mercredi 15 mars 2017

LITTERATURE, CULTURE, QU'EST-CE ?

   Bien le bonjour, tout le monde !

   Depuis trois ans maintenant, je suis étudiante en Lettres. Cela veut dire que je vais en cours afin d'apprendre à connaître d'avantage sur cette fabuleuse galaxie qu'est celle de la Littérature avec un très grand L. 


   Plus j'avance dans mes études, plus j'en viens à me poser des questions sur ce qu'est véritablement la littérature, voire la culture, en réalité. Enormément de mes professeurs (pas tous, fort heureusement) ont une vision très élitiste de la culture. C'est-à-dire qu'ils considèrent les genre autres que l'art (entendons par là les beaux-arts), le théâtre, l'opéra, la littérature, la musique classique et le cinéma (et encore, pour le septième art, c'est complexe) comme de la sous-culture.

   Ce genre de jugements m'horripile. Tout comme les professeurs qui refusent qu'on cite certains auteurs dans nos copies car ils ne font pas partie des canons littéraires ou ceux qui méprisent d'autres auteurs qu'ils jugent eux-même médiocres ou mineurs. 


   C'est pourquoi j'aimerais voir avec vous aujourd'hui un peu ce qu'est la littérature et, par extension, ce qu'est la culture. Pour être honnête avec vous, je vais beaucoup m'appuyer sur un cours que j'ai reçu quand j'étais en prépa (cours dispensé par un des meilleurs professeurs que j'ai pu avoir au cours de ma scolarité) et qui porte sur les propriétés et valeurs de la littérature. 

   Bref, commençons !

   Pour étudier un sujet, la première chose à faire est de revenir à son étymologie.  Ce terme est issu du mot latin litteratura qui regroupe sous sa bannière l'écriture, la grammaire, la philosophie et l'érudition.

   Dans le TLF (Trésor de la Langue Française, un dictionnaire en ligne très complet), plusieurs définitions nous sont données : "connaissance des lettres", "usage esthétique du langage écrit", "ensemble des productions intellectuelles qui s'écrivent, qui s'écoutent"…


  Mais, dans le Larousse, on trouve une autre définition : "Ensemble des œuvres écrites auxquelles on  reconnaît une finalité esthétique".  C'est déjà une conception qu'on le plus tendance à entendre quand on parle de "littérature". Pourtant, comment définir quel texte aurait une finalité esthétique ? Et, la littérature, c'est vraiment cela ?

   La littérature, ce n'est quand même pas que des belles phrases, quand même ? Sinon, des slogans publicitaires peuvent devenir entrer dans ce champ-là, aussi. Et puis, que fait-on de la dimension fictionnelle à ce moment-là ? Seulement, tous les poèmes ne racontent pas quelque chose, et la même remarque peut être soulevée pour les romans (on pensera notamment aux œuvres qui appartiennent au genre du nouveau roman où l'on trouvera Sarraute ou Robbe-Grillet où la fiction est effacée au profit du jeu sur l'écriture). 

   Voilà que je m'égare déjà… Voyons voir, essayons d'être méthodique. Qu'est-ce qu'on a tendance à inclure dans la littérature ? Les romans, la poésie et le théâtre, je pense. Parfois sont inclus certains essais philosophiques (par exemple, Crainte et Tremblement de Kierkegaard peut poser des problèmes de classifications car l'ouvrage comporte de très nombreuses petites histoires qui illustrent les propos tenus par l'auteur).

    Seulement, si nous incluions l'ensemble des productions romanesques, poétiques et théâtrales dans la malle Littérature, cet article n'aurait pas lieu d'être. Car vient en fait le problème de la valeur. Il est dit de certains auteurs (Balzac, Proust, Pirandello, Stendhal, Musset, Hugo, Bernardin de Saint Pierre, Gautier, Valéry, par exemple, pour ne citer qu'eux) qu'ils ont produit des oeuvres dignes des canons littéraires alors que d'autres non. Pourtant, cela n'a pas toujours été le cas.
   Si vous aviez dit aux contemporains de Balzac ou de Stendhal qu'ils feraient un jour partie des écrivains les plus respectés du patrimoine littéraire français, ils vous auraient certainement ri au nez. A leur propre époque, ils n'étaient pas considérés comme des “Grands". Proust, lui, a été refusé à Gallimard par Gide. Qui nous dit pas que, dans quelques années, un de nos auteurs contemporains ne deviendra pas le nouveau Zola, par exemple ?

   Mais alors, comment sont-ils passés d'un statut à un autre ? En réalité, c'est grâce à plusieurs procédés qui se sont coordonnés à un moment ou à un autre. Mais le premier est l'autoritas. Je vous donne un exemple !

   Si jamais, moi, personnellement, je redécouvre un auteur du XVIIème que je trouve absolument exceptionnel, ce n'est pas pour autant qu'il va entrer dans le panthéon de la littérature. Mais si un critique reconnu, ou un universitaire, ou un spécialiste ou encore je ne sais quelle figure qui possède une certaine aura dans le monde du livre, là, c'est une autre histoire.


   En somme, nous pouvons le dire, ce choix est totalement arbitraire. Et impossible d'établir alors une charte de charges qui permettrait de classer les oeuvres car le principe même du roman est d'être une sorte de protée, c'est-à-dire un genre de monstres qui ne répond à aucune règle. De plus, chaque génération dans notre histoire littéraire s'est construite en opposition avec la précédente. A partir de là, il est difficile de déterminer les qualités propres à une "bonne" oeuvre.

   La fiction ? Alors on élimine Sarraute, tous les auteurs du Nouveau Roman, un grand pan de la poésie et même En attendant Godot de Beckett ou La cantatrice chauve de Ionesco.


   Le style ? Camus et Stendhal ont une écriture très sèche, alors que Proust utilise des hyperhypotaxes à foison. De plus, même le plus médiocre des écrivains aura son propre style, alors pourquoi refuse-t-on toujours qu'on cite Cohelo dans les copies alors qu'il écrit très bien ?

   Le message ? Dans des romans comme L'Education sentimentale de Flaubert ou A rebours de Huysmans, si réflexion et message il y a, il est bien caché. Ce n'est clairement pas le but premier des auteurs pour leurs ouvrages susdits. C'est avant toute chose un jeu sur la langue et un plaisir des mots qui fondent.

   Bref, comme vous le voyez, c'est un sac de noeuds inextricables, surtout que les oeuvres citées ont des qualités qu'on retrouve dans bien des ouvrages que l'autoritas rejette fermement.


   Je me faisais la réflexion il y a quelques jours, mais… Quand on est en primaire ou au collège, nos professeurs ont tout fait pour nous ouvrir l'esprit, nous offrir un large champ de curiosités. Au collège, j'étudiais sans faire de différence Hugo, Cortazar, Lowry et Lehmann ! Mais une fois que le puits a été mis en place, les professeurs du lycée ne nous ont encouragé à ne creuser que dans un secteur bien particulier : la Littérature. Et rare ont été ceux qui nous ont poussé à prendre nos pelles nous-même pour aller voir ce qui se cachait ailleurs.

   Et c'est bien dommage. Parce que la culture, ce n'est pas juste ce qu'on nous enseigne à l'école. On peut avoir une culture en tout : cinéma, moto, forêt, vin, manga, cartoon, dessin, électricité, musique, comics, chimie, mathématiques, tapisserie, randonnée, nourriture… ! Et dénigrer la moindre de ces cultures (en la qualifiant de sous-culture, par exemple) ou la moindre personne en lien avec cette culture ("ce n'est qu'un dessinateur de BD, jamais il ne parviendra à toucher mon âme autant que Proust !") est juste une preuve d'intolérance et de fermeture.

   Après, je ne dis pas, on peut n'être touché que par Proust. Mais il existe tellement plus ! Pourquoi se limiter ? Et pourquoi dénigrer ? On peut prendre autant de plaisir à lire du classique que du fantasy, à regarder un film qu'à voir un opéra ou à jouer à un jeu vidéo ! Et l'enrichissement est possible ici aussi.


   Alors, pour finir, la littérature, qu'est-ce que c'est ? Hé bien, c'est tout et rien à la fois. J'aime considérer l'ensemble de toutes les productions écrites comme de la littérature. Après, on est en droit d'aimer ou non les oeuvres qu'on trouve dans ce tiroir. Et il en est de même avec la culture.

   Qu'en tirer donc de tout cela ? Il faut cesser de se limiter et de dénigrer. Il ne faut pas avoir honte de ce qu'on aime, également. Même si nos professeurs disent que certains auteurs sont médiocres, cela ne signifie pas pour autant qu'ils le sont.

   Aujourd'hui, j'ai 21 ans, alors voici le message que je vous adresse pour ce moment particulier : qu'importe ce que vous aimez, vous êtes riches de cette culture. Alors soyez-en fier, quoiqu'il arrive. Ayant reçu une éducation assez classique, j'ai longtemps essayé de cacher mon goût pour la culture manga ou même pour l'animation en règle général. Mais j'ai cessé d'avoir honte. Alors, pourquoi pas vous aussi ?

   marine.lafontaine@gmail.com
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    Marine Lafontaine
 

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