samedi 22 avril 2017

ALEXANDRE ET DIXIT

Bien le bonjour, tout le monde ! 

   Bien le bonjour, tout le monde !  

    Voici l'un des textes publiés à l'occasion de l'anniversaire du blog ! Alex nous a écrit une petite carte à partir d'une carte piochée dans l'extension Journey du Dixit. Sans en dire plus, je vous laisse découvrir en 1000 mots le destin d'une princesse…

LIBRE !



   Être la princesse d'un royaume n'était pas une vie de rêve comme on pourrait le croire. Toute ma vie était régulée par des protocoles interminables imposés par le roi, mon père, ainsi que par mes dames de compagnies.


  J'étais levée tous les jours à la même heure, habillée dans des corsets terriblement douloureux et maquillée au point que ma jolie peau rose-beige devenait aussi pâle que celle d'un vampire. Tout cela dans l'unique but de plaire à la règle, d'être dans la norme, "comme une princesse qui se respecte", me disait-on.

   Je rêvais encore de l'époque où j'étais enfant, avide d'aventures et de paysages grandioses, uniques, imaginant traverser le monde pour y découvrir ses mille et une merveilles. Mes rêves étaient nourris par chevaliers et nobles qui rentraient de leurs quêtes et se présentaient devant le trône de mon père, pour raconter leurs épopées. Des milliers d'histoires comme celle d'un fier général revenant victorieux d'une campagne de reconquête d'un territoire envahi par des barbares au Nord du pays. Ou encore celle d'un marchand qui avait pris la mer pour voguer loin, là où, disait-il, l'été ne se terminait jamais.

   Mais me voilà, face à mon visage enfariné devant la glace, alors qu'on cache ma longue chevelure brune sous une immonde coiffe. On me prépare pour un dîner avec mon père, le seigneur d'un pays voisin et son fils, dans le but de me marier à ce dernier. Celà afin de renforcer les alliances entre nos deux pays. C'était ce que j'étais devenue, un instrument diplomatique.

   Tout me revenait, tous mes rêves dansaient dans ma tête. Tous ces souvenirs firent couler une larme le long de ma joue, provoquant la fureur de ma dame de compagnie, contrainte de recommencer mon maquillage.

   Je me mis à hurler, lui sommant de sortir rapidement. Je voulais être seule. Elle obéit mais me prévint tout de même qu'elle reviendrait dans l'heure. La porte claqua, le silence revint. Je m'allongeai dans mon lit, fermant les yeux.

   Je ne voulais pas m'enfermer dans cette vie là, cette vie de souffrance, de protocole, de code de conduite, je voulais être libre. Au diable le mariage, au diable mon père, au diable tout le monde. Je ne souhaitais pas de cette vie là, je voulais voyager, courir, voguer, rêver...

   Il fallait que je fuis. Mais j'avais déjà essayé, maintes fois. Malheureusement les gardes me repéraient toujours et me ramenaient dans ce cachot qu'était ma chambre. Mon père ne voulait rien entendre, il ne comprenait pas mon attitude. Comment pouvait-il comprendre ? Il n'était pas à ma place, il ne vivait pas ce que je vivais...
   Cette fois ci, c'était décidé, j'allais quitter cette vie d'enfer pour de bon. Dès ce soir, après le dîner, je fuirais le château, loin et jamais je ne reviendrais.

   L'attente fut longue, le dîner interminable. Je n'avais été évoquée qu'en début de repas et on avait parlé de moi comme d'une vulgaire marchandise.

    Une fois le dîner fini, je feignis un intérêt pour le prince et gardai un joli sourire jusqu'à ce que tout le monde soit parti. Mon père me raccompagna à ma chambre et m'y laissa, m'embrassant sur la joue et disant qu'un jour, je serai reine. Je le saluai, et il partit.



   Je ne veux pas être reine, je veux être libre d'accomplir mes rêves.


   C'en était assez. J'attrapai le chandelier placé dans le coin de ma chambre et le renversai sur mon lit. Rapidement, les draps commencèrent à brûler, puis le bois. J'observai les flammes dévorer ma chambre, dévorer mon cachot. J'ouvris la fenêtre, ôtai les terribles chaussures qu'on m'avait forcée à porter et je sortis. Le long des remparts, m'accrochant, comme dans ma jeunesse, aux parois du château et descendit doucement, pieds nus, jusqu'au sol.

   J'étais sortie. Aucun garde n'était là; ils étaient certainement allés voir l'origine de ce feu qui dévorait maintenant une bonne partie de la tour. J'étais libre. J'observai une dernière fois ma demeure, sachant que je brisais le cœur de mon père, puis je me mis à courir vers la vallée, loin, de mon passé, loin de ma souffrance et vers mes rêves.



   Au fur et à mesure de ma course, je voyais une étrange forme se dessiner, comme une immense fenêtre qui apparaissait au loin. Qu'était-ce donc ?


   Ma course se termina là, au pied de cette étrange coupure. Le monde semblait différent derrière. Je grimpai, il y avait des dorures... Des dorures gigantesques qui séparaient le paysage verdoyant de mon côté et le paysage plus géométrique de l'autre.

   Je vis un couloir, un immense couloir, bordé de gigantesques peintures, Elles représentaient des endroits tous plus féériques les uns que les autres. Une échelle semblait se présenter à moi, sur le bord du cadre. Je l'attrapai sans problème et descendis dans une étrange charrette rouge. C'est là que je la vis, une petite fille gigantesque qui me regardait fixement avec un sourire bienveillant. J'étais ridicule face à elle, cet objet rouge était sûrement un de ses jouets. Elle ne semblait pas étonnée par ma présence.

   Me retournant, j'observais la peinture d'où je venais. Mon ancien monde était maintenant immobile, fixe, gardant pour toujours le souvenir d'un' château enflammé par mon désir de vivre. Je regardai autour de moi et observai tous les cadres magnifiques. J'aperçus dans l'un d'eux un marin à bord d'un navire qui voguait vers une île boisée, mystérieuse. Je pointai alors ce cadre du doigt. La petite géante observa dans la même direction que moi et compris mon intention. Elle s'approcha lentement de moi à quatre pattes et me saisit doucement entre ses doigts immenses sans me faire de mal. Je me sentais voler.

   Elle m'amena à ce cadre et leva ses mains en coupe pour que j'y accède. Je vis le monde se mettre à vivre alors que je m'en approchais. Je me retournai alors vers le visage de la petite fille, la remerciai d'un signe de la tête et traversai le cadre, commençant une nouvelle vie, un nouveau rêve.


   Alexandre


   PS de Marine : Et voilà ! Dorénavant, vous connaissez la plume d'Alexandre. Si vous voulez qu'il revienne écrire ici, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour le lui faire savoir, ça lui fera très plaisir ! En attendant, je vous dis à bientôt pour un nouvel article !

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