mardi 31 janvier 2017

LES MANHWAS

   Bien le bonjour, tout le monde.

   Petite précision avant de débuter cet article, non, le titre ne comporte pas de fautes. Le sujet des supports narratifs encore inexplorés m'ayant travaillé, je me suis demandé sur quoi je n'avais pas encore écrit. Alors j'ai pensé : “Je n'ai pas encore évoqué le genre des manhwas !”. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà dans l'univers encore inconnu des bandes dessinées… coréennes !


   Alors, qu'est-ce qu'un manhwa ? C'est une bande dessinée coréenne qui est colorisée. Tout simplement. Et un auteur de manhwa ? C'est un manhwaga. On peut en trouver sur internet, sous une forme papier… Mais si cela a un fort succès en Asie, ce style de bande dessinée n'a pas encore réellement trouvé sa place en France. Pourtant, c'est très intéressant car très libre au niveau des sujets. Et la Corée du Sud a quand même un passif assez important alors des choses à raconter, il y en a ! 

   Mais avant d'aborder ce thème, restons un peu sur la forme. Le manhwa connaît plusieurs déclinations, un peu comme nos bandes dessinées occidentales. Ainsi, on retrouve le manmun manhwa qui est un manhwa en une seule case. Mais il y a aussi myeongrang manhwa, la bande dessinée humouristique pour adulte, le takji manhwa, un manhwa d'aventure qui se déroule en Occident… On a donc affaire à un genre varié qui a une longue histoire ! Le takji, par exemple, était très populaire dans les années 50, après la guerre de Corée où les conditions de vie étaient épouvantables.

  Le manhwa n'a pas encore de public en France. Pourtant, il y a un nombre impressionnant d'éditeurs qui ont décidé de parier sur ce nouveau genre : Ki-oon, Casterman, Soleils Production, Clair de Lune, Kami, Pika Edition, Asuka, Kana, Milan Presse, Editions Sarbacane, Samji… Et on a quand même des grands noms dans cette liste. Néanmoins, en 2008, par exemple, les éditions SEEBD ont fait faillite et même si leur catalogue coréen a été repris, de nombreux titres n'ont pas été relancés. Il y a donc un véritable frein qui empêche les manwhas de s'installer dans notre pays. 


   Pourtant, les manwhas peuvent être très intéressants, notamment parce qu'ils abordent des sujets variés et forts (violences quotidiennes, relations homosexuelles, fantasmes en tout genre, psychologie…). Le style de dessin est proche du manga, je l'accorde, mais les pages sont en couleur, ce qui apporte quand même un plus. Alors j'aimerais au moins mettre en avant trois histoires qui m'ont marquée et qui gagneraient à être davantage lues.  


   Je commencerai par un manhwa au dessin très simple et aux couleurs tout aussi enfantines. Il s'appelle Ne pas voir, ne pas entendre, mais aimer de Go Yeong Hun. On suit l'histoire de Geun-Soo, un aveugle, et de sa femme, Sori, qui est sourde. Tous deux vivent ensemble tant bien que mal, dans une certaine pauvreté, mais l'amour leur permet de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Mais ce serait sans compter sur leur passé qui ne cesse de les hanter. 

   Ces deux personnages sont très attachants. Geun-Soon veut absolument gagner de l'argent pour que tous deux aient une vie décente. Sori, elle, fait tout pour apporter du soleil dans leur existence en souriant constamment. Le dessin est peut-être très simple, mais il est touchant et les couleurs douces apportent vraiment une note de tendresse. 


  Ce manhwa est aussi bourré d'humour, tout en abordant des sujets graves : l'handicap, la maladie dégénérescente, les mauvais choix, la tromperie, la pauvreté… C'est donc un petit cocktail d'émotions qui vous attend ici. Par contre, je doute qu'il soit disponible ailleurs que sur internet. Mais, comme vous allez le voir, de toute manière, c'est aussi le cas des deux autres. 

   Passons à la deuxième histoire, intitulée That Summer, de Kim Hyun. Cette fois-ci, nous nous situons dans l'esprit d'une adolescente, Jumi, qui mène une vie de lycéenne tranquille. Un jour, elle surprend deux jeunes hommes  en train de s'embrasser sur le toit de l'école. Contre toute attente, elle finit par devenir amie avec l'un d'entre eux et elle découvrira alors petit à petit l'étrange histoire d'amour qu'ils ont vécu ensemble. 


   S'il s'agissait d'un manga, on pourrait dire que ce manhwa appartient au genre du yaoi, mais un yaoi situé du point de vue d'une femme, ce qui est extrêmement rare, pour ne pas dire que cela ne s'est jamais fait. L'histoire est intéressante, tendre et calme, sur un rythme assez indolent. On se trouve dans la Corée du Sud contemporaine et c'est intéressant de voir comment est la vie là-bas. 
   Les couleurs sont aussi assez belles. Très douces, toutes dans des nuances de pastelle, ce qui rend la lecture vraiment très agréable. Pour l'instant, peu de chapitres sont sortis (une dizaine, je crois) et j'ai hâte de savoir comment tout cela va évoluer. 

   J'en viens enfin au meilleur, celui que je vous ai gardés bien au chaud. Cette fois-ci, on entre dans un univers très froid, très sombre. Un manhwa qui m'a personnellement soufflé, c'est une claque magistrale (surtout ces derniers chapitres, oh bon sang, quels chapitres…). 


   Le manhwa a pour titre Bastard, il est dessiné par Kim Kanbi et Hwang Youngchan. On rencontre Jin, un lycéen dont le corps qui a subi un lourd traumatisme : oeil en verre, broches en fer dans les membres… Dans le premier chapitre, il est en compagnie de son professeur particulier qui lui donne une leçon. Son père annonce alors qu'il doit partir en voyage d'affaires. La porte claque. Jin va alors chercher un maillet qu'il abat sur la tête de son professeur. 


   Je suis désolée pour ce paragraphe, mais je ne savais vraiment pas comment résumer cette histoire autrement ! Cette histoire est… fantastique. Le personnage de Jin possède des facettes par centaines et le personnage principal féminin, Kyun, est très attachant, plein de courage et de bienveillance. Vraiment une histoire… époustouflante. Une claque. 


   Le résumé que l'on trouve le plus couramment sur ce manhwa, c'est : "Il y a un serial killer dans ma maison". Vous vous en doutez bien, Jin n'est pas celui qui est désigné par cette appellation. Au fur et à mesure que l'on plonge dans son enfer quotidien, on est pris par la gorge par la puanteur de son foyer et par la froideur des couleurs.

   Encore une fois, on a affaire à une œuvre qui va aborder une multitude de thèmes : le harcèlement scolaire, la pauvreté, la maladie, l'handicap, la culpabilité, la folie, l'obsession, la prostitution, l'amour, la jalousie, le monde du travail… Tout cela étant servi par un dessin de grande qualité qui est capable de représenter toutes les émotions possibles avec une justesse incroyable, allant de la simple gêne à la plus monstrueuse des folies.


   Un dernier mot sur le rythme de l'histoire. Les chapitres sortent assez régulièrement, et heureusement ! Car certains chapitres peuvent être consacrés à une seule et unique action (comme le 83 et 84 qui reprennent les mêmes évènements, mais d'un point de vue différent). Mais cela n'est pas gênant du tout, ce format participe même à l'ambiance angoissante du manhwa.

   Tout comme l'article sur les webcomics, ce que je vous présente n'est vraiment qu'un échantillon de cet univers inconnu, et pourtant bien vaste ! J'espère avoir réussi à vous avoir donné envie de mettre un peu votre nez dans ce genre en manque de visibilité et qui mériterait pourtant qu'on s'y penche grandement.

   Voilà, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !

  
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    Marine Lafontaine

1 commentaire:

Princess Breakfast a dit…

je vais m'essayer à Bastard, tiens, ça m'intéresse vachement !