samedi 6 janvier 2018

BENDY AND BORIS, CHAPITRE 24

Bien le bonjour, tout le monde ! 

Bonne année 2018 ! Pour fêter ce passage et la rentrée qui se profile, quoi de mieux qu'un petit chapitre ? On va enfin découvrir ce que sont devenus nos aventuriers préférés. Je ne vous en dis pas plus et je vous souhaite à tous une très bonne lecture. 



Quand Jackpot reprit ses esprits, il constata plusieurs choses. Un, son pelage était trempé. Deux, son corps était douloureux, comme suite à une chute brutale. Et trois, il était seul. Seul dans un environnement qui lui était complètement inconnu. Le chaton fit courir son regard autour de lui. Tout ce qu’il embrassait, c’était des parois de pierre d’une immense grotte. Où étaient les autres ? Il les appela faiblement en miaulant, mais il n’eut aucune autre réponse que l’écho de sa propre voix.


Le pauvre Jackpot tremblait de froid et de peur. Il se secoua afin de sécher un tant soit peu son pelage. Il fallait qu’il retrouve les autres. Ainsi, il pourrait enfin rejoindre sa maîtresse. Elle devait tellement être inquiète. Tout à coup, une voix familière s’éleva :
-       Quelqu’un est là ? Les gars ? C’est moi, Félix !
L’aventurier surgit de derrière un rocher, tout aussi trempé que le petit chaton. Ouf, il avait trouvé quelqu’un ! L’écrivain était soulagé. Pendant un moment, il avait cru avoir atterri dans cet étrange endroit seul.
-       Oh, c’est Jackpot ! Cuphead ne doit pas être trop loin, alors… Cuphead ! Cuphead ! appela-t-il. Quelqu’un ?!
Visiblement, ses compagnons de route n’étaient pas dans le coin… Mon Dieu, pourvu qu’ils aillent bien, tous ! Tout était allé si vite, là-haut. Le symbole avait soudain commencé à agir par lui-même et à s’élever, comme si un étrange mécanisme s’était enclenché. Puis, dans un petit tourbillon, un portail était apparu droit devant eux. Félix avait été entrainé par le courant. Boris et Bendy l’avaient agrippé afin de l’aider, alors sûrement étaient-ils également tombé dans cette grotte. Quant aux deux autres, aucune idée… 


L’écrivain poussa un soupir, le regard sombre. S’il n’était pas aussi inquiet pour les autres, cette situation serait tellement fascinante ! Félix se secoua. L’heure n’était pas aux tergiversions. Il fallait absolument qu’il retrouve ses amis. Cependant, hors de question de se mettre en route dans un état aussi lamentable. Tout ce qu’il y gagnerait, ce serait un affreux rhume. Le chat se délesta de sa veste et de son tee-shirt humides. Il tordit ses vêtements entre ses mains afin de les débarrasser du surplus d’eau avant de faire surgir de sa sacoche magique un artéfact semblable à un minuscule sèche cheveux, mais qui ne nécessitait aucune source d’alimentation extérieure. L’objet balança une puissante vague de chaleur qui sécha instantanément le pelage mouillé de l’aventurier.
Jackpot bondit sur ses pattes dans un miaulement. Il n’aimait pas du tout ce truc ! Le souffle était beaucoup trop puissant, il allait s’envoler si jamais on le pointait dans sa direction ! Quand Félix se tourna vers lui, il essaya de lui échapper, mais l’écrivain ne l’entendait pas de cette oreille. Il attrapa le chaton qu’il cala dans ses bras.   
-       Tu n’y échapperas pas, mon petit père. Tiens-toi tranquille, le courant n’est plus aussi fort, maintenant.
Quand la vague de chaleur s’abattit sur lui, Jackpot cracha et se mit à se débattre. Il détestait ça !


Quand il fut enfin sec, Félix accepta de le reposer à terre. Le chaton s’ébroua, mécontent. Avec ces bêtises, son pelage avait au moins doublé de volume. Son air mécontent fit rire l’écrivain. Ce dernier s’empressa de se rhabiller et de visser son chapeau sur son crâne. Il était temps de se remettre en route. Il attrapa Jackpot qu’il cacha à l’intérieur de sa veste.
-       Allons-y, bonhomme… Il est temps de retrouver nos amis.

*

Quand Bendy avait repris connaissance, la première chose qu’il avait remarqué, c’était que son frère n’était plus à ses côtés. Il se redressa péniblement, le corps parcouru d’éclairs douloureux. Bon sang, quelle chute… C’est alors qu’il s’aperçut qu’il n’était pas seul. Non loin de lui gisait Cuphead, évanoui. Le mécanicien se précipta vers lui, la trouille au ventre. Il se mit à secouer son ami et à l’appeler, inquiet. Mais le frère de Mugman ne semblait pas revenir à lui. Non, non… 
-       Allez… suppliait-il. Ne me fais pas ça maintenant… 
Enfin, les paupières du nervi du Diable frémirent. Tout à coup, il roula sur le côté pour tousser et expulser toute l’eau qu’il avait avalé. Bendy poussa un soupir de soulagement. Merci mon dieu… Pendant un moment, il avait vraiment cru que son compagnon de route y était passé !
Cuphead se releva sur un coude. Sa tête lui envoya un affreux élancement. Merde, ça faisait mal !
-       Ça va, mec ? l’interrogea le malade.
-       Oh, ma saleté de tête, grogna l’intéressé.


Les yeux de Bendy coururent sur son ami. Son cœur rata un battement en voyant une large fissure courir sous l’œil de Cuphead. La porcelaine avait du se briser sur les rochers lors de leur chute.   
-       Aïe… Ton visage… 
-       Qu’importe, répliqua le blessé. Juste, où est-ce qu’on est, par tous les diables ?
Cuphead voulut examiner leur nouvel environnement, mais tout était flou autour de lui. Il porta sa main à son œil abîmé, mais retira aussitôt ses doigts dans une grimace. Quand il y touchait, la douleur était insupportable ! Ses paupières avaient gonflé de façon alarmante. Il devait avoir un bel œil au beurre noir… A cette vue, Bendy le questionna de nouveau :
-       Sérieusement, Cups, ton œil va bien ?
-       Tout est flou, mais je suppose qu’il fonctionne encore… Où sont les autres, de toute manière ?
Les autres, oui, bon sang, les autres ! Mugman et Félix étaient certainement quelque part dans cette grotte, eux aussi. Bendy ne se faisait pas réellement de souci pour eux, tous deux savaient parfaitement se défendre, mais ce n’était pas le cas de Boris… Il fallait le retrouver au plus vite.
-       Une chose est sûre, ils ne sont pas dans les environs, indiqua le mécanicien. On ferait mieux de partir à leur recherche.  
Cuphead n’aimait pas l’admettre, mais l’autre nain avait raison. Il se redressa doucement, assailli de vertiges. Bon sang… Cela lui apprendrait à se lancer dans des quêtes complètement saugrenues ! Plus vite il aurait mis la main sur la pièce, plus vite il pourrait enfin se débarrasser de l’épée de Damoclès qui pesait sur sa nuque et celle de son benjamin. Mais, pour cela, il devait déjà retrouver son petit frère.
-       Muuugs ! Jackpot ! appela-t-il en portant ses mains devant sa bouche en guise de mégaphone.
Bon sang, avec sa blessure, il n’y voyait goutte ! Il fallait qu’il fasse attention à où il mettait les pieds… A peine cette pensée eut-elle traversé son esprit qu’il se heurta de plein fouet à un pilier naturel de la grotte.

 
Bendy porta sa main devant sa bouche pour tenter, vainement, d’étouffer le rire qui lui montait aux lèvres. Il recommanda, une moue moqueuse sur le visage, à son ami de faire attention à lui, ce à quoi Cuphead ne répondit que par un grommellement quasiment incompréhensible.
-       Toi, ce dont tu aurais besoin, c’est d’une infirmière, décréta le mécanicien. Tout le monde en a besoin d’une, après tout. Une très sexy !
Le frère de Mugman refusa de répondre, mains dans les poches. Néanmoins, très vite, des rougeurs apparurent sur ses joues de porcelaine. Cette brusque carnation attira aussitôt le regard du malade. Oh, oh ! Mais dis donc, ce cher Cuphead ne serait-il pas en train de rougir ? Il lui asséna un solide coup de coude dans le bras, amusé par son comportement.
-       Héééé, c’est quoi ce regard, Cup ? Tu as quelqu’un en tête ? le taquina-t-il, un immense sourire aux lèvres.
-       C… Ce n’est rien, bredouilla l’intéressé en détournant la tête. Ferme-la.
Quelqu’un en tête ? Bien sûr qu’il avait quelqu’un en tête. Dès que Bendy avait évoqué le mot « infirmière », la jolie Fanny lui était revenue en mémoire, avec ses mouvements brusques et ses longues leçons de morale.


Bien sûr, elle avait sauvé son frère, mais, à ses yeux, elle demeurait une pétasse autoritaire. C’était pourquoi Cuphead ne parvenait à comprendre comment il avait pu tomber amoureux d’elle… Cela n’avait aucun sens ! Le nervi du Diable fut tiré de ses pensées par un Bendy des plus curieux qui essayait absolument de savoir à qui il pouvait penser.
-       Allez, dis-moi !
-       Va te faire voir, Bendy, répliqua sèchement son interlocuteur.

*

D’ailleurs, qu’étaient devenues nos deux petites infirmières ? Ces dernières se trouvaient sur leur lieu de travail, face à un panneau d’affichage. Elles observaient les dernières annonces sans mot dire, jusqu’à ce que l’une d’entre elles attire leur attention. Il s’agissait d’une petite annonce pour un animal qui aurait disparu. Une photo était épinglée au-dessus d’un numéro de téléphone, celle d’un félin au pelage bicolore qui était furieusement familier à Fanny.
-       On dirait le chat de Minnie, fit-elle remarquer à sa collègue. Tu sais, l’amie de Daisy.
-       Oh, pauvre petit, murmura Dovil. J’irais me joindre aux recherches dès que j’aurais fini mon service !
-       Je viendrai avec toi, alors.


L’oiselle écarquilla les yeux, soufflée. Son amie, la terrible infirmière connue par tous pour son égoïsme, voulait l’aider à retrouver cet adorable bout de chou ? Comme quoi, tout arrivait !
-       Vraiment ? insista-t-elle, ravie.
-       Oui, pourquoi pas, rétorqua la lapine dans un soupir.
Après tout, plus elle se tenait loin de cette maison, mieux elle se porterait. Son œil n’avait pas encore dégonflé, c’est pourquoi elle avait du venir ce matin à l’hôpital avec ses lunettes de soleil. Brute ne l’avait pas ratée, cette fois-ci ! Tiens, quand on parlait du loup, d’ailleurs. Son cher mari venait dans leur direction. Son bras gauche était immobilisé dans une attelle. Qu’avait-il encore fait, lui… ?
-       Oh, ma tarte au sucre ! minauda-t-il.
Dovil retint un grognement juste à temps. Encore ce salaud… 
-       Oh, un autre accident au travail, chéri ? lui demanda Fanny, faussement peinée.
-       Oui, mais ne t’en fais pas, ton mari peut tout endurer ! répondut Brute.
Comme si elle s’inquiétait pour lui… Sa collègue, de son côté, semblait assez satisfaite. Un « Bien fait ! » jubilant se lisait sur son visage. Le bras valide de Brute s’enroula autour des épaules de la lapine pour l’attirer auprès de lui.
-       Tu leur diras d’y aller doucement avec moi pour la facture, n’est-ce pas ? lui susurra-t-il en lui faisant de grands yeux tristes afin de l’attendrir.
-       Parle juste au Docteur Pup, répondit la lapine, il te fera une feuille de soins pour le remboursement.
-       Merci, bébé !
Il lui colla un énorme baiser sur la joue en guise de remerciement. Fanny se laissa faire, un frisson de dégoût coincé dans le bas de la colonne vertébrale. Le contact avec cet homme la dégoûtait…

 
Puis le regard de son mari courut sur ses épaisses lunettes qui dissimulaient à la perfection les marques de son dernier accès de violence.
-       Bonne idée, les lunettes de verre fumé, lui chuchota-t-il. Comme ça, personne n’a a supporté cette merde. Garde-les jusqu’à ce que tu sois de nouveau regardable. Je ne veux pas que quelque croie que je me suis marié à un troll.
-       C’est l’idée, répondit sa femme sur le même ton étouffé.
Il y a longtemps, fort longtemps, Fanny n’aurait jamais laissé aucun homme lui parler ainsi. Mais cette époque était si lointaine, désormais, qu’elle doutait de son existence. Avait-elle vraiment été la femme forte et fière qu’elle percevait parfois dans la toile de fond de sa mémoire ? Aujourd’hui, cela lui paraissait si peu probable.
Brute lui envoya une solide claque à l’arrière du crâne qui faillit faire sauter ses lunettes de son nez. 
-       Bon, salut, mesdames ! cria-t-il avant de se sauver, tel un voleur.
Dès qu’il fut hors de son champ de vision, Dovil lui tira magnifiquement la langue. Elle se pencha sur l’épaule de son amie, furieuse.
-       Qu’est-ce qu’il te disait, c’lui-là ? grogna-t-elle.
-       Ce n’est pas important, répondit Fanny.
Non… Ce n’était pas important. Plus grand chose avait de l’importance, de toute manière. L’infirmière fit signe à son amie de la suivre. Autant se mettre au travail.
Là, au moins, elle n’aurait plus à penser.

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