pas sûr qu’il puisse déjà repartir.
-       Tu es sûr que tu vas bien ? insista-t-il.
-       Oh, oui, je suis sûr !
Le chat le détailla du regard, suspicieux. Il croisa ses bras sur son torse, un sourcil haussé, nullement convaincu. Bendy comprit qu’il croyait qu’il lui mentait encore et s’empressa de le rassurer :  
-       Non, vraiment, je vais bien ! J’ai compris la leçon ! Je vous en faîtes pas, monsieur Félix !
Il agitait les mains, gêné, les joues légèrement empourprées. Sa volonté de convaincre son idole toucha cette dernière. Décidemment, cet enfant était vraiment adorable… 
-       Très bien, je te crois, cette fois, concéda le chat.
Tout à coup, un cri attira l’attention de l’ensemble des voyageurs. Boris, à quelques pas d’eux, les appela une nouvelle fois :
-       Les gars ! Venez vite !
Tous accoururent, inquiétés par l’urgence qui transparaissait dans la voix du louveteau. Ce qu’ils virent alors les laissa sans voix. La carte flottait dans les airs, juste au-dessus d’un ruisseau. Elle s’était entortillée sur elle-même et semblait pointer quelque chose, comme si elle cherchait à indiquer une direction.
-       L… La carte, balbutia Boris, les yeux écarquillés. Elle agit… bizarrement…


Cuphead grogna, n’aimant pas trop la tournure que prenaient les choses. Mugman, lui, se demandait si toutes les cartes agissaient ainsi… Bendy, de son côté, avait du mal à croire ce qu’il voyait. Allons bon, voilà qu’elle prenait vie, celle-là ! En fait, seul Félix était vraiment très excité par leur nouvelle découverte. La carte leur ouvrait la voie ! C’était merveilleux ! Il retira ses chaussures et entra dans le ruisseau pour l’examiner. Le nervi du Diable se pencha alors sur l’épaule de Bendy, interdit.
-       La carte s’est transformée elle-même en cornet de glace ? le questionna-t-il.
-       C’est ça, répondit le mécanicien, désabusé par la naïveté du frère de Mugman. Ça ou bien elle pointe quelque chose.
-       Oh… C’est peut-être plutôt ça, alors.
Boris haussa un sourcil.
-       Oui, mais pointer quoi ? marmonna-t-il. C’est juste une rivière…


Félix remonta les jambes de son pantalon afin de s’avancer plus en avant dans le cours d’eau. Il s’accroupit et plongea sa main dans le liquide pour caresser le sol qui en composait le lit. C’était étrange… Pile sous la carte, on aurait dit que la terre n’avait pas la même consistance qu’aux alentours. Il pouvait sentir sous sa paume des arêtes en fer. Elles semblaient dessiner une forme…  
-       Intéressant, murmura-t-il. Ça m’est familier, d’une certaine manière… 
Avec ses doigts, il remua la boue et la vase. Sous les yeux stupéfaits de ses compagnons, un étrange symbole apparut alors. On aurait dit une sorte de… sirène ?
Ils l’ignoraient encore, mais ils venaient alors de trouver l’entrée d’un temple où était caché la première pièce de l’Ink Machine.