mercredi 25 octobre 2017

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 11

Bien le bonjour, tout le monde !

Nous voici repartis un chapitre qui sera beaucoup moins joyeux que le précédent. Je tiens à vous prévenir tout d'abord, car il aborde notamment un thème grave qu'est la violence domestique… Ça n'a pas été facile à écrire, mais ce passage est important pour comprendre l'un des personnages de la série. 

Je vous souhaite tout de même une bonne lecture !




Bendy avait abandonné Boris dans leur chambre pour sortir en solitaire. Une soirée sans son petit frère ! Cela faisait une éternité que le mécanicien n’avait pas goûté aux joies des plaisirs adultes. Après s’être promené un moment dans les rues ensommeillées de la ville, le malade fut attiré par l’enseigne prometteuse d’un bar. Il en repoussa la porte et se dirigea vers le comptoir derrière lequel un barman essuyait tranquillement un verre.
-       Un verre de martini et faîtes-le vite, commanda-t-il en claquant des doigts.
-       Ça arrive tout de suite, lui répondit tranquillement le garçon.
Le mécanicien s’accouda au bar avec un soupir d’aise. Il laissa son regard courir sur l’ensemble de la pièce qui s’offrait à lui. Un lieu bien agréable ! Ses yeux furent attirés par la présence de deux gentes dames qui conversaient à une table, non loin de lui. Il reconnut la jolie petite infirmière oiseau à qui il avait confié Cuphead à l’hôpital. Tiens, et qui était avec elle ? Une lapine ? Bendy eut un sourire de prédateur à sa vue. Voilà un bien joli brin de fille… Ces deux jeunes femmes formaient vraiment un charmant tableau.
-       Je ne peux pas croire que je n’ai rien tenté quand je l’ai vue pour la première fois… ricana-t-il à sa propre intention. Il est temps de réparer cette erreur.
Sans plus hésiter, le mécanicien abandonna le bar pour se diriger vers les deux clientes. Ces dernières levèrent un regard interrogateur sur lui quand il se posta devant elle, un sourire charmeur sur les lèvres. Ce fut l’infirmière qui le reconnut tout d’abord.
-       Oh, c’est vous ! s’exclama-t-elle, ravie. Votre ami va mieux que jamais, je peux vous l’assurer. Il a quitté l’hôpital cet après-midi même.
-       Oh, je sais, lui assura le malade en songeant à la folle soirée qu’il avait vécu à cause de l’ami en question. Merci, mademoiselle… ?
-       Dovil Feathertin, répondit l’oiselle en lui tendant son aile.


Bendy saisit délicatement les plumes afin d’y déposer un léger baiser. L’infirmière sourit, charmée par les manières du mécanicien.
-       C’est un plaisir de vous rencontrer, monsieur… ?
-       Oh, tout le plaisir est pour moi ! lui assura l’intéressé en parfait gentleman. Et pour le nom, c’est Bendy.
Dovil rit légèrement. Elle se tourna alors vers sa voisine qu’elle se chargea d’introduire.
-       Et voici mon amie, Francine Cottontail, mais nous l’appelons juste Fanny.
Bendy répéta son manège, mais il garda un peu plus longtemps la main de la lapine dans la sienne.
-       Mademoiselle, la salua-t-il.
-       Charmée, répondit Fanny, bien que rien ne l’indique sur son visage.
L’oiselle sourit.
-       Vous voulez vous joindre à nous ? demanda-t-elle. Nous attendons juste l’arrivée de mon petit ami.
Bendy ne put cacher son étonnement, mais il parvint à dissimuler sa déception. Oh, l’infirmière était prise… Bon, de toute manière, la lapine l’intéressait plus. Mais celle-ci mit très rapidement fin à ses illusions.
-       Avant que vous ne tentiez quoique ce soit, sachez que vous vous adressez à une femme mariée, très cher.
Mauvaise pioche pour le mécanicien… Celui-ci prétexta devoir aller chercher sa boisson pour se sortir de cette situation des plus gênantes. Il remercia Dovil pour l’avoir renseigné à propos de Cuphead puis regagna le comptoir. Il se hissa sur un haut tabouret puis poussa un profond soupir.  
-       L’une a un copain, l’autre est mariée… Pourquoi pas ? grommela-t-il.
Le barman revint alors vers lui pour lui tendre sa consommation.
-       Voilà pour vous !
Mais avant même qu’il n’ait achevé sa phrase, Bendy avait descendu son martini d’une traite.


Le malade reposa brusquement son verre vide. L’alcool lui monta rapidement à la tête, colorant ses pensées de nuances sombres. Le mécanicien porta une main fatiguée à son visage, envahi par un profond sentiment de solitude.  
-       Pourquoi j’ai même essayé ? murmura-t-il pour lui-même. Je n’avais aucune chance… Et même si j’en avais eu une, je ne pourrai pas toujours être là pour une fille… Je vais mourir bientôt, de toute manière.
Prononcer ces mots à voix haute, ces mots qui résonnaient avec une telle force, lui fit l’effet d’une étreinte glacée. Il allait mourir… Ah, quelle farce. Lui qui avait toujours rêvé de mourir dans les bras d’une jolie fille ! Et non… Il allait crever, le corps entièrement couvert d’encre. Crever aux pieds de son petit frère qui pleurerait certainement toutes les larmes de son corps.
Quelle merde…
-       Barman, un autre ! exigea-t-il.
Boire, juste boire, ce soir. Oublier, tout diluer dans l’alcool, effacer ce destin, effacer ces souvenirs, effacer cette peur qui lui bouffait la tête. Tout cela, il y repenserait demain… 

*

Le docteur Puphead, un médecin qui travaillait également à l’hôpital, avait fini par rejoindre les deux infirmières. Il avait embrassé doucement Dovil et salué Fanny avant de s’installer, ravi d’enfin se changer les idées après une lourde journée de travail. Tous trois avaient passé un bon moment : la lapine avait allégrement critiqué chaque client du bar, son amie l’avait gentiment grondé, bref, une soirée ordinaire et agréable.
Finalement, ils avaient pris la décision de rentrer chez eux. Dovil était pendu au bras de son petit ami, les joues délicatement rosies par l’alcool. Tous deux flirtaient gentiment sous le regard exaspéré de Fanny. Quand ils parvinrent enfin dans la rue de la lapine, cette dernière hésita un instant, mais elle ne laissa rien transparaître et continua sa route. Arrivée à sa porte, elle fit un signe de main à sa collègue.   
-       A demain, ma puce ! lui cria l’oiselle, heureuse d’enfin se retrouver seul avec son « Pupsy ».
Fanny les salua à son tour avant de refermer la porte. Son cœur battait fort contre ses tempes. Comment serait-il ce soir… ? L’infirmière fit taire ses angoisses d’un froncement de sourcils et s’engagea dans le couloir qui poursuivait son entrée. Elle vit alors surgir du salon la silhouette imposante de Brute, son mari. Sans s’arrêter à sa hauteur, elle lui adressa vaguement la parole.
-       Salut, chéri.  
Fanny se dirigea rapidement vers les escaliers dans l’intention d’aller se coucher, mais la voix de Brute la retint :
-       Tu ne trouves pas ça bizarre que ce soit à l’homme de la maison de faire son propre repas pendant que tu passes la nuit à t’amuser avec ta salope d’amie ?



Fanny s’enjoignit au calme. Ce n’était rien, comme remarque, rien de bien méchant. Elle se retourna, circonspecte, et répondit : 
-       Hum, je suis à peu près sûr de t’avoir fait à manger. Tu avais juste à le faire réchauffer.
Brute croisa les bras sur son torse velu et toisa l’infirmière.
-       Désolée, chérie, mais j’ai eu une dure journée au travail et j’étais trop fatigué pour faire ça.
La lapine ne put retenir un soupir. Elle était heureuse d’avoir un mari qui avait un travail stable et un salaire, mais, parfois, elle ne parvenait à le comprendre.
-       Je sais, Brutsy, mais j’ai eu une journée compliquée aussi, alors, si tu n’y vois pas d’inconvénient, j’aimerais me détend…
Son mari ne lui laissa pas finir sa phrase. Le visage transfiguré par la colère, il attrapa Fanny par les oreilles et lui tira violemment la tête en arrière. La lapine poussa un cri de douleur et de peur mêlées. Il lui faisait mal ! Brute approcha son visage du sien, dangereux, mauvais… 
-       Très bien, écoute-moi maintenant, sale garce ! cracha-t-il. J’ai faim, alors, dans ton intérêt, je veux voir mon repas servi rapidement, d’accord ?


Fanny se mit à sangloter, terrifiée par ce nouvel accès de cruauté de son mari. Celui-ci tira d’avantage sur ses oreilles, obligeant la pauvre lapine à se mettre sur la pointe des pieds.
-       J’ai dit, d’accord ? articula-t-il soigneusement, l’œil fou.  
-       D’accord, d’accord, s’empressa de répondre l’infirmière. Laisse-moi… 
-       Et ne joue plus aux insolentes avec moi, compris ?
Tremblante, incapable d’articuler un mot, Fanny ne put qu’hocher la tête. Brute la traîna jusque dans la cuisine en l’agrippant toujours par les oreilles. Avec une violence inouïe, il la balança dans la pièce.
-       Maintenant, au travail ! gueula-t-il.
Dans sa chute, la tête de Fanny heurta l’arête du plan de travail. Son arcade sourcilière explosa sous l’impact et le sang envahit son champ de vision.


Dans un gémissement, l’amie de Dovil se recroquevilla sur le sol. Elle plaqua ses deux mains contre son œil en espérant contenir l’effusion de sang. Son mari lui jeta un regard dédaigneux.
-       Oh, ça va, tu t’en sortiras, grogna-t-il. Tu es infirmière, tu te rappelles ?
Il quitta la cuisine en maugréant contre la faiblesse des femmes. Malgré la douleur qui pulsait de façon lancinante dans son crâne tout entier, Fanny se redressa. Réchauffer le repas… D’abord contenter Brute. Après, après, elle pourrait se soigner. Cela ne servait à rien de pleurer. Pleurer rendait ses gestes plus maladroits.
Alors Fanny sécha ses larmes.
Luttant contre la nausée qui l’envahissait, la lapine s’occupa du repas. Quand elle eut servi son mari, elle eut enfin l’autorisation de se retirer.
Sans perdre un instant de plus, Fanny alla s’enfermer dans la salle de bain. Là, elle put nettoyer la plaie qui se découpait dans sa fourrure au-dessus de son orbite droit. Ah, sa paupière avait gonflé… Doucement, avec des gestes rendus fébriles par la souffrance l’infirmière parvint à bander sa tête. Puis elle planta son regard dans celui, amoché, de son reflet.
-       Ce n’est qu’une petite dispute, asséna-t-elle à son double de glace. Ça arrive tout le temps, non ? Alors ressaisis-toi, ma fille. Tu as trouvé un époux avec un travail décent, ce n’est pas une petite dispute qui va mettre fin à tout cela.
Un éclair de douleur lui arracha une grimace. La lapine s’agrippa au lavabo, le souffle court. Comme un mantra, elle répéta cette phrase qui, peu à peu, était devenue sa logique, sa façon de penser :
-       Le mariage n’est pas une question d’amour et de toute cette merde… 


L’infirmière expira longuement. Les battements de son cœur se calmaient enfin. C’était passé, la crise était derrière elle. Rien de grave, n’est-ce pas ? Pas de quoi mettre en danger son couple. C’était vrai qu’elle n’aimait pas Brute, mais quelle importance ?
Fanny songeait doucement, envahie par une étrange nostalgie. Un jour, oui, un jour… Elle avait connu un homme qu’elle avait aimé, aimé de tout son être.
Oswald.
Le grand, le magnifique Oswald… 
Ah, oui, elle l’avait aimé ! Elle aurait fait n’importe quoi pour lui plaire ! Mais lui, il avait repoussé son amour, il avait réfuté ses sentiments. Il lui avait hurlé de le laisser en paix, hors de lui. Il ne l’aimait pas, il ne l’aimait pas, qu’elle sorte de sa vie, cette fille qui ne cessait de lui faire des avances ! Alors Fanny, jeune lapine au cœur encore tendre, avait juré de ne plus se laisser prendre au piège cruel de l’amour. C’était juste tellement douloureux, tellement plus que tout ce que Brute ne pourrait jamais lui infliger.
Un soupir gagna les lèvres l’infirmière. Finalement quelle différence existait-il entre ces deux-là ? Ils détruisaient tout ce qui était à leur portée…  
-       Tous les hommes sont les mêmes… 


Fanny se détourna de son miroir. Silencieusement, elle rangea les compresses avec des gestes d’automate. Demain, elle emporterait ses lunettes de soleil au travail, les plus grandes. Elle nouerait un fichu autour ses oreilles, aussi. Comme ça, Dovil ne soupçonnerait rien. Son amie mettrait son accoutrement sur le compte d’une de ses nouvelles fantaisies. Oui… Tout irait bien.
Et la vie poursuivrait son cours.

2 commentaires:

Arthur a dit…

Mais c'est horrible O_O

Unknown a dit…

Chuis d'accord avec toi O∆O!