Bien le bonjour, tout le monde.
Chose exceptionnelle si c'en est une, la fanfiction comporte donc un second chapitre. D'habitude, cela n'arrive jamais car je suis incapable de manipuler très longtemps les personnages d'un autre. Après, il est vrai que j'aurais pu tout mettre ensemble, mais je trouvai ça plus cohérent de séparer mes deux chapitres.
Sans plus attendre, je vous laisse découvrir la suite, celle-ci se passant après le fameux épisode 24 de la série Osomatsu-san…
Aussi
incroyable qu’impensable, la famille Matsuno venait d’être prise dans la
Sélection. Leur mère avait pleuré de fierté en apprenant la nouvelle. Les
frères dispersés avaient de nouveau été assemblés pour former la plus pitoyable
équipe de base-ball jamais mise sur pied. Un homme était alors venu à leur
rencontre pour les entrainer. Cela faisait maintenant trois jours que les neets
les fainéants du Japon s’astreignaient à un entrainement drastique qui les
avaient laissé sur les genoux.
Ce
soir-là, épuisés, ils étaient rentrés chez eux en traînant des pieds. A peine
se furent-ils effondrés dans le salon que leur mère vint à leur rencontre. A la
vue de ses fils transformés en larves suantes, elle fronça les sourcils.
-
Regardez-moi
dans quel état vous êtes ! les gronda-t-elle. Vous devriez filer vous
laver au lieu de traîner sur le sol.
Alors qu’elle faisait la leçon à ses
enfants, elle passait entre eux pour récupérer les casquettes puantes dans
l’intention de les jeter dans la machine à laver. Elle s’aperçut alors qu’elle
n’avait que cinq casquettes en main et compta ses fils. Un, deux, trois,
quatre, cinq… Mais où était donc passé le sixième ?
-
Les
enfants, qu’est-ce vous avez fait de votre aîné ?
Les intéressés se redressèrent, surpris et
fouillèrent la pièce du regard.
-
C’est
vrai, ça, où est donc Osomatsu nii-san ? marmonna Choromatsu.
-
Il
était pourtant avec nous tout à l’heure, fit remarquer Todomatsu.
-
Il
est peut-être aux toilettes ! suggéra énergiquement Jyushimatsu.
-
Ou
il s’est perdu, se moqua Ichimatsu avec un ricanement.
Karamatsu se redressa, inquiet.
-
Je
vais partir à sa recherche, indiqua-t-il. Reposez-vous, my dear little brothers !
-
Ah,
attend, je viens avec toi ! s’exclama Choromatsu. Si ça se trouve, il est
allé boire quelque part, on ne sera pas trop de deux pour le porter.
Les plus jeunes échangèrent un regard et
se levèrent en chœur pour se joindre à l’expédition. Ils passèrent dans
l’entrée et chaussèrent leurs godasses de sport. En effet, les chaussures de
leur aîné n’étaient pas ici… Où pouvait-il donc être passé ?
-
Séparons-nous
pour le moment, proposa Choromatsu, toujours méthodique. Dans une heure, on se
rejoint devant la maison.
Tous approuvèrent du chef et les cinq
frères se dispersèrent tout aussitôt. Choromatsu s’aventura du côté de la
maison de Totoko, alors que Karamatsu se dirigea vers le pachinko, Todomatsu
prit la direction de leur point de pêche, Ichimatsu, lui, slaloma entre les ruelles et
Jyushimatsu choisit de vérifier les alentours de l’hippodrome. Tous cherchèrent
durant toute l’heure où pouvait être passé Osomatsu, inquiets.
Depuis qu’ils étaient revenus à la
maison, ils savaient que leur aîné n’était pas au meilleur de sa forme. Leur
abandon l’avait profondément affecté, ils en avaient parfaitement conscience,
mais personne n’avait encore osé aborder le sujet avec lui. Ce n’était pas
chose facile de revenir sur un acte qui avait terriblement blessé un être qu’on
aime, surtout quand l’acte en question avait été d’essayer de s’arracher à
l’univers si rassurant et confortable qu’était le leur jusqu’alors. Osomatsu,
lui, avait toujours le pilier de ce monde. Il était leur grand frère, celui qui
les avait accepté sous leurs aspects les plus farfelus ou étranges, voire
dérangeants.
Et eux avaient essayé de grandir sans
laisser le temps à leur aîné de comprendre qu’il était peut-être temps pour lui
aussi de faire un pas vers cette terrifiante terra incognita des adultes.
Sûrement le moment était-il venu qu’ils
aient enfin la conversation qu’ils repoussaient tous inconsciemment depuis le
début de la Sélection.
Une heure s’écoula. Les cinq frères
revinrent bredouilles. Todomatsu se tordait les mains, incroyablement mal à
l’aise. Il avait très violemment réagi quand Osomatsu avait refusé de se
réjouir pour le travail de Choromatsu. Alors, forcément, cela lui pesait.
Karamatsu, remarquant son attitude, posa une main sur son épaule et lui offrit
un petit sourire qui se voulait réconfortant.
-
On
va le retrouver, ne t’en fais pas, lui assura-t-il.
- Réfléchissons !
les enjoignit Choromatsu. Si vous étiez Osomatsu, où iriez-vous ? Il y a
forcément des endroits que nous n’avons pas encore fouillés.
Chacun s’abîma dans de profondes
réflexions. La ville était immense, où pourraient-ils se diriger ? Il
avait des souvenirs à tous les coins de rue : dans la vieille cabane au bord
de la rivière, dans la cour de leur école, dans le parc, à la clinique de Dekapan,
sur le terrain vague encombré par des tuyaux en béton… Les cinq frères eurent
un sursaut et échangèrent un regard entendu.
-
Il
s’est peut-être réfugié là-bas, suggéra Ichimatsu. Ça vaut le coup d’essayer,
non ? On y allait tout le temps quand on était gamins.
-
Ce
sera toujours mieux que rien, approuva Choromatsu.
Jyushimatsu approuva de la tête,
mortellement silencieux. Le fanatique des chats glissa ses doigts entre les
siens pour lui apporter un semblant de réconfort. Un Jyushimatsu qui ne crie
pas toutes les secondes, c’était effrayant… Mais il savait parfaitement le
sportif trop inquiet pour qu’il se laisse aller à ses habituelles pitreries.
Tous les cinq se mirent rapidement en
route. Depuis combien de temps n’étaient-ils pas retournés sur les traces de
leur enfance disparue ? Ces moments où ils couraient partout dans les rues
pour faire tourner en bourrique Chibita ou Iyami, ces moments où ils étaient
inséparables, pis, indissociables ! Qu’est-ce qu’ils leur paraissaient
loin… Et Osomatsu qui était toujours là pour les entrainer plus loin, leur
sourire et les pousser aux bêtises les plus folles.
Leur cher frère aîné…
Guidés par une sorte d’instinct, les
frères avaient accéléré l’allure jusqu’à se mettre à courir. Une crainte leur
nouait l’estomac. Ce fut essoufflés qu’ils parvinrent au terrain vague. Ils
s’arrêtèrent au seuil pour reprendre leur respiration. Lentement, ils se mirent
à avancer. Choromatsu était en tête, une petite douleur dans le regard.
Karamatsu fermait la marche, comme pour veiller sur la fratrie. Il avait mal,
là, au niveau de l’estomac. Il sentait que quelque chose allait se produire. Et
il ignorait si ce quelque chose allait renforcer leurs liens ou tout briser.
Mais, le voilà, leur moment charnière.
Alors qu’ils avançaient au centre du
terrain, ils aperçurent des tuyaux en béton, empilés les uns sur les autres
pour former une sorte de pyramide. Au sommet de cette dernière, les jambes
dans le vide, ses chaussures à la main, Osomatsu était assis, tranquille,
les yeux clos. Ils durent faire du bruit car leur aîné baissa soudainement les
yeux sur eux. Il parut surpris de les voir, fourra quelque chose dans sa poche
et leur fit un signe de main.
-
Salut,
les gars ! Qu’est-ce que vous faites-là ?
Ses frères échangèrent des regards gênés.
Karamatsu prit alors la parole, l’air de rien, essayant d’étouffer la tension
qui manquait de faire chavirer sa voix :
-
Nous
venus pour toi, O, my beautiful brother ! Mommy s’inquiète de ton absence.
Sans qu’ils comprennent pourquoi, ils
virent leur leader hausser un sourcil ironique, une expression un peu
méprisante sur le visage. Mais ce fut si fugitif qu’ils doutèrent tous très
vite de l’avoir vu. En effet, Osomatsu renversa la tête en arrière pour étudier
les nues qui s’étiraient au-dessus de lui.
-
Ah,
c’est vrai que le soleil va bientôt se coucher ! La journée est vraiment
passée vite.
- E…
En effet, reprit Karamatsu, décontenancé par son attitude distante. Et si tu
descendais, pour qu’on y aille ?
-
Descendre ?
Ah, non, non, pas la peine. Allez y, je vous rejoindrai plus tard.
-
Mais,
Osomatsu nii-san… ! voulut protester Todomatsu.
-
Je
vous rejoindrai plus tard, l’interrompit sèchement l’intéressé en dardant sur
le benjamin un regard glacial.
Un silence de plomb s’abattit sur la
fratrie. Choromatsu, ne supportant pas voir leur aîné se comporter comme un
gosse en colère, s’avança à son tour.
-
Ça
suffit, Osomatsu nii-san ! lui cria-t-il. Descends maintenant, maman nous attend
tous et personne n’est encore lavé, en plus !
Pour toute réponse, il reçut une
chaussure sur le sommet de la tête. Dans son dos, les autres suspendirent leur
souffle. Stupéfait, Choromatsu, lui aussi, demeura sans voix. Il contempla la
basket qui venait de heurter son crâne, la ramassa puis leva un regard d’une
noirceur peu commune sur Osomatsu qui, lui aussi, le foudroyait du regard.
-
Tu
viens de me lancer ta godasse puante ? lui demanda-t-il d’une voix très
calme.
-
C’est
exactement ce que je viens de faire, lui répondit son interlocuteur sur le même
ton.
Il n’en fallut pas plus à Choromatsu pour
retourner l’objet à expéditeur dans un lancer rendu très rapide par des heures
et des heures d’entraînement. Osomatsu n’eut pas le temps de se décaler. La
semelle de sa propre chaussure se fracassa contre son nez, le laissant étourdi.
Karamatsu et Ichimatsu saisirent à bras le corps l’adorateur des chanteuses
pour l’empêcher de faire un malheur.
-
Lâchez-moi,
tous les deux ! vociférait-il. Je vais me le faire ! Je vous jure que
je vais me le faire !
Karamatsu allait lui demander de se
calmer quand il fut victime d’un nouveau bombardement intempestif de la part du
roi qui siégeait au sommet de la pyramide des tuyaux. Le second projectile, par
contre, fut pour Jyushimatsu. Ce dernier, pétrifié, contempla sans comprendre
la chaussure qui venait de lui tomber dessus. A la vue des larmes qui
menaçaient de jaillir de ses yeux, Todomatsu n’y tint plus. Il leva un regard
courroucé sur le guide leur fratrie, dégoûté par son comportement.
-
Arrête
ça, Osomatsu nii-san ! Tu es peut-être en colère contre nous, mais ce
n’est pas une raison pour te comporter comme un parfait imbécile !
-
La
ferme ! Fermez-la, tous autant que vous êtes !
Le ton menaçant leur coupa à tous le
sifflet. Osomatsu s’était levé, il se tenait au-dessus d’eux, haletant, le
regard humide. Il passa la manche de son tee-shirt sur ses yeux et leur tourna
le dos rapidement.
-
Rentrez
à la maison, leur demanda-t-il d’un ton plus doux. Je ne vous demande que
quelques minutes, d’accord ? Après, j’arrive. Juste… cinq minutes.
Todomatsu voulut signaler son désaccord
de vive voix, mais Karamatsu lui fit gentiment signe de se taire. Sûrement
valait-il mieux lui obéir pour le moment. Ils pourraient toujours avoir une
discussion à un moment plus calme, où tous seraient reposés et disposés à mener
cette conversation qui les hantait tous. Rapidement, le deuxième fils consulta
Choromatsu du regard. Ce dernier était en train d’essayer de consoler
Jyushimatsu, mais il capta son interrogation. Un soupir gagna ses lèvres puis
il hocha tristement la tête. Dans ce genre de cas, que faire à part céder, de
toute manière ? Tous connaissaient le caractère buté de leur cher
aîné ; ils ne parviendraient pas à le faire céder, pas ce soir, tout du
moins. C’est alors que Jyushimatsu eut un commentaire qui les inquiéta :
-
Où
est passé Ichimatsu nii-san ?
Les trois autres eurent un sursaut et
fouillèrent le terrain vague du regard. Nulle trace de leur frérot des gouttières.
Où avait-il donc disparu, celui-là ?
-
Osomatsu
nii-san.
Les quatre levèrent la tête. Ils virent
avec stupéfaction que leur petit disparu se tenait au sommet des tuyaux, juste
devant Osomatsu. Ce dernier se rendit compte de sa présence en même temps que
les autres. Mais quand était-il grimpé jusque-là, celui-là ?! L’adorateur
des chats fit un pas vers lui et pencha la tête sur le côté. Son vis-à-vis
crispa ses mâchoires, furieux de s’être laissé piéger. Puis il vit un sourire
carnassier se dessiner sur les lèvres de son petit frère. Et il comprit un
instant trop tard qu’il venait de se faire avoir.
Usant dans ses légendaires capacités,
Jyushimatsu venait de bondir dans les airs comme un fauve. En un instant, il
avait ceinturé Osomatsu pour ensuite le jeter dans le vide. Choromatsu et
Todomatsu hurlèrent de frayeur, mais Karamatsu se précipita pour attraper
l’aîné avant que celui-ci ne touche terre. Les deux premiers fils chutèrent sur
le sol dans un cri de stupeur et un nuage de poussière. Du haut de leur
pyramide, Ichimatsu et Jyushimatsu semblaient très satisfaits du déroulement des évènements. Le sportif prit alors son grand frère dans ses bras et sauta
naturellement à terre, sous le regard consterné des autres qui commençaient
sérieusement à se poser des questions quant à l’humanité de leur adorable
frangin au sourire béat.
Une fois remis de leurs émotions,
Todomatsu et Choromatsu se précipitèrent sur leurs frères pour les aider à se
relever. Une fois Osomatsu sur pieds, il se tourna vers les deux comploteurs,
hors de lui.
-
Mais
ça ne va pas, la tête ?! Vous auriez pu me tuer !
-
Il
fallait bien qu’on arrive à capter ton attention, répondit tranquillement
Ichimatsu, les mains enfoncées dans ses poches. Et puis j’en avais marre de me
tordre le cou pour te parler.
-
Vous
n’êtes qu’une bande d’inconscients ! Des ingrats ! Des
traîtres ! Vous m’avez laissé seul derrière vous ! Je vous
déteste !
Il avait véritablement hurlé cette
dernière phrase. Ahanant, il défiait ses frères du regard. Ces derniers, un
sentiment de culpabilité planté au fond du cœur, baissèrent la tête sous l’œillade
incendiaire. Osomatsu sentit les larmes rouler alors sur ses joues. Il s’était
juré de ne pas se montrer sous ce jour à sa fratrie. Il ne voulait pas leur
balancer des insultes et des reproches à la tête, il souhaitait les garder en
lui jusqu’à ce qu’ils s’éteignent naturellement, avec le temps. Mais il avait
fallu que ces petits cons viennent à sa rencontre, qu’ils le poussent et le
fassent vaciller ! Bon sang… Ils avaient une telle expression sur le
visage ! Il se détestait pour être la cause de la douleur qu’il lisait là…
Il sentit soudain un corps s’écraser sur
le sien. Choromatsu venait de lui sauter dans les bras. Il se trouva enferré
dans une étreinte étroite, prisonnier des bras de son petit frère, incapable de
s’éloigner ne serait-ce que d’un millimètre.
-
Nous
sommes désolés ! Nous sommes désolés ! Nous ne voulions pas te
blesser, je te le jure ! Mais, tu sais… Osomatsu… Nous devrons
tous grandir un jour…
Osomatsu tenta de se dégager, mais
Choromatsu ne le laissa pas faire. Il le serra encore plus étroitement contre
lui si cela était possible. Il refusait de le laisser partir ! Pas tant
qu’il ne lui aurait pas avoué tout ce qu’il avait sur le cœur…
-
La
prochaine fois, faisons ça ensemble, lui chuchota-t-il, un sanglot dans la
voix. Grandissons ensemble… Sans laisser aucun d’entre nous sur le banc de
touche, d’accord ? Faisons cela en grand !
L’aîné se raidit. Il sentait le corps de
son frère trembler tout contre lui. Quand il releva la tête, il s’aperçut que
tous pleuraient silencieusement. Il comprit alors que pour eux aussi, cela
avait été dur. Ils s’étaient soudainement retrouvés seuls au monde, sans
personne vers qui se tourner, sans personne sur qui s’appuyer. Pourtant, ils
avaient essayé, ils n’avaient pas failli et avaient tout fait pour sortir de
leur vie quotidienne.
Ils avaient vraiment d’incroyables petits
frères…
Osomatsu soupira et appuya son front
contre celui de Choromatsu.
-
Merci,
lui murmura-t-il. Merci… d’être tous là.
Son murmure n’échappa à l’oreille de
personne. Tous se précipitèrent sur leur aîné pour participer au câlin groupé.
Ils se mussèrent contre Osomatsu avec la sensation que, enfin, ils étaient
parvenus à se rassembler. Ils étaient de nouveau ensemble, pour de bon, cette fois-ci.
-
Quelle
bande de mauviettes on fait, pouffa le leader de la fratrie. Il faut qu’on se
reprenne, on a quand même le tournoi le plus important de l’univers à
remporter !
Tous l’approuvèrent de vive voix.
Osomatsu contempla leurs visages marqués par les larmes et leur offrit un large
sourire.
- Allez…
et si on rentrait à la maison ?Marine Lafontaine
1 commentaire:
Je ne pensais pas lire une fanfic mignonne des frères Matsuno un jour… mais c'est chose faite ! Histoire toute choute !
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