lundi 27 février 2017

GRAVITY FALLS

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Aujourd'hui, petit article qui me tient très, très à cœur puisque je vais vous parler d'une œuvre qui m'a fait complétement rêver… voyager ! Cela fait longtemps que j'ai envie de vous en parler et ce jour est enfin arrivé ! 


   Depuis l'année dernière, je me suis intéressée aux cartoons. Même en étant très fan d'animation, je restais persuadée qu'il s'agissait d'oeuvres destinées uniquement aux enfants. Comme quoi, le préjugés ont la vie dure mais, après avoir dévoré les épisodes de Gravity Falls, de Star VS the forces of evil, de Steven Universe et de Over the Garden Wall… Non… Ce n'est pas que pour les enfants. 

   Le premier cartoon que j'ai donc découvert porte le titre de Souvenirs de Gravity Falls, une petite merveille en deux saisons  créée par Alex Hirsch. Il s'agit d'un travail américain car, oui, nos petits héros appartiennent à Disney.

   Mais bon, intéressons-nous plutôt un peu à l'histoire. Un été, les jumeaux Dipper et Mabel Pines sont envoyés chez leur grand-oncle Stan dans la petite ville de Gravity Falls afin d'y passer leurs vacances. Ils logent au Mystery Shack, le musée des bizarreries de Stan qui est un pur attrape touristes. Un été bien triste s'annonce car Stan n'hésite pas à exploiter ses petits neveux de douze ans afin de gagner de l'argent. Un jour, il envoie Dipper accrocher des pancartes dans la forêt. Celui-ci met alors la main sur un mystérieux journal où sont recensés tous les phénomènes étranges qui ont lieu à Gravity Falls. Pour les jumeaux, c'est le début d'une aventure qu'ils ne seront pas près d'oublier. 

   J'adore Gravity Falls. Les musiques, les personnages, les dessins, les idées, l'animation… Tout est super ! Les personnages qui gravitent autour des jumeaux Pines sont tous extras, même ceux qui n'ont pas un très grand rôle : Soos, Wendy, Grenda, Toby, Pacifica, Gideon, Candy, McGucket, Robbie, Waddles, Melody… Tous ont plus de profondeur qu'ils ne le laissent voir au premier abord et c'est super. 


   Les jumeaux ne sont évidemment pas en reste. Dipper est un gamin calme et réservé qui se passionne pour les énigmes et les calculs. Mabel, elle, est une créatrice complètement follette et délicieusement attachante. A eux deux, ils forment les Mystery Twins, complémentaires en tout point. Quant à Stan… Ah, je n'en dis pas plus, mais j'adore ce personnage ! Et je trouve que ce passage, repris par Lilaym, le représente parfaitement.


   Les aventures courtes s'enchaînent dans un premier temps, mais, rapidement, une trame se met en place et quelle trame ! Secrets de famille, surnaturel, monde parallèle et autres joyeusetés sont en rendez-vous pour cette chevauchée de l'intrigue. L'humour est toujours présent, bien sûr, mais des thématiques bien plus sérieuses vont être abordées notamment la confiance en soi, la peur de grandir, la foi en l'espoir, le comportement qu'on adopte face à la terreur, le désir d'oublier, le rejet de l'originalité, la manipulation, la crainte de l'abandon… 

  Bref, comme vous vous en doutez, je ne peux que vous conseiller cette œuvre, quelque soit votre âge. J'ajouterai juste une chose pour achever de vous convaincre : un des personnages est un triangle magique à un oeil qui a une voix super classe en anglais et un chapeau à haute forme. Que vous faut-il de plus ? Ici, il est représenté par Kinseis.


   Une fois n'est pas coutume, j'aimerais maintenant évoquer l'univers des fans. Ou plutôt les univers ! Car les mondes alternatifs qui gravitent autour de cette série, il y en a à la pelle ! Je vous avais déjà évoqué cela dans mon article Des œuvres et des fans, mais j'aimerais m'attarder un peu plus cette fois-ci. 

   Gravity Falls aborde le motif des univers parallèles dans la saison deux pour des raisons que je ne vous révélerai pas ici. Alors certains ont décidé de plancher sur la question. Comment transposer et décliner le monde du dessin animé ? Et alors se sont mis en place des théories, des idées… Et c'est juste génial ! 

   Reunion Falls, par exemple, AU imaginé par Elena/Leo. Et si Dipper avait été élevé à Gravity Falls et qu'il chassait des monstres dès son plus jeune âge ? Et si Mabel, gamine de la ville, venait le retrouver alors que le garçon ignorait à même son existence ? Comment cela se déroulerait-il, que se passerait-il ? Relations différentes entre les personnages, choix qui varient, réécriture de certaines péripéties sont au rendez-vous !


  Fight Falls, aussi, est très cool ! Il s'agit d'une invention de l'artiste Buryo. Et si Dipper et Mabel étaient des bagarreurs dans l'âme ? Et s'ils détestaient qu'on les prenne pour des gamins et s'ils n'hésitaient pas à jouer des poings ? Comment l'histoire se déroulerait alors ? 


   Evidément, je ne peux pas passer à côté de Reverse Falls qui est certainement l'univers alternatif le plus célèbre de la fanbase. C'est simple, les méchants deviennent gentils et les gentils deviennent méchants. Pacifica Northwest, la pimbêche richissime, devient Pacifica Southeast, une gentille petite hippie. Gideon Gleeful, l'ESPer manipulateur et capricieux, devient Gideon Pines, un gamin rondouillard troutrouille et au coeur d'or. Quant aux jumeaux…


   Mabel et Dipper Gleeful sont des frères et soeurs qui possèdent de forts pouvoirs psychiques. Ils organisent des spectacles, un sourire cruel sur les lèvres et hantent vos cauchemars. Tout comme Gideon dans la série originale, ils cherchent à mettre la main sur les mystérieux journaux. Cependant, cette fois-ci, le démon de l'histoire, Will Cipher, est à leur service… ce qui ouvre des perspectives plutôt intéressantes !

   Après, des histoires de ce genre, il y en a plein, impossible de toutes les citer (et si les journaux étaient humains ? Et si Mabel était la propriétaire du Mystery Shack ? Et si Bill avait le devoir de protéger Dipper ? Et si Dipper absorbait les pouvoirs de Bill ? Et si tout se déroulait dans les années 1920 ? Et si nos personnages préférés étaient en réalité des créatures surnaturelles ?). Cela n'en finit pas ! 

   Et ce qui est également intéressant, c'est que tout se coordonne. Par exemple, dans Monster Falls, il a été décidé que Mabel serait une sirène, Pacifia une gorgone, Stan une gargouille et Dipper un être mi-cerf (ou plutôt faon) mi-homme. Et vous retrouverez ce schéma partout, qu'importe l'artiste qui le met en scène.  


   Il existe également des cross-overs géniaux, notamment ceux imaginés par l'artiste Starfleet Rambo, dont je vous avais parlé lors de mon article sur les Webcomics. Elle met en place deux cross-overs à travers deux comics très intéressants : un avec Over The Garden Wall et un autre avec Danny Phantom. Dommage que les deux soient abandonnés, parce que j'aurais vraiment aimé connaître la suite…

   Bref, faisons court, sinon l'article va être trèèèès long, parce qu'entre les fanarts, les animations, les chansons, les objets, les comics et autres, il y a encore beaucoup à dire. Gravity Falls est une excellente découverte qui m'a permis de me pencher sur l'univers des cartoons ainsi que sur beaucoup d'artistes que je suis aujourd'hui avec assiduité. J'espère vous avoir convaincu de vous pencher sur ce monde gigantesque et très plaisant. 

   Pour le moment, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !
  
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    Marine Lafontaine

vendredi 17 février 2017

ETHAN FROME

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Ces derniers temps, je vous ai beaucoup parlé de formes narratives un peu particulières. Mais, aujourd'hui, on revient au traditionnel avec un roman tout droit sorti du début du XXème siècle, j'ai nommé Ethan Frome

   Ethan Frome est un roman éponyme écrit en 1911 par Edith Wharton. Lors de sa première publication, il fut édité en France sous le titre Sous la neige, un titre qui colle parfaitement avec l'univers pesant et retranché que Madame Wharton s'est amusée à mettre en place.


   L'histoire débute avec un narrateur anonyme qui nous apprend qu'il a été envoyé à Starkfield, un petit village perdu au milieu de nulle part, afin de superviser une branche de l'entreprise qui l'emploie. Le narrateur est fasciné par un homme aussi imposant que silencieux qui répond du nom d'Ethan Frome. Un jour, alors qu'une tempête de neige les surprend tous les deux, Ethan propose au narrateur de rester pour la nuit chez lui. Et c'est là qu'on apprend le passé tragique de cet homme.

   Ce roman est… superbe. Une écriture fine, une histoire rondement menée, des personnages bien écrits… Que demander de plus ?

   Le récit du narrateur principal encadre l'histoire d'Ethan Frome. Le dernier chapitre m'a soufflé et je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir désolée pour notre héros éponyme que la vie n'a vraiment pas gâtée. Il a perdu ses parents jeune et a hérité d'une ferme et d'une scierie qu'il doit faire fonctionner seul. Sa femme est une malade chronique qui ne lève pas le petit doigt pour lui venir en aide et son silence est très pesant.


   Car, oui, ce livre est truffé de silences longs et angoissants. Les personnages ne parlent pas, ou alors quasiment pas. La femme d'Ethan est une créature de silence dont la présence pèse. Leur aide, Mattie, est au contraire très joyeuse et volubile. Tout du moins, elle l'est pendant une partie de l'histoire.

  Ce livre est le récit d'amours malheureuses. Ethan est un homme honnête qui fait tout pour s'en sortir, mais la fatalité est un fardeau bien lourd pour ses épaules. Il aime Mattie, mais ne peut vivre cet amour car le regard de sa femme plane toujours sur eux deux, même quand elle est absente.


  On a ici affaire à un très beau livre qui se passe presque en huis clos puisque les personnages semblent prisonniers de Starkfield. Certains partent bien à certains moment, mais ils finissent toujours par revenir, comme si le lieu les tenait en son joug et qu'il ne laissait personne lui échapper. En réalité, si, un seul échappatoire existe : la mort.

   C'est d'ailleurs sur une remarque d'un personnage âgé que se conclut le livre, une remarque à propos des tombes et des morts qui achèvera de vous plomber le moral. En tout cas, moi, après tout ça, je ne suis pas prête à monter sur une luge de si tôt…

   Ce roman a été adapté en film en 1993, avec Liam Neeson en rôle principal. Je ne l'ai pas vu, pas encore, mais je suis bien tentée ! L'intrigue a l'air de s'éloigner de la trame originale, mais bon, comme on dit, c'est une adaptation, pas un copiez-collez. Donc, à voir !


   Pour conclure, on a là affaire à un très beau livre, très bien écrit avec de beaux personnages et un univers tout à fait saisissant. Je le conseille à tous et à toutes pour une agréable lecture, loin de la neige.

   Pour le moment, ce sera tout pour cet article, j'espère qu'il vous a plu. En attendant de vous retrouver, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout ! N'hésitez pas à commenter et à partager. Venez me rendre une petite visite sur les réseaux sociaux où je poste de nombreuses choses en dehors de mes articles. A très bientôt !

  
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samedi 11 février 2017

CARTE 15, MA TRANSFORMATION EN MOI

Bien le bonjour, tout le monde ! 

Hé oui, nous en sommes déjà à quinze cartes Dixit. Que nous réserve donc celle que j'ai pioché aujourd'hui ? Sans plus attendre, je vous laisse le découvrir… 




Aussi surprenant ou dégoûtant que cela puisse paraître pour certains, l’opération était une décision que j’avais prise seule, en secret, sans consulter mon entourage. Un jour, je suis partie sans rien dire à personne, ni à mon mari, ni à mes parents, ni même à ma chère et tendre sœur. J’avais besoin d’accomplir ce voyage seule car je souhaitais ne le faire que pour moi-même.

Pour une fois, je voulais accomplir une chose dans mon intérêt seul.

On m’a demandé d’écrire sur l’opération, sur la personne que je suis devenue. J’avoue ne pas réellement savoir manipuler les mots, mais les émotions guident ma plume. Alors je devrais être capable de raconter avec justesse ce qui m’est arrivé au cours de ma vie. Car, cette histoire, aussi dérangeante qu’elle puisse être… c’est la mienne.

Je suis une enfant des rues étroites d’une ville paumée au fin fond des montagnes. Mes parents étaient de pauvres gens qui trimaient chaque jour pour survenir aux besoins de leurs deux filles. Moi, j’étais bien bâtie, une costaude, j’aidais donc dans toutes les tâches fatigantes. Ma sœur, plus faible, était chargée de l’entretien de notre maisonnée. Notre vie était… frugale ? J’ignore si je peux utiliser ce terme dans ce sens, mais c’est ainsi que je le ressens. Pourtant je l’aimais… 

Le reste de ma famille avait plus d’ambition. Un jour, un voyageur est venu. Il s’était perdu et cherchait un gîte pour la nuit. Cela fait très conte de fée, n’est-ce pas ? Je ne sais pas ce qui lui a plu chez moi, chez la grande fille au visage rouge et aux cheveux noirs fillasses, mais il a tout de suite demandé ma main. Et mes parents la lui ont accordée immédiatement.

Il nous a tous emmenés dans la Grande Cité. Nous avons alors découvert un mode vie d’une richesse incroyable. Plus besoin de se lever aux aurores, d’ensemencer les champs, de fendre des bûches ! J’ai même fait une découverte absolument magique : la musique.

Mon mari a toujours été bon envers moi, mais, malgré tout, c’est du violoncelle dont je suis tombée éperdument amoureuse. Les notes que je parvenais à en tirer m’enchantaient. La sensation de l’archet entre mes doigts, le poids de l’instrument contre mes jambes, la vibration sensible des cordes… J’aimais chaque aspect de cette magnifique création. On pouvait dire que j’étais comblée juste en jouant. Enfin, non… Pas exactement.

Depuis ma plus tendre jeunesse, je rêvais d’avoir des enfants. C’était un de mes désirs les plus chers et mon mari, très compréhensif, l’a parfaitement compris. Cependant, nous avions beau essayer, jamais je ne suis tombée enceinte. Nous avons donc fini par consulter un médecin. Et il m’a diagnostiqué stérile.

Depuis, ce n’est pas la vie qui grandit en moi, mais le désespoir. Ma sœur m’a énormément soutenue, mais elle ne pouvait combler cet abysse qui s’était ouvert en moi. Je me suis enfermée avec mon instrument dans une sorte de monde, une bulle inviolable où je jouais chaque jour des berceuses pour mes enfants imaginaires.

Une dame est venue me trouver un jour. Elle m’a dit qu’elle pouvait me rendre heureuse grâce à une opération. J’y ai longuement, longuement réfléchi avant de finalement accepter. Un matin, j’ai juché la housse qui protégeait mon violoncelle sur mon dos et j’ai quitté la demeure sans me retourner. La dame m’attendait dans la rue, tout simplement, comme si elle n’avait jamais douté de ma réponse. Elle m’a souri, m’a pris doucement la main et m’a murmuré que j’avais pris la bonne décision.

C’est elle qui m’a transformée. Elle a fait en sorte que mon corps et mon violoncelle fusionnent. Je suis désormais une femme musique. Dépourvue de jambes et de tronc. Une tête et une paire de bras posées sur un instrument de musique, voilà ce que je suis devenue. Au départ, j’ai eu du mal à m’habituer à cette apparence, mais la dame m’a laissée demeurer chez elle le temps que je souhaitais.

Un matin, elle m’annonça que j’avais suffisamment cicatrisée et que je pouvais dorénavant prendre conscience des possibilités de mon nouveau corps. Timide, j’ai d’abord juste pincé une corde. Les sensations qui ont couru sur mon épiderme de bois restent encore gravées en moi à ce jour. Enhardie par cette expérience, je me suis mise à jouer. J’ai su alors que j’avais toujours été un instrument. Un instrument d’ascension sociale pour mes parents, un instrument de plaisir pour mon mari, un instrument de conversation pour ma sœur. Mais, aujourd’hui, j’étais devenue un instrument de musique. Et, pour la première fois depuis ma naissance, j’étais heureuse.   

Alors que je jouais, j’ai vu une chose incroyable. Sur les notes envolées, de minuscules petits êtres coiffés de chapeaux jaunes dansaient. Ils riaient, me regardaient avec bonheur et gazouillaient comme des bambins. Je compris alors que je venais d’enfanter, tout simplement. Je me suis tournée vers la dame et elle m’a souri avec tendresse. J’ai su alors aussi que je n’avais pas trouvé qu’une bienfaitrice : j’avais aussi rencontré l’amour.

A l’heure où j’écris cet article, cela fait six ans que nous vivons tous les quatre, elle, nos adorables lutins des notes et moi. Mes parents, mon ancien mari et ma sœur n’ont jamais compris les raisons de mon acte, mais, un jour, j’en suis sûr, je parviendrai à leur expliquer. Je suis heureuse, je suis complète, je suis enfin moi-même, qu’y a-t-il de mal à cela ? La dame, ma chère fée, elle, elle continue à me sourire.

Le soir, elle s’assoit doucement sur l’épais tapis à fleurs, à l’image de notre papier peint. Elle m’écoute longuement jouer, les yeux clos. Puis, quand j’ai achevé mon concert quotidien, elle se penche sur moi pour embrasser mes cordes. J’adore quand elle fait cela… 

Je ne regrette nullement mon choix. Si c’était à refaire, je recommencerais. Car, aujourd’hui, je sais qui je suis véritablement. Et cette conviction, aucun article désobligeant, aucune remarque injurieuse, aucun regard rabaissant, non, rien ne pourra me la retirer. Jamais.
Marine Lafontaine

vendredi 10 février 2017

ENSEMBLE, C'EST NOUS, PARTIE 2

   Bien le bonjour, tout le monde.

   Chose exceptionnelle si c'en est une, la fanfiction comporte donc un second chapitre. D'habitude, cela n'arrive jamais car je suis incapable de manipuler très longtemps les personnages d'un autre. Après, il est vrai que j'aurais pu tout mettre ensemble, mais je trouvai ça plus cohérent de séparer mes deux chapitres.

   Sans plus attendre, je vous laisse découvrir la suite, celle-ci se passant après le fameux épisode 24 de la série Osomatsu-san



Aussi incroyable qu’impensable, la famille Matsuno venait d’être prise dans la Sélection. Leur mère avait pleuré de fierté en apprenant la nouvelle. Les frères dispersés avaient de nouveau été assemblés pour former la plus pitoyable équipe de base-ball jamais mise sur pied. Un homme était alors venu à leur rencontre pour les entrainer. Cela faisait maintenant trois jours que les neets les fainéants du Japon s’astreignaient à un entrainement drastique qui les avaient laissé sur les genoux.
Ce soir-là, épuisés, ils étaient rentrés chez eux en traînant des pieds. A peine se furent-ils effondrés dans le salon que leur mère vint à leur rencontre. A la vue de ses fils transformés en larves suantes, elle fronça les sourcils.
-         Regardez-moi dans quel état vous êtes ! les gronda-t-elle. Vous devriez filer vous laver au lieu de traîner sur le sol.
Alors qu’elle faisait la leçon à ses enfants, elle passait entre eux pour récupérer les casquettes puantes dans l’intention de les jeter dans la machine à laver. Elle s’aperçut alors qu’elle n’avait que cinq casquettes en main et compta ses fils. Un, deux, trois, quatre, cinq… Mais où était donc passé le sixième ?
-         Les enfants, qu’est-ce vous avez fait de votre aîné ?
Les intéressés se redressèrent, surpris et fouillèrent la pièce du regard.
-         C’est vrai, ça, où est donc Osomatsu nii-san ? marmonna Choromatsu.
-         Il était pourtant avec nous tout à l’heure, fit remarquer Todomatsu.
-         Il est peut-être aux toilettes ! suggéra énergiquement Jyushimatsu.
-         Ou il s’est perdu, se moqua Ichimatsu avec un ricanement.
Karamatsu se redressa, inquiet.
-         Je vais partir à sa recherche, indiqua-t-il. Reposez-vous, my dear little brothers !
-         Ah, attend, je viens avec toi ! s’exclama Choromatsu. Si ça se trouve, il est allé boire quelque part, on ne sera pas trop de deux pour le porter.
Les plus jeunes échangèrent un regard et se levèrent en chœur pour se joindre à l’expédition. Ils passèrent dans l’entrée et chaussèrent leurs godasses de sport. En effet, les chaussures de leur aîné n’étaient pas ici… Où pouvait-il donc être passé ?
-         Séparons-nous pour le moment, proposa Choromatsu, toujours méthodique. Dans une heure, on se rejoint devant la maison.
Tous approuvèrent du chef et les cinq frères se dispersèrent tout aussitôt. Choromatsu s’aventura du côté de la maison de Totoko, alors que Karamatsu se dirigea vers le pachinko, Todomatsu prit la direction de leur point de pêche, Ichimatsu, lui, slaloma entre les ruelles et Jyushimatsu choisit de vérifier les alentours de l’hippodrome. Tous cherchèrent durant toute l’heure où pouvait être passé Osomatsu, inquiets.
Depuis qu’ils étaient revenus à la maison, ils savaient que leur aîné n’était pas au meilleur de sa forme. Leur abandon l’avait profondément affecté, ils en avaient parfaitement conscience, mais personne n’avait encore osé aborder le sujet avec lui. Ce n’était pas chose facile de revenir sur un acte qui avait terriblement blessé un être qu’on aime, surtout quand l’acte en question avait été d’essayer de s’arracher à l’univers si rassurant et confortable qu’était le leur jusqu’alors. Osomatsu, lui, avait toujours le pilier de ce monde. Il était leur grand frère, celui qui les avait accepté sous leurs aspects les plus farfelus ou étranges, voire dérangeants.
Et eux avaient essayé de grandir sans laisser le temps à leur aîné de comprendre qu’il était peut-être temps pour lui aussi de faire un pas vers cette terrifiante terra incognita des adultes.
Sûrement le moment était-il venu qu’ils aient enfin la conversation qu’ils repoussaient tous inconsciemment depuis le début de la Sélection.
Une heure s’écoula. Les cinq frères revinrent bredouilles. Todomatsu se tordait les mains, incroyablement mal à l’aise. Il avait très violemment réagi quand Osomatsu avait refusé de se réjouir pour le travail de Choromatsu. Alors, forcément, cela lui pesait. Karamatsu, remarquant son attitude, posa une main sur son épaule et lui offrit un petit sourire qui se voulait réconfortant.  
-         On va le retrouver, ne t’en fais pas, lui assura-t-il.
-     Réfléchissons ! les enjoignit Choromatsu. Si vous étiez Osomatsu, où iriez-vous ? Il y a forcément des endroits que nous n’avons pas encore fouillés.
Chacun s’abîma dans de profondes réflexions. La ville était immense, où pourraient-ils se diriger ? Il avait des souvenirs à tous les coins de rue : dans la vieille cabane au bord de la rivière, dans la cour de leur école, dans le parc, à la clinique de Dekapan, sur le terrain vague encombré par des tuyaux en béton… Les cinq frères eurent un sursaut et échangèrent un regard entendu.
-         Il s’est peut-être réfugié là-bas, suggéra Ichimatsu. Ça vaut le coup d’essayer, non ? On y allait tout le temps quand on était gamins.
-         Ce sera toujours mieux que rien, approuva Choromatsu.
Jyushimatsu approuva de la tête, mortellement silencieux. Le fanatique des chats glissa ses doigts entre les siens pour lui apporter un semblant de réconfort. Un Jyushimatsu qui ne crie pas toutes les secondes, c’était effrayant… Mais il savait parfaitement le sportif trop inquiet pour qu’il se laisse aller à ses habituelles pitreries.
Tous les cinq se mirent rapidement en route. Depuis combien de temps n’étaient-ils pas retournés sur les traces de leur enfance disparue ? Ces moments où ils couraient partout dans les rues pour faire tourner en bourrique Chibita ou Iyami, ces moments où ils étaient inséparables, pis, indissociables ! Qu’est-ce qu’ils leur paraissaient loin… Et Osomatsu qui était toujours là pour les entrainer plus loin, leur sourire et les pousser aux bêtises les plus folles.
Leur cher frère aîné… 
Guidés par une sorte d’instinct, les frères avaient accéléré l’allure jusqu’à se mettre à courir. Une crainte leur nouait l’estomac. Ce fut essoufflés qu’ils parvinrent au terrain vague. Ils s’arrêtèrent au seuil pour reprendre leur respiration. Lentement, ils se mirent à avancer. Choromatsu était en tête, une petite douleur dans le regard. Karamatsu fermait la marche, comme pour veiller sur la fratrie. Il avait mal, là, au niveau de l’estomac. Il sentait que quelque chose allait se produire. Et il ignorait si ce quelque chose allait renforcer leurs liens ou tout briser.
Mais, le voilà, leur moment charnière.
Alors qu’ils avançaient au centre du terrain, ils aperçurent des tuyaux en béton, empilés les uns sur les autres pour former une sorte de pyramide. Au sommet de cette dernière, les jambes dans le vide, ses chaussures à la main, Osomatsu était assis, tranquille, les yeux clos. Ils durent faire du bruit car leur aîné baissa soudainement les yeux sur eux. Il parut surpris de les voir, fourra quelque chose dans sa poche et leur fit un signe de main.  
-         Salut, les gars ! Qu’est-ce que vous faites-là ?
Ses frères échangèrent des regards gênés. Karamatsu prit alors la parole, l’air de rien, essayant d’étouffer la tension qui manquait de faire chavirer sa voix :
-         Nous venus pour toi, O, my beautiful brother ! Mommy s’inquiète de ton absence.
Sans qu’ils comprennent pourquoi, ils virent leur leader hausser un sourcil ironique, une expression un peu méprisante sur le visage. Mais ce fut si fugitif qu’ils doutèrent tous très vite de l’avoir vu. En effet, Osomatsu renversa la tête en arrière pour étudier les nues qui s’étiraient au-dessus de lui.
-         Ah, c’est vrai que le soleil va bientôt se coucher ! La journée est vraiment passée vite.
-       E… En effet, reprit Karamatsu, décontenancé par son attitude distante. Et si tu descendais, pour qu’on y aille ?
-         Descendre ? Ah, non, non, pas la peine. Allez y, je vous rejoindrai plus tard.
-         Mais, Osomatsu nii-san… ! voulut protester Todomatsu.
-         Je vous rejoindrai plus tard, l’interrompit sèchement l’intéressé en dardant sur le benjamin un regard glacial.
Un silence de plomb s’abattit sur la fratrie. Choromatsu, ne supportant pas voir leur aîné se comporter comme un gosse en colère, s’avança à son tour.
-         Ça suffit, Osomatsu nii-san ! lui cria-t-il. Descends maintenant, maman nous attend tous et personne n’est encore lavé, en plus !
Pour toute réponse, il reçut une chaussure sur le sommet de la tête. Dans son dos, les autres suspendirent leur souffle. Stupéfait, Choromatsu, lui aussi, demeura sans voix. Il contempla la basket qui venait de heurter son crâne, la ramassa puis leva un regard d’une noirceur peu commune sur Osomatsu qui, lui aussi, le foudroyait du regard.
-         Tu viens de me lancer ta godasse puante ? lui demanda-t-il d’une voix très calme.
-         C’est exactement ce que je viens de faire, lui répondit son interlocuteur sur le même ton.
Il n’en fallut pas plus à Choromatsu pour retourner l’objet à expéditeur dans un lancer rendu très rapide par des heures et des heures d’entraînement. Osomatsu n’eut pas le temps de se décaler. La semelle de sa propre chaussure se fracassa contre son nez, le laissant étourdi. Karamatsu et Ichimatsu saisirent à bras le corps l’adorateur des chanteuses pour l’empêcher de faire un malheur.
-         Lâchez-moi, tous les deux ! vociférait-il. Je vais me le faire ! Je vous jure que je vais me le faire !
Karamatsu allait lui demander de se calmer quand il fut victime d’un nouveau bombardement intempestif de la part du roi qui siégeait au sommet de la pyramide des tuyaux. Le second projectile, par contre, fut pour Jyushimatsu. Ce dernier, pétrifié, contempla sans comprendre la chaussure qui venait de lui tomber dessus. A la vue des larmes qui menaçaient de jaillir de ses yeux, Todomatsu n’y tint plus. Il leva un regard courroucé sur le guide leur fratrie, dégoûté par son comportement. 
-         Arrête ça, Osomatsu nii-san ! Tu es peut-être en colère contre nous, mais ce n’est pas une raison pour te comporter comme un parfait imbécile !
-         La ferme ! Fermez-la, tous autant que vous êtes !
Le ton menaçant leur coupa à tous le sifflet. Osomatsu s’était levé, il se tenait au-dessus d’eux, haletant, le regard humide. Il passa la manche de son tee-shirt sur ses yeux et leur tourna le dos rapidement.
-         Rentrez à la maison, leur demanda-t-il d’un ton plus doux. Je ne vous demande que quelques minutes, d’accord ? Après, j’arrive. Juste… cinq minutes.
Todomatsu voulut signaler son désaccord de vive voix, mais Karamatsu lui fit gentiment signe de se taire. Sûrement valait-il mieux lui obéir pour le moment. Ils pourraient toujours avoir une discussion à un moment plus calme, où tous seraient reposés et disposés à mener cette conversation qui les hantait tous. Rapidement, le deuxième fils consulta Choromatsu du regard. Ce dernier était en train d’essayer de consoler Jyushimatsu, mais il capta son interrogation. Un soupir gagna ses lèvres puis il hocha tristement la tête. Dans ce genre de cas, que faire à part céder, de toute manière ? Tous connaissaient le caractère buté de leur cher aîné ; ils ne parviendraient pas à le faire céder, pas ce soir, tout du moins. C’est alors que Jyushimatsu eut un commentaire qui les inquiéta :  
-         Où est passé Ichimatsu nii-san ?
Les trois autres eurent un sursaut et fouillèrent le terrain vague du regard. Nulle trace de leur frérot des gouttières. Où avait-il donc disparu, celui-là ? 
-         Osomatsu nii-san.
Les quatre levèrent la tête. Ils virent avec stupéfaction que leur petit disparu se tenait au sommet des tuyaux, juste devant Osomatsu. Ce dernier se rendit compte de sa présence en même temps que les autres. Mais quand était-il grimpé jusque-là, celui-là ?! L’adorateur des chats fit un pas vers lui et pencha la tête sur le côté. Son vis-à-vis crispa ses mâchoires, furieux de s’être laissé piéger. Puis il vit un sourire carnassier se dessiner sur les lèvres de son petit frère. Et il comprit un instant trop tard qu’il venait de se faire avoir.
Usant dans ses légendaires capacités, Jyushimatsu venait de bondir dans les airs comme un fauve. En un instant, il avait ceinturé Osomatsu pour ensuite le jeter dans le vide. Choromatsu et Todomatsu hurlèrent de frayeur, mais Karamatsu se précipita pour attraper l’aîné avant que celui-ci ne touche terre. Les deux premiers fils chutèrent sur le sol dans un cri de stupeur et un nuage de poussière. Du haut de leur pyramide, Ichimatsu et Jyushimatsu semblaient très satisfaits du déroulement des évènements. Le sportif prit alors son grand frère dans ses bras et sauta naturellement à terre, sous le regard consterné des autres qui commençaient sérieusement à se poser des questions quant à l’humanité de leur adorable frangin au sourire béat.
Une fois remis de leurs émotions, Todomatsu et Choromatsu se précipitèrent sur leurs frères pour les aider à se relever. Une fois Osomatsu sur pieds, il se tourna vers les deux comploteurs, hors de lui.   
-         Mais ça ne va pas, la tête ?! Vous auriez pu me tuer !
-         Il fallait bien qu’on arrive à capter ton attention, répondit tranquillement Ichimatsu, les mains enfoncées dans ses poches. Et puis j’en avais marre de me tordre le cou pour te parler.
-         Vous n’êtes qu’une bande d’inconscients ! Des ingrats ! Des traîtres ! Vous m’avez laissé seul derrière vous ! Je vous déteste !
Il avait véritablement hurlé cette dernière phrase. Ahanant, il défiait ses frères du regard. Ces derniers, un sentiment de culpabilité planté au fond du cœur, baissèrent la tête sous l’œillade incendiaire. Osomatsu sentit les larmes rouler alors sur ses joues. Il s’était juré de ne pas se montrer sous ce jour à sa fratrie. Il ne voulait pas leur balancer des insultes et des reproches à la tête, il souhaitait les garder en lui jusqu’à ce qu’ils s’éteignent naturellement, avec le temps. Mais il avait fallu que ces petits cons viennent à sa rencontre, qu’ils le poussent et le fassent vaciller ! Bon sang… Ils avaient une telle expression sur le visage ! Il se détestait pour être la cause de la douleur qu’il lisait là…
Il sentit soudain un corps s’écraser sur le sien. Choromatsu venait de lui sauter dans les bras. Il se trouva enferré dans une étreinte étroite, prisonnier des bras de son petit frère, incapable de s’éloigner ne serait-ce que d’un millimètre.
-         Nous sommes désolés ! Nous sommes désolés ! Nous ne voulions pas te blesser, je te le jure ! Mais, tu sais… Osomatsu… Nous devrons tous grandir un jour… 
Osomatsu tenta de se dégager, mais Choromatsu ne le laissa pas faire. Il le serra encore plus étroitement contre lui si cela était possible. Il refusait de le laisser partir ! Pas tant qu’il ne lui aurait pas avoué tout ce qu’il avait sur le cœur… 
-         La prochaine fois, faisons ça ensemble, lui chuchota-t-il, un sanglot dans la voix. Grandissons ensemble… Sans laisser aucun d’entre nous sur le banc de touche, d’accord ? Faisons cela en grand !
L’aîné se raidit. Il sentait le corps de son frère trembler tout contre lui. Quand il releva la tête, il s’aperçut que tous pleuraient silencieusement. Il comprit alors que pour eux aussi, cela avait été dur. Ils s’étaient soudainement retrouvés seuls au monde, sans personne vers qui se tourner, sans personne sur qui s’appuyer. Pourtant, ils avaient essayé, ils n’avaient pas failli et avaient tout fait pour sortir de leur vie quotidienne.
Ils avaient vraiment d’incroyables petits frères… 
Osomatsu soupira et appuya son front contre celui de Choromatsu.
-         Merci, lui murmura-t-il. Merci… d’être tous là.
Son murmure n’échappa à l’oreille de personne. Tous se précipitèrent sur leur aîné pour participer au câlin groupé. Ils se mussèrent contre Osomatsu avec la sensation que, enfin, ils étaient parvenus à se rassembler. Ils étaient de nouveau ensemble, pour de bon, cette fois-ci.
-         Quelle bande de mauviettes on fait, pouffa le leader de la fratrie. Il faut qu’on se reprenne, on a quand même le tournoi le plus important de l’univers à remporter !
Tous l’approuvèrent de vive voix. Osomatsu contempla leurs visages marqués par les larmes et leur offrit un large sourire.
     -     Allez… et si on rentrait à la maison ?

Marine Lafontaine 

ENSEMBLE, C'EST NOUS, PARTIE 1

   Bien le bonjour, tout le monde !

  Chose promise, chose due, je vous met ici une petite fanfiction en deux partie qui reprend les personnages de l'animé Osomatsu-san. J'espère que cette petite histoire saura vous séduire. Les deux chapitres peuvent être lus séparément et la première peut même être lue par des personnes qui ne connaissent absolument pas l'histoire. 

   Sur ce, je vous laisse et je vous souhaite une agréable lecture… 



-         Osomatsu ! Osomatsu !
Ledit Osomatsu songea pendant quelques instants de ne pas répondre aux appels de sa mère. Il venait de commencer un manga qui le passionnait et ne souhaitait pas interrompre sa lecture. Surtout qu’il se doutait qu’elle ne l’appelait pas pour lui proposer d’aller jouer au pachinko ou à l’hippodrome. Si c’était pour encore qu’elle lui refile des corvées, non merci, il préférait encore jouer aux sourds ! Cependant, les cris se faisant de plus en plus insistants, l’aîné des sextuplets dut se résoudre à laisser de côté son activité oisive pour aller à la rencontre du dragon. Il le trouva dans le salon, en train de plier la lessive qu’il venait de décrocher.
-         Ah, Osomatsu ! s’exclama sa mère à sa vue. Tu tombes bien ! Je vais commencer à faire à manger, tu pourrais aller chercher tes frères ? Ils se sont encore dispersés dans la ville…
-         Ils reviendront quand ils reviendront, protesta le jeune homme en bâillant. Pas la peine d’aller les traquer.
-         Fais ce que je dis sans discuter, soupira son interlocutrice alors qu’elle soulevait avec difficulté le panier rempli de vêtements. Allez, file !
Osomatsu haussa les épaules, mais consentit à obéir. Il pourrait toujours continuer son manga plus tard, de toute manière. Le jeune homme enfila ses chaussures et s’élança dans la rue, non sans avoir lancé derrière lui le traditionnel “J’y vais !” auquel ne répondit pas sa mère, sûrement déjà passée en cuisines.
L’aîné se mit à réfléchir une fois dans la rue. Où pourrait-il trouver ses chers petits frères ? Hum, à cette heure-là, Jyushimatsu devrait être près de la rivière, en train de manier sa batte de base-ball pour s’entraîner. Il commencerait ses recherches par là. Lentement, d’un pas tranquille, le jeune homme se mit en route. Le nez en l’air, il observait la ville autour de lui, cette ville qui les avait vus grandir, lui et ses frères. Qu’est-ce qu’ils avaient pu en vivre, de drôles d’aventures, dans ces rues ! Il avait l’impression que cela remontait au moins à il y a une cinquantaine d’années !
Il sourit doucement à cette idée. Une petite chanson lui vint en tête et il se mit à la fredonner, un léger sourire aux lèvres. Dans le ciel, le bleu avait fui pour laisser place aux couleurs plus chaudes qui annonçaient la venue du crépuscule. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas promené seul. D’habitude, il trainait avec au moins un de ses frangins. C’était un peu étrange de se retrouver ainsi, seulement avec soi-même. Un peu comme s’il lui manquait un petit quelque chose. Il avait hâte de mettre la main sur leurs bouilles !
-         Allez, on va se dépêcher un peu !
Il accéléra le rythme de sa marche. Bientôt, il vit poindre à l’horizon la rivière qui paraissait presque orangée sous les rayons rasants du soleil. Comme l’aîné s’y attendait, une silhouette noire en tenue de sport maniait une batte. Super, et de un !  
-         Jyushimatsu ! appela-t-il.
En entendant son appel, l’intéressé s’arrêta dans son mouvement de frappe. Il leva un regard surpris sur son aîné et son sourire s’élargit encore si cela était seulement était possible.
-         Osomatsu nii-san ! s’enthousiasma-t-il. Tu es venu jouer au base-ball !?
-         Non, non, une prochaine fois ! Viens, on doit aller chercher les autres ! Maman est en train de préparer le dîner.
-         Ouais ! Dîner ! Hustle, hustle ! Muscle, muscle !
A la vitesse d’une tornade jaune toute en rire, notre fou du base-ball préféré rassembla ses affaires et rejoignit Osomatsu en trois bonds. Ce dernier retint un pouffement à la vue du visage de Jyushimatsu couvert de terre et de sueur. Il ne savait décidément pas faire dans la demi-mesure…
-         Tu ne saurais pas où on pourrait trouver les autres ? le questionna-t-il.  
-         Huuuuuum… réfléchit l’autre. Huuuuuum. Ah ! Je sais, je sais ! Ichimatsu nii-san doit être en train de nourrir les chats de la ruelle près du pachinko ! C’est l’heure de nourrir les chats de la ruelle près du pachinko ! Alors il doit être en train de nourrir les chats de la ruelle près du pachinko !
Il n’avait cessé d’augmenter le son de sa voix à mesure qu’il parlait, obligeant finalement Osomatsu à plaquer ses mains contre sa bouche pour qu’il cesse d’importuner les passants.
-         J’ai compris, j’ai compris, s’empressa-t-il de répondre. Alors, on va allez le chercher là-bas, tous les deux, ça te va ?
Son petit frère hocha énergétiquement la tête. Dès qu’Osomatsu consentit à le libérer, le sportif lui jeta ses affaires dans les bras avant de lui attraper le bras.
-         Osomatsu nii-san, sur mon dos !
-         Hein ?
-         Allez, le dos !
Un franc rire fusa des lèvres du jeune homme. C’est avec plaisir qu’il accéda à la requête du plus jeune. Dès qu’il se fut installé sur les épaules de Jyushimatsu, ce dernier s’élança dans les rues en courant. Serrant le sac de sport étroitement contre lui, l’aîné des sextuplets profita du simple fait de partager un moment aussi joyeux avec le joueur de base-ball. Jysuhimatsu était d’un naturel spontanée et un incurable optimiste habité par une grande joie. Etre en sa compagnie, cela signifiait toujours être de bonne humeur, même s’il pouvait parfois entrainer son entourage dans des situations compliquées car il n’avait aucun sens de la peur.
Mais bon, c’était aussi cela qui faisait son charme !
Le cadet freina brusquement, manquant de déséquilibrer son frère perché.  
-         On y est, Osomatsu nii-san !
L’intéressé sauta à terre et jeta un coup d’œil à l’intérieur de la ruelle que lui indiquait le sportif. Mais pourquoi Ichimatsu aimait tant se terrer dans des endroits sombres comme ça ? Il faudrait qu’un jour ils en discutent quand même…  
-         Je vais le chercher, attend-moi là, Jyuchimatsu, indiqua l’aîné.
-         Roger !
Osomatsu lui sourit et lui ébouriffa les cheveux affectueusement avant de s’enfoncer dans la ruelle. Comme il s’y attendait, pas d’éclairage et la lumière déclinante de l’astre diurne ne l’aidait en rien à se repérer. L’aîné faillit bien se casser au moins deux fois la figure après avoir trébuché sur des objets qui traînaient de-ci, de-là. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour sa famille ! Alors qu’il avançait à l’aveuglette, son pied dérapa dans une flaque et il bascula en avant dans un cri de surprise. Il serait tombé tête la première si une main ne l’avait alors pas saisi par le col pour le remettre sur pieds. Etonné de cette apparition inopportune, Osomatsu leva les yeux vers son sauveur et tomba avec stupeur sur le visage de Karamatsu !
-         Osomatsu, ça va ? le questionna le jeune homme. Ne t’en fais pas, je suis venu à ton secours !
« Mais comment fait-il pour se la jouer autant ? », se répéta son aîné pour la millionième fois, au moins. Il consentit néanmoins à ne pas ignorer le second fils, comme tous avaient pris l’habitude de le faire depuis tant d’années maintenant.
-         Merci, Karamatsu, heureusement que tu étais là ! Ichimatsu serait avec toi ?
-         Oui, brother ! s’enflamma son vis-à-vis. J’ai croisé my little Ichimatsu par hasard et il m’a proposé de l’accompagner pour qu’il assouvisse la faim des kitten !
A peine eut-il fini sa phrase qu’il reçut une sandale sur le sommet du crâne, lancée depuis le fond de la ruelle. Ichimatsu apparut tranquillement, taciturne. Sans un mot, il récupéra son bien puis posa un regard désabusé sur Karamatsu.
-         La ferme, Kusomatsu, dit plutôt que tu t’es imposé, lâcha-t-il dans un grognement. Ah, c’est toi, Osomatsu nii-san.
-         Ichimatsu, ça fait mal… gémit ledit Kusomatsu en frottant la partie endolorie de son crâne.
-         Je m’en fiche, tais toi.
Décidément, ces deux-là ne changeraient jamais… Toujours à se chercher des puces ! Osomatsu prit les choses en main avant que la situation ne dérape entre ses frangins. Il les saisit tous les deux par l’épaule et leur offrit un grand sourire.  
-         Allez, venez, Jyushimatsu nous attend. Maman est en train de préparer le dîner et elle voudrait qu’on ne rentre pas à pas d’heure pour une fois.
Ichimatsu approuva sans un mot et prit la direction de la rue principale, suivi par Karamatsu qui essayait tant bien que mal (surtout mal en réalité) de le mettre de bonne humeur. Osomatsu leur emboîta le pas en les couvrant d’un regard doux. Les disputes entre ces deux-là avaient toujours un côté drôle et tendre à la fois. Ils étaient opposés en tout point, oui, peut-être. Peut-être pas tant que ça, finalement.
Ils parvinrent enfin à la rue principale. Jyushimatsu les accueillit à grands cris et se jeta sur Ichimatsu pour réclamer un câlin en bonne et due forme. Osomatsu constata alors, en levant les yeux, que l’arrivée de la nuit se faisait de plus en plus imminente. Et il lui restait encore deux frères à trouver !
-         Les gars ! les interpella-t-il. Vous seriez où on peut trouver Choromatsu et Todomatsu ?
-         Concernant Totty, je crois qu’il allait au club de shogi aujourd’hui, indiqua Ichimatsu, un chat dans les bras.
Un autre félin apparut soudainement sur le sommet de son crâne et miaula d’aise. Ichimatsu cala le premier chat contre lui avec un bras et leva l’autre pour prodiguer quelques caresses à son nouvel ami à fourrure. Jyushimatsu voulut aussi en toucher un, mais ses grands gestes firent fuir les animaux. Karamatsu tenta bien de les rattraper, mais les deux intéressés se faufilèrent dans la ruelle et disparurent. Avant qu’Ichimatsu se déchaine contre leur frère à strass en prétendant qu’il avait causé la fuite de ses petits compagnons, Osomatsu l’attrapa par le poignet pour l’obliger à le suivre. Boudeur, mais obéissant, le fou des chats accepta l’injonction silencieuse et se mit en route. Soulagés qu’une dispute explosive ait pu être évitée, les deux autres se mirent à marcher dans leurs pas.
Bien vite, le babillage de Jyushimatsu s’éleva et occupa tout l’espace de la conversation. Karamatsu tentait bien de prendre la parole de temps à autre, mais son énergique petit frère ne lui en laissait pas l’occasion. Osomatsu et Ichimatsu, eux, écoutaient, un léger sourire aux lèvres. L’aîné avait gardé le poignet du plus jeune dans le creux de sa paume sans vraiment y penser. Il croyait Ichimatsu un peu gras à cause de son manque de sport, mais il pouvait sentir les os sous ses doigts. Est-ce que leur chaton préféré se nourrissait correctement, en fait ? Ah, il devait toujours se soucier des autres… 
-         Oh, oh, oh, my brothers ! Here we are 
Tous ignorèrent avec superbe la pose théâtrale de leur Karamatsu national et se dirigèrent vers la porte de l’établissement désigné. Osomatsu se planta à quelques pas du seuil et lança un sourire provocateur à ses frangins. Ces derniers comprirent immédiatement de quoi il en retournait et esquissèrent à leur tour des grimaces machiavéliques. Ils s’alignèrent tous et prirent une grande inspiration avant de hurler :
-         Tottyyyyyy ! Tottyyyyyy !
Il n’en fallut pas plus pour qu’une fenêtre à l’étage s’ouvre à toute volée et que leur cher benjamin leur apparaisse, tout rouge de honte. Osomatsu éclata de rire à cette vue. Todomatsu était si facile à taquiner.
-         Oh, Totty ! Tes frères sont venus te chercher !
-         Arrêtez ça, bande de neets merdeux ! éructa l’intéressé dans leur direction.
-         Oh, Totty, why ?! lui cria Karamatsu en posant un genou à terre. Reviens-nous, Totty !
-         J’ai compris, j’ai compris ! Je descend, attendez-moi là !
Il referma précipitamment la fenêtre sous le rire de ses aînés. Quelques secondes plus tard, il ouvrit la porte à toute volée, échevelé et soufflant. Oh, il y en avait un qui avait du récupérer ses affaires à la vitesse d’un éclair et fuir à toutes jambes…
-         Franchement, mais qu’est-ce que vous fichez là, encore ? s’emporta Todomatsu en fronçant les sourcils. Vous n’avez pas honte ?
-         C’est maman qui nous envoie, répondit Osomatsu. Le dîner ne devrait plus tarder à être prêt.
-         Oh… Bon, si c’est maman, je ne peux pas vraiment protester. Mais la prochaine fois que vous débarquez en bande comme ça, je vous renie ! Sauf toi Jyushimatsu… 
-         Ouais ! s’exclama l’intéressé, ravi.
-         Favoritisme ! protesta l’aîné.
Son vis-à-vis se contenta de lever les yeux au ciel. Il se dirigea vers le fou du base-ball qui se lança sur lui pour le câliner. Osomatsu poussa un soupir, un sourire amusé sur les lèvres. Peut-être qu’un jour, Todomatsu cesserait d’avoir honte d’eux… Il ne savait pas comment ils devraient procéder, mais il aimerait que leur benjamin puisse se montrer à leurs côtés avec une certaine fierté.  
-         Bien, il nous en manque un ! déclara l’aîné. L’un d’entre vous connaissait le programme du jour de Fappymatsu ?
-         Il ne devait pas encore aller voir un concert de Totoko-chan ? suggéra Todomatsu.
-         Hein, il y avait un concert de Totoko-chan aujourd’hui ?
-         Oui, mais on n’avait pas un rond… 
Ses frères ne purent qu’approuver tristement. Après délibération, les frères Matsuno décidèrent d’aller voir du côté de la poissonnerie. Avec un peu de chance, peut-être qu’ils apercevraient le visage de leur belle !
Cependant, ils n’eurent pas beaucoup de chemin à faire. En effet, juste après quelques minutes de route, ils aperçurent une sorte de néon en mouvement dans les rues envahies par l’obscurité nocturne. Interloqués, ils s’arrêtèrent et laissèrent l’étrange apparition venir à eux. Cette dernière finit par les remarquer et fronça les sourcils.   
-         Bah, qu’est-ce que vous faites tous là ?
Oh, le néon avait la voix de Choromatsu… Choromatsu ! Mais bien sûr, c’était Choromatsu ! Il avait sur la tête une sorte de couronnes de bâtonnets fluorescents verts. Oui, aucun doute, il revenait d’un concert, encore… Quel radin. S’il avait de quoi se payer ce genre d’extras, il pourrait prêter de l’argent à son frère adoré pour qu’il aille jouer au pachinko !
-         Maman nous appelle pour manger, indiqua tranquillement Ichimatsu.
-         Il est déjà si tard ? s’étonna le mordu d’idoles. Je ne m’en étais pas rendu compte. On devrait y aller vite, si on veut au moins l’aider à mettre la table !
Aussitôt, Choromatsu prit la fratrie en main et pressa ses frangins de les suivre. La voix de la raison, à ne pas en douter. Dire que quand ils étaient gosses, Osomatsu et lui faisaient toujours les quatre cents coups ensemble ! Il avait bien changé depuis… 
L’aîné des sextuplets ralentit son rythme de marche pour pouvoir se retrouver derrière les cinq autres qui se disputaient et se charriaient gentiment. Ces chers petits frères… Il ne souhaitait rien, vraiment, sinon de les avoir à ses côtés. Oh, il y avait bien des choses qu’il appréciait dans la vie, c’est sûr ! L’argent, l’alcool, les revues pour adultes, la bonne nourriture, Totoko… Mais ses frérots, ça… C’était indispensable. Il ne se voyait pas un jour se séparer d’eux, vivre sans eux. Ils étaient son soleil, il les aimait plus que tout au monde.
Alors, tant pis si tout le monde les considérait comme des parasites. Tant pis s’ils devaient finir leur vie sans avoir connu la moindre femme, sans avoir fondé de famille. Ils en étaient une, une belle, unie et forte famille. Et, à ses yeux, c’était tout ce qui comptait…
-         Osomatsu nii-san, qu’est-ce que tu fais ? l’interpella Todomatsu.
-         Tout va bien, brother ? s’alarma Karamatsu.
-         Tu as mal au ventre ? le questionna Ichimatsu.
-         Je te porte, je te porte ! proposa Jyushimatsu.
-         Allez, dépêche-toi, râla Choromatsu.
Un large sourire fendit en deux le visage d’Osomatsu. Il se mit à courir pour rejoindre ses frères. Et, tous ensemble, ils franchirent le seuil de leur maison. 

Marine Lafontaine